Concours de lâchers de pigeons

05 novembre 1961
03m 05s
Réf. 00038

Notice

Résumé :

Ce sujet est consacré aux concours de pigeons. On assiste au transport et au lâcher de pigeons. Dans son colombier, un "coulonneux" écoute le bulletin de renseignement colombophile de radio Lille. Puis Christiane Rabiega se rend chez Monsieur Vicard qui attend ses pigeons. Quand ils arrivent, il récupère la bague qui sera insérée dans un étui (le constateur) qui attestera de l'heure d'arrivée.

Type de média :
Date de diffusion :
05 novembre 1961
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Activité de loisir, la colombophilie se décline également sous une forme compétitive, pouvant s'apparenter à une véritable pratique sportive. Organisés depuis le XIXe siècle, les concours de vitesse consistent à lâcher les pigeons en un point donné et mesurer le temps qui s'écoule jusqu'à leur retour au pigeonnier. Cette pratique très prisée en Belgique se développe en France à la fin du siècle tout particulièrement dans le Bassin minier parallèlement à la construction de lignes de chemin de fer autour des nouvelles infrastructures industrielles. Le train étant un moyen rapide pour transporter les pigeons concurrents à plusieurs centaines de kilomètres parfois, comme on peut le voir au début de cet extrait. A leur arrivée, les pigeons sont lâchés à même le quai (1).

La première bague en caoutchouc, servant à identifier chaque animal, date de 1888 et l'appareil d'enregistrement de l'heure d'arrivée (le constateur) de 1897.

Les deux Guerres mondiales n'ont pas entamé la pratique de la colombophilie et des concours chez les mineurs. Une loi d'octobre 1946 fixe le principe d'indemnisation des dommages de guerre sur les pigeons et grâce à des couples d'oiseaux cachés pendant l'occupation et à la solidarité des colombophiles Belges et Français, dès 1947 des équipes peuvent être constituées.

Cette pratique populaire est relayée jusque dans les années 1970 par la presse et la radio comme on l'entend ici avec les bulletins de Radio Lille.

Il appartient au "coulonneux" d'élever, dresser, entraîner et sélectionner par le jeu des croisements des espèces et la généalogie, ses futurs champions tout au long de l'année. Il les prépare aux différentes épreuves se déroulant généralement pendant quatre mois à partir d'avril lorsque les conditions météorologiques sont les plus favorables.

Les pigeons sont sélectionnés soit pour leur vitesse sur une courte distance, soit pour leur endurance sur de longues distances. Ils sont alignés sur des distances pouvant aller de 250 kms (vitesse) à plus de 800 kms (épreuve de grand fond). Le coulonneux que l'on voit attendre, a des pigeons qui sont partis de Dax, soit à près de 900 km de leur pigeonniers d'origine.

Si les gains sont minimes et si les épreuves (à la différence des combats de coqs) ne font pas l'objet de paris, l'entretien d'une écurie de champions représente un réel investissement financier pour le mineur, en même temps qu'une contrainte pour sa famille : lors de la saison sportive, l'univers domestique se trouve en effet complétement phagocyté par le temps des courses, de la surveillance de la colonie et de l'attente du retour au colombier.

Le reste du temps, il faut soigner et nourrir ses oiseaux. Ainsi, le colombophile l'est durant les 365 jours de l'année. Avec le développement de nouveaux loisirs dans les années 60, l'accès aux vacances et la démocratisation de l'automobile, l'attrait pour la colombophilie a eu tendance à s'amenuiser. Cependant nombre de retraités, leurs enfants et petits enfants, continuent encore à pratiquer ce loisir particulièrement dans l'ancien Bassin minier.

(1) A la fin des années soixante on effectuera les transports par la route dans des camions équipés plus confortables pour les pigeons et pouvant se déplacer avec plus de souplesse dans les lieux de lâchers.

Olivier Chovaux

Transcription

Présentateur Radio Lille
Ici, Lille, radio diffusion télévision française.
Présentatrice Radio Lille
Voici le troisième bulletin de renseignement colombophile, communiqué par la fédération et établi avec le concours de la station météorologique de Lille Lesquin. Les pigeons voyageurs du Nord et du Pas-De-Calais ont été lâchés par beau temps, vent généralement calme, aux heures suivantes. A Chantilly à partir de 6 heures. A Louvres et à Poitiers à partir de 6 heures 30. A Melun à partir de 7 heures. A Survilliers à partir de 7 heures 15. C’était le troisième bulletin de renseignement colombophile communiqué par la fédération et…
(Musique)
(Bruit)
Christiane Rabiega
Monsieur [Vicard], sur quel concours avez-vous joué aujourd’hui ?
Intervenant
Alors le Chantilly aujourd’hui, Radio Lille vient de m’annoncer qu’elle a lâché les pigeons vers 6 heures.
Christiane Rabiega
Vers 6 heures, donc vous les attendez à partir de quelle heure ?
Intervenant
J’attends les pigeons vers 8 heures 10, 8 heures 15.
Christiane Rabiega
8 heures 15 ? Et comment faites-vous dans ce cas ?
Intervenant
J’ai calculé, on compte 1 kilomètre à la minute, mais d’après le vent du sud, ils vont faire 100 à 150 aujourd’hui.
Christiane Rabiega
Et s’il faisait mauvais alors ?
Intervenant
S’il faisait mauvais alors, maintenant que voulez-vous, il faudra attendre plus longtemps le concours, je dirais peut être une demi-heure, 20 minutes.
Christiane Rabiega
Mais dites-moi, je vois quelque chose là qui vole. Ce ne sont pas des pigeons ?
Intervenant
Ben là, c’est Arras qui a lâché d’assez bonne heure, c’était des pigeons belges qui passent, tout le groupe et voyez-vous, des paniers entiers, vous voyez ?
Christiane Rabiega
Et comment reconnaissez-vous vos pigeons ?
Intervenant
Tant soit peu ce n’est pas toujours moi qui suis servi en premier, mais que quand on voit piquer un chez l'camarade, on dit, tiens, ils sont là, alors là, je me tiens prêt.
Christiane Rabiega
Oui, et que faites-vous alors quand vient votre pigeon ?
Intervenant
Au pied de l’échelle, alors si je vois un pigeon,je prends ma boîte à grains, je reconnais bien que c’est à moi parce que [inaudible].
(Bruit)
Christiane Rabiega
Il suffit pour les appeler ?
Intervenant
Oui.
Christiane Rabiega
Mais dites-moi, avant que vienne, qu’arrive votre pigeon, vous devez certainement éprouver quelques émotions ? Qu’est-ce que vous éprouvez ?
Intervenant
Ça fait toujours quelque chose, même quand on a un pigeon qui arrive tout de suite, tout de suite, le cœur un tant soit peu, hein !
Christiane Rabiega
Oui, nous allons admettre que le pigeon est arrivé, maintenant que faites-vous alors ?
Intervenant
Alors, à ce moment-là, [inaudible], je monte au pigeonnier.
(Bruit)
Christiane Rabiega
Monsieur [Vicard], lorsque vous avez récupéré la bague, qu’est-ce que vous en faites ?
Intervenant
Et bien, je mets la balle dans un étui, puis je constate.
Christiane Rabiega
Et ensuite, vous pouvez retirer la bague ou elle est enfermée ?
Intervenant
Non, je ne peux pas retirer la bague, c’est le chef régleur qui est responsable, c’est lui qui va dépouiller l’appareil.
Christiane Rabiega
C’est donc lui qui doit contrôler alors ?
Intervenant
Contrôler.
Christiane Rabiega
C’est en quelque sorte une sorte de mouchard ?
Intervenant
Oui. Oui.