Concours de lâchers de pigeons
Notice
Ce sujet est consacré aux concours de pigeons. On assiste au transport et au lâcher de pigeons. Dans son colombier, un "coulonneux" écoute le bulletin de renseignement colombophile de radio Lille. Puis Christiane Rabiega se rend chez Monsieur Vicard qui attend ses pigeons. Quand ils arrivent, il récupère la bague qui sera insérée dans un étui (le constateur) qui attestera de l'heure d'arrivée.
Éclairage
Activité de loisir, la colombophilie se décline également sous une forme compétitive, pouvant s'apparenter à une véritable pratique sportive. Organisés depuis le XIXe siècle, les concours de vitesse consistent à lâcher les pigeons en un point donné et mesurer le temps qui s'écoule jusqu'à leur retour au pigeonnier. Cette pratique très prisée en Belgique se développe en France à la fin du siècle tout particulièrement dans le Bassin minier parallèlement à la construction de lignes de chemin de fer autour des nouvelles infrastructures industrielles. Le train étant un moyen rapide pour transporter les pigeons concurrents à plusieurs centaines de kilomètres parfois, comme on peut le voir au début de cet extrait. A leur arrivée, les pigeons sont lâchés à même le quai (1).
La première bague en caoutchouc, servant à identifier chaque animal, date de 1888 et l'appareil d'enregistrement de l'heure d'arrivée (le constateur) de 1897.
Les deux Guerres mondiales n'ont pas entamé la pratique de la colombophilie et des concours chez les mineurs. Une loi d'octobre 1946 fixe le principe d'indemnisation des dommages de guerre sur les pigeons et grâce à des couples d'oiseaux cachés pendant l'occupation et à la solidarité des colombophiles Belges et Français, dès 1947 des équipes peuvent être constituées.
Cette pratique populaire est relayée jusque dans les années 1970 par la presse et la radio comme on l'entend ici avec les bulletins de Radio Lille.
Il appartient au "coulonneux" d'élever, dresser, entraîner et sélectionner par le jeu des croisements des espèces et la généalogie, ses futurs champions tout au long de l'année. Il les prépare aux différentes épreuves se déroulant généralement pendant quatre mois à partir d'avril lorsque les conditions météorologiques sont les plus favorables.
Les pigeons sont sélectionnés soit pour leur vitesse sur une courte distance, soit pour leur endurance sur de longues distances. Ils sont alignés sur des distances pouvant aller de 250 kms (vitesse) à plus de 800 kms (épreuve de grand fond). Le coulonneux que l'on voit attendre, a des pigeons qui sont partis de Dax, soit à près de 900 km de leur pigeonniers d'origine.
Si les gains sont minimes et si les épreuves (à la différence des combats de coqs) ne font pas l'objet de paris, l'entretien d'une écurie de champions représente un réel investissement financier pour le mineur, en même temps qu'une contrainte pour sa famille : lors de la saison sportive, l'univers domestique se trouve en effet complétement phagocyté par le temps des courses, de la surveillance de la colonie et de l'attente du retour au colombier.
Le reste du temps, il faut soigner et nourrir ses oiseaux. Ainsi, le colombophile l'est durant les 365 jours de l'année. Avec le développement de nouveaux loisirs dans les années 60, l'accès aux vacances et la démocratisation de l'automobile, l'attrait pour la colombophilie a eu tendance à s'amenuiser. Cependant nombre de retraités, leurs enfants et petits enfants, continuent encore à pratiquer ce loisir particulièrement dans l'ancien Bassin minier.
(1) A la fin des années soixante on effectuera les transports par la route dans des camions équipés plus confortables pour les pigeons et pouvant se déplacer avec plus de souplesse dans les lieux de lâchers.