Les églises : patrimoine des Houillères
Notice
Reportage sur les églises appartenant aux Houillères du Nord Pas-de-Calais. Celle-ci n'ont plus l'obligation de les entretenir et les communes ne veulent pas les prendre à leur charge. Certaines sont à vendre. L'abbé Van Hove se demande quel usage pourrait-on faire d'une église ?
Éclairage
Cet extrait d'un reportage de 1972 pose la question des églises, partie du patrimoine minier du bassin car elles ont été pour la plupart construites par les compagnies minières. L'extrait est divisé en trois parties : une première campe le sujet du patrimoine religieux des houillères sur fond d'églises et de chevalements (improprement appelés "chevalets" dans le commentaire (1) ) ; une seconde est constitué d'une interview de l'abbé Van Hove dans son église, sur la question du devenir des églises ; une troisième, enfin, revient en plan extérieur.
Les 6 églises présentées en première partie de l'extrait sont presque toutes associées à un chevalement, osant une analogie entre ce dernier et le clocher. Cela illustre les liens très forts entre le paternalisme et la religion catholique, ressentie parfois comme inféodée au patronat. Les églises faisaient donc partie du système global de la mine, comme les cités ouvrières, les écoles ou encore les coopératives. Bâtiments hautement symboliques, elles ont pu faire l'objet d'attentions architecturales particulières et donc être construites par des architectes de renom. Ainsi, l'église Sainte-Barbe de la cité n°1 (compagnie de mines de Vicoigne, Nœux et Drocourt) à Nœux-les-Mines a été construite par l'architecte C. Moyaux, grand prix de Rome. D'autres sont adaptées à la population locale, notamment polonaise, comme celle de Notre-Dame-des-Mineurs à Waziers, bâtie dans les années 1920 par Louis-Marie Cordonnier avec une architecture s'inspirant à la fois des églises polonaises et d'une galerie de mine.
Sur les 6 églises présentées, seules trois ont pu être identifiées, ce qui s'explique à la fois par la brièveté des plans et par la destruction possible de certaines églises en raison de leur dégradation :
- la première visible est l'église de la cité 16-3 du Nouveau Monde à Bruay-en-Artois ; elle est rattachée à la fosse n°6 de la Compagnie des mines de Bruay, dont au voit le chevalement au début de l'extrait au bout de l'avenue des Fleurs (sur la commune de Haillicourt) bordée par la Cité du même nom, coron bâti en 1913. L'ensemble est inclus dans le périmètre classé par l'UNESCO ;
- la quatrième église visible est l'église Saint-Vaast de la cité Desaix à Loos-en-Gohelle dont la toiture, refaite en 2013, est aujourd'hui couverte de panneaux solaires ;
- la dernière visible, vue de l'arrière, est l'église Saint-Edouard de la cité n°12 à Lens, liée la fosse 12, située sur la commune de Loos-en-Gohelle et dont le chevalement est montré juste avant église. Construite en 1922 sur l'emplacement d'une église bâtie en 1899 et détruite en 1917, elle suit les plans de l'architecte L.-M. Cordonnier qui l'a doté d'une flèche particulièrement haute et élancée.
L'extrait se poursuit ensuite avec une rapide interview, dans son église, de l'abbé Van Hove qui est interrogé sur le devenir des églises. La question se pose en effet à la date du reportage car, fin 1971, l'obligation d'entretenir les 52 églises dont Charbonnages de France avait hérité avec la nationalisation de 1946, tombe. Or, les Trente Glorieuses ont encore renforcé la déchristianisation d'un bassin où la décrue religieuse est déjà ancienne, en raison des liens reprochés entre l'Église et le patronat et malgré les nuances liées aux origines étrangères d'une partie de la population (les Polonais ont longtemps été plus pratiquants). Si les cérémonies religieuses rythmant la vie sont encore prisées (on distingue à la toute fin de l'extrait une procession de la confrérie des Charitables lors d'un enterrement), la pratique régulière faiblit fortement et les églises se vident. Les bâtiments ne peuvent être tous maintenus en activité, ni par les communes, ni par l'évêché qui ne s'en portent donc pas acquéreur. Le journaliste établit un parallèle avec les écoles qui, en raison de leur utilité sociale immédiate, ont été tout de suite reprises par l'Éducation Nationale. Ainsi, certaines églises, dégradées, ont été détruites, comme celle de la cité de Clarence à Divion en 1991, affectée de plus par des affaissements miniers ; d'autres ont été transformées en centre culturel, comme l'église Sainte-Barbe de la cité des Alouettes à Bully-les-Mines, devenu centre culturel Jean Macé.
Après l'interview de l'abbé Van Hove, un dernier plan extérieur lie chevalement, école et église autour de la rue de la Rochefoucauld à Lens. On y distingue le chevalement de la fosse n°9 (devenue le Louvre-Lens), les écoles de la cité n°9 et le reflet, dans une flaque d'eau, du clocher de l'église Saint-Théodore, reconstruite dans les années 1920 (après destruction durant la première guerre mondiale) selon les plans de l'architecte L.-M. Cordonnier et incluse, comme l'école, dans le périmètre classé par l'UNESCO.
(1) Il existe différents types de chevalements, certains étant composés d'un corps de bâtiments comportant la machine d'extraction. On aperçoit dans les paysages miniers les "tours" en bois, brique, métal ou béton supportant les molettes qui actionnent les câbles d'extraction reliés aux cages. Nombre d'habitants du Nord-Pas-de-Calais et de journalistes dans leurs commentaires, utilisent dans le langage courant le terme de "chevalet" pour cette partie là.