Consultations préalables à la formation du gouvernement du général de Gaulle [MUET]

01 juin 1958
01m 32s
Réf. 00212

Notice

Résumé :
Ballet de voitures officielles dans la cour de l’Elysée à l’occasion des consultations menées par le président Coty préalables à la formation du gouvernement du général de Gaulle. Les différents leaders politiques dont François Mitterrand défilent devant les journalistes amassés en haut du perron et sur les marches.
Date de diffusion :
01 juin 1958
Source :
RTF (Collection: Non diffusé )

Éclairage

Les traces de François Mitterrand dans les archives télévisuelles de l’année 1958 sont rares. Il apparaît ici furtivement dans le dernier quart de l’extrait, à la sortie d’une consultation menée le 1er juin 1958 au palais de l’Elysée par René Coty, le second président de la Quatrième République, à l’occasion de la formation du gouvernement de Charles de Gaulle.

La vie politique de l’année 1958 est rythmée par l’évolution de la « question » algérienne. L’Algérie est en effet en proie à un désordre caractérisé par la guerre entre les nationalistes algériens et l’État français, ainsi que par la multiplication des attentats causés par les partisans de l’Algérie française.

Les gouvernements successifs échouent à régler le sort de ce qui est alors un ensemble de départements français. François Mitterrand, en tant que ministre de la Justice du gouvernement de Guy Mollet à partir de février 1956, a vu la situation se dégrader [voir ce document]. A la chute de ce dernier en mai 1957, il espérait alors être appelé à la présidence du Conseil mais il redevient simple parlementaire, à la tête du groupe UDSR.

Le mois de mai 1958 voit la situation basculer et les gouvernements se succéder en accéléré. A Alger, l’armée prend le pouvoir le 14 mai à la faveur de troubles populaires organisés par les partisans de l’Algérie française et les gaullistes, au moment de la nomination du gouvernement de Pierre Pflimlin qui démissionne le 28 mai. Charles de Gaulle - auréolé par son action à la tête de la France libre lors de la Seconde Guerre mondiale - parvient à s’imposer à partir du milieu du mois de mai comme le recours ultime. René Coty l’appelle au gouvernement le 29 mai. Le 1er juin, il est investi par l’Assemblée nationale à la présidence du Conseil.

A l’Elysée, les différents chefs de partis et les responsables politiques les plus influents défilent afin de participer aux négociations relatives à la formation du gouvernement. Sur les images, on aperçoit notamment d’anciens présidents du conseil comme Pierre Pflimlin, Guy Mollet, Antoine Pinay qui se rallient au général mais aussi Paul Ramadier ou Pierre Mendès France. Ces deux derniers ont manifesté leur réprobation face aux conditions d’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, poussé par l’armée, qui leur font craindre l’instauration d’un régime autoritaire, tout comme François Mitterrand qui a pris la tête de la contestation politique. Il a prononcé l’après-midi du 1er juin, à l’occasion du vote d’investiture, un discours d’opposant. Il y déclare notamment « [qu’]en droit, le général de Gaulle tiendra ce soir ses pouvoirs de la représentation nationale ; en fait, il les détient déjà du coup de force. »

François Mitterrand s’opposera par la suite à l’évolution institutionnelle voulue par le général de Gaulle avec la constitution de 1958 qui fonde la Cinquième République. Il publie ainsi en 1964 Le Coup d’Etat permanent où il dénonce les abus d'un gaullisme qui se traduit par un renforcement du pouvoir présidentiel, notamment depuis l’instauration de l’élection du chef de l’État au suffrage universel direct avec la révision constitutionnelle de 1962 [voir ce document].
Arthur Delaporte