André Verchuren reçoit une lampe de mineur

09 septembre 1962
02m 29s
Réf. 00008

Notice

Résumé :

André Verchuren accompagné d'une formation de jeunes accordéonistes d'Hénin-Liétard est interviewé par Pierre Célie. André Verchuren a fait ses débuts à Hénin-Liétard (aujourd'hui Hénin-Beaumont) où son père, ancien mineur, tenait une école d'accordéon. Un jeune accordéoniste lui offre une lampe de mineur. Il joue "La valse de la forêt" qu'il dédie aux mineurs.

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Date de diffusion :
09 septembre 1962
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Éclairage

Né dans une famille de mineurs du Bassin du Nord-Pas-de-Calais, le célèbre accordéoniste, éduqué à la musique dès son plus jeune âge par son père, lui-même mineur, puis accordéoniste professionnel et dont l'école forma de nombreux jeunes de la région, revient en 1962 dans la Bassin minier pour jouer, à Hénin-Liétard ( aujourd'hui Hénin-Beaumont) devant un parterre de musiciens en herbe, l'une de ses compositions, "La valse de la forêt", qu'il dédie à tous les mineurs. En hommage au virtuose, une lampe de houilleur lui est offerte. Ce bref extrait, au cours duquel André Verchuren et les jeunes accordéonistes du bassin minier vont à la rencontre les uns des autres, est évocateur de deux éléments incontournables de la vie de la communauté minière : la lampe du mineur sans laquelle celui-ci ne peut travailler, donc produire pour gagner sa vie et celle de sa famille, et à laquelle il porte une attention et un attachement particulier, d'une part, la musique et sa pratique en amateur, d'autre part.

La lampe constituent dès l'origine un des équipements de base du mineur, elle est la compagne permanente de l'ouvrier du fond. Jusque dans les années 1810, qui voient la mise au point de la lampe portant le nom de son inventeur le britannique Humphrey Davy (1778-1829), les mineurs descendent dans les galeries porteurs d'un éclairage à feu nu, ce qui présente des dangers considérables d'inflammation des poussières de charbon ou du grisou. Les lampes, dont la flamme sera de mieux en mieux protégée de l'air ambiant, seront par la suite rangées, à la "remonte" lorsque le mineur, sa journée finie, est sur le chemin du retour, à la lampisterie où travaillent de jeunes filles. Chaque lampe porte un numéro qui permet de tenir un compte précis des ouvriers qui sont au fond à un moment donné. Elle est ainsi doublement au service de la sécurité du mineur. Le présent fait à Verchuren, musicien fils de mineur, est donc particulièrement symbolique. Par ailleurs, à l'époque, c'était une tradition d'offrir une lampe à des personnalités (Présidents de la République, ministres, artistes...) à l'occasion de leur visite à la mine ou dans le Bassin. Le Général de Gaulle en avait reçu 14, que l'on peut voir au musée de La Boisserie.

La musique, quant à elle, est arrivée dans les bassins miniers dans un contexte de développement de la musique populaire, en France, dans les années 1830-1840 et du maintien de la tradition du chant villageois. Des sociétés musicales, des chorales, des orphéons et autres fanfares, naissent et se multiplient dans le bassin minier, au cours des dernières décennies du XIXe siècle. Des sociétés musicales sont fondées parallèlement par les compagnies et par les organisations syndicales. Les ouvriers qui y participent bénéficient d'avantages importants, par rapport à leurs camarades : formation musicale, allégement de la charge de travail, récompenses diverses, voyages et ouverture sur le monde extérieur. La musique est considérée par le patronat comme un facteur de pacification sociale et par les syndicats comme un élément de la politique dite de "culture pour tous".

André Verchuren représente une autre facette, tout aussi importante dans la région, celle des fêtes et des bals populaires. Jeune prodige il a touché ses premiers cachets à six ans en animant des bals et en 1936, à douze ans, il reçoit la coupe du monde d'accordéon des mains du roi de Belgique. Héros de la Résistance, il est déporté à Dachau. A son retour, il enseigne l'accordéon et anime des bals dans l'Oise, son département de naissance. C'est à partir des années 50 que son extraordinaire carrière débute. Il va enchaîner galas et récompenses tout en écrivant plus de 300 œuvres et en animant émissions de radio et de télévision.

Il reste le plus célèbres des accordéonistes français. Il a enregistré des centaines d'albums et plusieurs éditions vidéo, vendus à plus de 80 millions d'exemplaires, un record !

Diana Cooper-Richet

Transcription

Pierre Célie
Eh bien voyez-vous, André Verchuren, c’est une des 200 écoles d’accordéon de notre région que vous venez de voir, ce sont des élèves d’Hénin-Liétard et de la région mais je pense que Hénin-Liétard, ça vous dit quelque chose ?
André Verchuren
Certainement puisque c’est à Hénin-Liétard et à Lens que j’ai fait mes débuts d’accordéoniste.
Pierre Célie
Bon alors, c’est un petit accordéoniste, un des plus jeunes qui va maintenant venir vous dire un petit mot, surtout vous offrir quelque chose. Le voilà, tiens, du reste.
Intervenant
Monsieur André Verchuren, au nom de tous les petits accordéonistes des mines, je vous offre cette lampe de mineur.
André Verchuren
Eh bien, je voudrais que tu dises merci à tous tes petits camarades accordéonistes pour moi, et vous voyez, Pierre, je suis à la fois heureux et ému parce que cette lampe de mineur me fait penser à mon père ; car mon père est un ancien mineur, ancien mineur et accordéoniste aussi.
Pierre Célie
Ça, je m’en doute.
André Verchuren
Mais, si vous le permettez, je vais vous la confier quelques instants.
Pierre Célie
Oui.
André Verchuren
Je dis bien quelques instants car je pense la mettre en bonne place chez moi. Et maintenant je vais m’adresser à tous les mineurs et leur offrir une valse que j’ai intitulée La Valse de la Forêt .
(Musique)