L'Afrat : association d'aide à la reconversion des montagnards
Notice
Reportage sur l'Afrat, Association pour la Formation des Ruraux aux Activités du Tourisme, qui propose aux ruraux des formations leur permettant de se reconvertir dans les métiers du tourisme. Celles-ci leur permettent de pouvoir conjuguer une double activité : agriculture et tourisme.
- Europe > France > Rhône-Alpes > Isère > Autrans
Éclairage
Comme son titre « Pour sauver le montagnard » le suggère, ce reportage présente le rôle d'un organisme, l'AFRAT (Association pour la Formation des Ruraux aux métiers du Tourisme), dans la reconversion des ruraux à la fin des années 60. Quelques cinq ans après sa création (1965) le journaliste pointe le rôle original de cette association créée par des agriculteurs du Vercors. Ces derniers, plus encore que les agriculteurs de plaine, connaissent des difficultés dans un secteur qui s'est profondément transformé depuis la Seconde Guerre mondiale mais que la PAC (Politique Agricole Commune), notamment en montagne, contribue à fragiliser. Il n'est pas indifférent que ce soit des ruraux de montagne qui aient eu cette initiative, habitués qu'ils sont à s'adapter, et qui ont su profiter des opportunités offertes par un tourisme de masse que les JO récents ont intensifiées.
D'ailleurs, la première image rappelle par la pancarte surmontée des anneaux olympiques que l'on se situe à Autrans, « la capitale du ski de fond » et un des sites majeurs des JO qui se sont déroulés l'hiver précédent. Les bâtiments filmés en arrière-plan et de manière allusive rappellent que le village s'est doté d'immeubles collectifs marqués par l'architecture des années 60, pour l'accueil d'un tourisme social (OCCAJ). D'autres constructions plus anciennes, maisons individuelles des années cinquante, attestent des précédentes modernisations liées à la reconstruction post Seconde Guerre, alors que les maisons traditionnelles (sur la première image) sont peu visibles et que les installations agricoles ont disparu de l'écran.
Comme le secteur agricole, ces agriculteurs (le terme de paysan est banni dans les années 60) doivent se reconvertir. Ces nouvelles activités sont évoquées dans ce sujet, au travers de quelques expériences figurées par des stagiaires et l'interview des responsables de la structure, notamment Jean Faure, président de l'association et futur sénateur. L'accent est mis sur la formation, un des points forts de l'AFRAT et qui le reste aujourd'hui. Cette formation s'inscrit dans la tradition des maisons familiales rurales, en phase avec les nouveaux diplômes des filières agricoles alors en plein renouvellement. Particularité sans doute liée à l'expérience de sociétés de montagne, les métiers proposés sont toujours doubles : accueil-secrétariat/ cuisine et gestion/ ski et BTP, entérinant une poly-activité classique qui ne date pas de l'implantation de cette structure, comme semble pourtant le laisser penser le journaliste et la personne interviewée. Certains commentaires du journaliste sont d'ailleurs en décalage avec les images. Ainsi un des agriculteurs présenté comme un des responsables de l'AFRAT, venu se reconvertir après « un coup du sort », pose en costume devant le box d'une écurie d'où émerge la tête de son cheval, très présent dans la scène, des images peu conformes à celle traditionnellement donnée du paysan montagnard. Les autres exemples attestent de ces reconversions réussies comme le moniteur de ski qui entraîne ses élèves sur des pistes peu damées (signe de l'époque) ou la monitrice ouvrant un centre d'accueil pour enfants. Les images illustrent ces activités (jeunes pratiquant l'équitation, jeunes jouant sur le terrain du centre de vacances ou encore vacanciers devant les immeubles de tourisme) pendant qu'en voix off la personne interviewée explique son parcours. L'une d'elles est questionnée de manière très directe par le journaliste, allant jusqu'à la mettre en difficulté. Le reportage fait la promotion de l'organisme en donnant les renseignements pour s'inscrire et les modalités de participation (« être rural »), tout en montrant la réussite des stagiaires et en atténuant les difficultés (elles se lisent dans les non réponses). La musique très allègre qui accompagne le reportage ou l'importance de la jeunesse filmée en arrière plan des témoins majeurs conforte cette impression de dynamisme qui préside au reportage. Les tenues vestimentaires de ces ruraux (costume de ville) sont significatives de la nouvelle image qu'ils veulent donner de leur vie, inscrite dans la modernité.
L'AFRAT, qui a reçu le soutien de la CCI ou des organismes de tourisme, est un bon exemple de la manière dont les habitants ont su adapter leur formation, leurs activités et saisir les opportunités pour construire une économique leur permettant de continuer à vivre dans des territoires devenus décalés et peu rentables dans une société urbanisée. Depuis, toujours située à Autrans, cette institution a élargi ses compétences en devenant un organisme à vocation nationale et internationale de formation pour l'espace rural, proposant toute la diversité des métiers inhérents au tourisme. Ceux liés à la montagne (créateur de chambres d'hôtes, gardien de refuge, accompagnateur de moyenne montagne, berger, ...) y figurent en bonne place.
Pour aller plus loin :
- Bulletin de la fédération française d'économie montagnarde (1964). Grenoble : imprimerie Allier, n° 13, 754p.
- Crises et mutations des agricultures de montagne (2003). Presses Universitaires de Clermont-Ferrand (Blaise Pascal) : publications du CERAMAC, n° 20.
- Simon Anthony (2002) La pluriactivité de l'agriculture dans les montagnes françaises, un territoire, des hommes, une pratique. Presses Universitaires de Clermont-Ferrand (Blaise Pascal) : publications du CERAMAC, n° 19.