Les anciens corons de Denain et Escaudain
Notice
A Denain, les corons ont été détruits et remplacés par une esplanade occupée par un parking qui, selon le commentateur, sera plantée d'arbres. Les cités d'habitation ont été déplacées à la campagne. Interview d'un habitant qui a choisi de venir habiter "par la force des choses" dans une de ces cités à Haulchin . Autour d'Usinor à Escaudain, subsistent des corons vétustes construits par la Compagnie des mines d'Anzin. Interview d'une femme habitant au pied de l'usine et qui s'y trouve bien.
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Éclairage
Cet extrait de "La France défigurée" s'inscrit dans un contexte d'amélioration de l'habitat et des paysages liés ici à l'industrie plus qu'à la mine. Le commentaire insiste sur la nécessité et les bienfaits de la destruction des cités anciennes et leur remplacement par des cités nouvelles mieux situées. Il s'articule autour de deux interviews, le premier d'un habitant ayant déménagé d'une cité ancienne à une cité moderne, le second d'une habitante ayant refusé de quitter sa vieille cité.
L'extrait commence par une vue panoramique d'une place de Denain, au carrefour de rues Pierre Bériot, Arthur Brunet et de Villars, aménagée en parking à la place d'anciens corons détruits. La vue permet d'apercevoir une partie de la très importante usine sidérurgique Usinor s'étendant alors sur les communes de Denain, Escaudain et Lourches. On aperçoit aussi le terril 162 dit "Renard", dernier vestige d'une fosse qui fut visitée par Émile Zola en 1884 pendant la préparation de son Germinal. Les nombreuses automobiles présentes sur ce nouveau parking traduisent, en plus de la hausse du niveau de vie durant les Trente Glorieuses, l'évolution de la société vers moins de paternalisme et plus de liberté dans les déplacements.
La partie suivante de l'extrait, est l'interview d'un habitant des cités Usinor d'Haulchin, à un peu moins de 5km de l'usine Usinor. Ces nouvelles cités appartiennent à la génération d'après-guerre. Elles sont plus modernes et plus spacieuses, intégrant le confort moderne et sont disposées de façon un peu moins monotones que celles des générations précédentes. Elles sont loin de l'usine et de ses nuisances, dans une commune périphérique du bassin, sans fosse d'extraction minière et donc à l'ambiance rurale marquée. Cet éloignement est permis par une amélioration des transports (bus, automobile) qui permettent de détacher l'habitat ouvrier de l'usine. Si l'interviewé semble apprécier le confort moderne de cet habitat, il précise tout de même qu'il a déménagé car il n'avait pas eu le choix... La relative satisfaction qu'il exprime reste assez éloignée de l'enthousiasme que semble attendre le journaliste.
Le reportage continue ensuite, en contrepoint de l'interview précédente, à toute proximité de la partie nord-ouest de l'usine Usinor, sur la commue d'Escaudain qui accueille, depuis l'entre-deux-guerres, la partie hauts fourneaux de l'usine sidérurgique intégrée. Les vues de l'usine et des voies ferrées qui y aboutissent sont complétées par celles d'une cité qui semble être, au vu du type de maison et de leur orientation, la cité Bernard de Lourches, en bordure du site industriel d'Escaudain. L'interviewée, malgré la lourde insistance du journaliste, semble ne pas du tout regretter la situation de son habitat, accolée au terrain industriel. Le journaliste n'arrive pas à lui faire dire, malgré une question directe ("ce paysage, vous le trouvez beau ou pas"), ce qu'elle pense du paysage qui l'entoure. La question ne se pose en fait pas pour elle car "c'est son site". Cette réponse édifiante illustre le fait que le paysage, quel qu'il soit et quelle que soit la perception extérieure que l'on peut en avoir, fait partie de l'identité locale, de la culture locale, ce que le journaliste n'appréhende manifestement pas.
Enfin, le reportage finit sur des images misérabilistes de corons très anciens sur fond de parties de l'usine sidérurgique aux cheminées fumantes. Il s'agit donc, pour finir et malgré le "manque de clairvoyance", regretté par le journaliste, de certains habitants, de faire prendre conscience au spectateur, de l'insalubrité de cités ouvrières qui ont "défiguré la France".
Aujourd'hui, l'usine Usinor, fermée depuis 1983, est une friche partiellement réoccupée. Un parc d'activités a été créé sur la partie située sur Denain, tandis que le secteur d'Escaudain n'est que sommairement traité et végétalisé. L'ancienne emprise industrielle a néanmoins été réutilisée partiellement pour y implanter l'A21, bien nommée "rocade minière".