La construction d'un nouveau siège 11-19 à Loos-en-Gohelle

Ce court document diffusé en 1960, sur la construction d'un nouveau siège à Loos-en-Gohelle et d'une tour d'extraction moderne, évoque les concentrations.

La concentration consiste à rassembler l'extraction du charbon sur un minimum de fosses. Chaque siège d'extraction où le charbon est transporté à la surface s'accompagne de puits secondaires qui servent à descendre le matériel et les hommes (puis de service) et à l'aérage des galeries (puits d'aérage). La concentration a un inconvénient : elle rallonge les distances des transports souterrains, mais ceci est compensé par l'introduction de transports plus rapides. Elle permet par ailleurs de réduire les coûts d'extraction et d'améliorer le rendement général de la mine. Le rythme des concentrations a été très soutenu dans les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC) car le nombre de puits d'extraction passe de 114 à 40 en une vingtaine d'années.

La concentration du siège 19 de Lens introduit une nouveauté dans le paysage local. En effet, les chevalements traditionnels depuis le XIXe siècle sont des chevalements où l'ossature métallique est apparente. Chacun sait que les chevalements (ou chevalet ou "beffroi" dans le Nord) sont, au même titre que les terrils des marqueurs du paysage et de la mémoire des mines. Ici, le chevalement de la tour d'extraction est enchâssé dans un coffrage de béton armé. Les fonctions ne changement pas, ces nouveaux chevalements intègrent les molettes et les câbles ainsi que la machinerie des cages d'ascenseur. La substitution des chevalements métalliques par des chevalements en béton (1) renvoie à une question plus large : la compétition des matériaux acier et des matériaux béton dans la période de la modernisation. Une compétition où le béton a incontestablement marqué des points.

Le document précise que les anciens puits d'extraction de Lens avaient une quarantaine d'années de moyenne d'âge. Ils ont été construits à la Belle Époque par la Compagnie des mines de Lens (entre la fin du XIXe et la Première Guerre mondiale). Le nouveau siège 19 de Lens, construit en 1960, sera fermé en 1985. Sa durée de vie de vingt-cinq ans reflète le rythme général de la crise du charbon et celui de la fermeture des mines.

Classé aux monuments historiques en 1992, le site est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Depuis 1990, il accueille Culture commune une association intercommunale de développement artistique et culturel.

(1) La fosse Barrois et le 10 d'Oignies ont des tours similaires dans le Bassin minier.