L'école nationale de ski et d'alpinisme de Chamonix-Mont-Blanc
Notice
Ce reportage est consacré à l'ENSA (Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme) de Chamonix-Mont-Blanc. Cette école fondée en 1945 forme tous les professionnels de la montagne, lieu de formation unique au monde dont la pédagogie est basée en grande partie sur la pratique sur le terrain.
Éclairage
Ce reportage de l'édition régionale du journal télévisé de France 3 du 19 janvier 2009 s'inscrit dans une série dédiée aux sports de montagne. Ce premier épisode est consacré à l'École nationale de ski et d'alpinisme basée à Chamonix (ENSA). Il est construit autour du déroulement d'une journée qui commence par le petit déjeuner collectif, suivi de la préparation du matériel, du recueil des informations sur les conditions en montagne, l'accès aux pistes, la pratique et enfin le débriefing. L'ensemble est jalonné d'insertions visant à caractériser l'ENSA, ses missions et sa place originale. Débutant dans la salle de restauration de l'école, le téléspectateur est immédiatement plongé dans le quotidien. Nulle hiérarchie n'existe entre les personnels accueillis, seule la passion de la montagne guide celles et ceux qui y travaillent. La dimension très pratique de la formation est mise en avant dès la première minute du reportage permettant d'insister sur son caractère professionnalisant à l'inverse d'autres structures formant aux métiers du sport. Tout en soulignant la qualité de professeur symbolisé par une série d'indices (salle des professeurs, amphithéâtre, centre de documentation, etc.) qui permet de s'assurer de la compétence des formateurs, par l'intermédiaire de leurs qualifications, il est nécessaire de s'ancrer dans le réel. Théorie et pratique sont ainsi présentées comme les deux piliers de la formation qui se décline en fonction des métiers envisagés. Se situant dans une logique promotionnelle, l'ENSA, dans ce reportage, met en exergue, par la voie de son directeur ses atouts et ses mérites. Il s'agit d'inscrire une école nationale, finalement peu connue en dehors du cercle des initiés, dans la durée et dans son territoire au regard des besoins qui en légitiment l'existence. La référence à la fin du reportage à la possibilité de créer une université des sports de montagne insiste sur cette dimension présente dès son origine puisque, dès le début des années 1950, l'ENSA était affublée du titre de la « Sorbonne du ski ». En effet, le fondement de sa création se situe dans la formalisation d'une méthode française d'enseignement du ski développée dès 1937 par Emile Allais (1), Paul Gignoux (2) et Georges Blanchon (3). Cette activité étant difficile d'accès tout en étant essentielle pour s'assurer du développement économique des territoires de montagne, pour ses promoteurs, il faut créer les conditions de sa diffusion qui passe par un apprentissage rigoureux proposé au plus grand nombre et dispensé par des moniteurs professionnels. Dès 1937 est ainsi créée une École nationale du ski français qui constitue le fondement de l'ENSA officiellement créée le 1er janvier 1946. Initialement organisée essentiellement autour de l'enseignement du ski, elle va assurer sa réputation avec la formation des guides qui porte sa renommée internationale et qui retient l'attention à l'occasion des exploits comme des drames qui marquent l'histoire.
Élite, sélection, excellence ou expertise sont des termes qui jalonnent le reportage et ont pour fonction de caractériser une formation rigoureuse en s'attachant à former des professionnels de très haut niveau. Dans un contexte de concurrence à l'échelle européenne où la possibilité est donnée à des moniteurs ou des guides étrangers de prendre en charge des clients, cet aspect est un élément clé pour l'ENSA.
Effectivement, elle constitue un creuset de formation pour tous les métiers liés aux sports de montagne (moniteurs, guides, pisteurs, etc.) n'ayant pas d'équivalent au niveau international. Tout autant qu'institution de formation, l'ENSA se positionne également comme un espace d'innovation technique et technologique. L'exemple du caisson hyperbare est là pour rappeler le rôle important de l'ENSA dans le développement de l'exploration des sommets au-delà des frontières nationales. La mise en tension de l'image d'expertise médicale avec la plaque commémorative des professionnels décédés dans l'exercice de leur fonction est là pour insister sur la fonction vitale de l'ENSA. Le portrait du guide de haute montagne Philippe Magnin vise à souligner l'emprise du réel dans un domaine guidé par l'excellence. La sécurité constitue le fil directeur d'une organisation dominée par la rigueur et la précision au regard des contraintes et des exigences fixées par un environnement montagnard imprévisible et donc dangereux. Le cadre de la salle des professeurs avec un bruit de fond contraste avec le plan suivant cadrant les sommets à atteindre. La musique minérale comme les nuages menaçants mettent en scène une réalité qui doit conduire à la vigilance tout autant qu'au dépassement de soi. La technicité du discours de la monitrice est là pour souligner qu'il n'y a pas de place pour l'improvisation. Le sérieux, la rigueur et la précision doivent dominer pour offrir un cadre de pratique sécurisé. Il s'agit de transmettre aux apprentis-skieurs les fondamentaux d'une pratique considérée comme étant complexe qui ne peut laisser de place au hasard. Il ne s'agit pas de permettre au skieur de construire une technique propre mais bien de lui livrer des mouvements communs à tous afin de s'assurer de sa capacité à se confronter à l'univers montagnard. La présence des blousons rouges de l'École de ski français rappelle aux téléspectateurs les services offerts dans les stations et le lien indéfectible entre une structure de formation et une entreprise commerciale qui en régule l'offre.
(1) Champion du monde de ski
(2) Capitaine de l'équipe de France de ski
(3) Vice-président de la Fédération française de ski
Pour aller plus loin :
Attali, M. (dir.). L'ENSA à la conquête des sommets. La montagne sur les voies de l'excellence. Grenoble : PUG, 2015.