Accident de la mine à Loos-en-Gohelle

14 avril 1971
01m 29s
Réf. 00144

Notice

Résumé :

Accident à la fosse 19 du groupe de Lens à Loos-en-Gohelle : quatre mineurs ont fait une chute de 120 mètres. Le directeur d'exploitation raconte les circonstances de l'accident.

Date de diffusion :
14 avril 1971
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )

Éclairage

La mine est un monde dangereux : les accidents sont nombreux, souvent graves, parfois mortels. Les catastrophes "majeures" - celle dite "de Courrières" en mars 1906 et ses 1 099 morts, celle de Liévin en décembre 1974 et ses 42 victimes - font figures de bornes témoins du XXe siècle et demeurent gravées dans la mémoire collective des mineurs et au-delà, de l'opinion publique. Il en est pourtant nombre d'autres qui ne font la une des journaux (locaux ou régionaux bien souvent) que quelques jours en dépit de leur triste bilan. Pour le seul bassin du Nord-Pas-de-Calais, un relevé non exhaustif en recense une trentaine d'accidents importants et catastrophes (coups de grisou ou de poussière), ayant entraîné le décès de quelque 377 mineurs, en plus des 1 141 déjà cités. Mais c'est sans compter les accidents au quotidien, parfois mortels, dus souvent à des chutes de pierre, qui ont fait des centaines de victimes "anonymes" au cours des 150 ans d'exploitation charbonnière.

L'accident à la fosse 19 du groupe de Lens à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) en est un bon exemple. Quatre jeunes hommes de 22 à 34 ans sont victimes d'une chute "vertigineuse" de 120 m alors qu'ils se trouvaient sur une plate-forme mobile. Pas de danger manifeste dans cette opération qui consiste à démonter la tuyauterie qui a justement servi à bétonner et donc à sécuriser le puits pendant l'extraction charbonnière. Une enquête est diligentée par la direction pour en comprendre les causes, mais les éléments disponibles sont encore très limités, dans l'attente d'un examen du lieu du drame.

Ce regrettable accident de travail suscite une émotion qui se lit sur les visages massés derrière les grilles du site d'exploitation. A l'ombre fantomatique du terril et du chevalement du puits N° 11, les collègues, amis et proches des victimes pensent bien évidemment aux 9 orphelins, mais savent également que le danger, quotidien, les guette et les menace.

Matthieu de Oliveira

Transcription

Jean Pierre Férey
Le pays minier est une nouvelle fois en deuil. Quatre victimes encore ce matin, au 19 du groupe de Lens. Quatre hommes de 34, 33, 25 et 22 ans qui, après une chute vertigineuse de 120 mètres, sont morts laissant neuf orphelins. Les causes de l’accident sont encore mal connues ; mais laissons monsieur Cueillet, directeur de l’Exploitation de la houille nous en rappeler les circonstances.
Cueillet
Cet accident s’est produit alors que les quatre victimes se trouvaient sur un plancher mobile qui remontait dans le puits. Ce plancher mobile avait comme but de permettre au personnel de démonter pendant cette opération, et de remonter la tuyauterie ; qui avait servi à envoyer du béton pour bétonner les parois du puits.
Jean Pierre Férey
Mais comment peut-on expliquer cet accident ?
Cueillet
Et bien, l’enquête est en cours et je me garderai bien d’avancer pour l’instant une explication ; d’autant plus que les témoins indirects qui se trouvaient 100 mètres plus haut ; donc il y a des informations fragmentaires qu’il faudra donc visiter les lieux, ce qui va être fait incessamment. Mais notre première préoccupation, bien entendu, a été d’aller chercher les victimes et de les remonter au plus tôt.