Tourisme vert et chambres d'hôtes en montagne
Notice
Afin de survivre en montagne, en Haute Savoie, les agriculteurs ont une double activité. Ils se diversifient et investissent dans le tourisme rural au travers de gîtes ruraux, de camping à la ferme. Cette activité est autant appréciée par les ruraux que les touristes. Le tourisme vert a eu un réel impact sur l'exode rural et permet aux personnes de rester dans leur région natale. La Haute Savoie compte 1200 gîtes de France.
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Éclairage
Le reportage est issu d'une émission « La terre, les hommes » diffusée au journal télévisé du 14 février 1989. Il y présente le tourisme en milieu rural, identifié comme une ressource (le journaliste emploie la formule de « pétrole vert ») véritable « planche de salut » notamment pour une agriculture de petites exploitations familiales telles qu'on les rencontre en Haute Savoie et plus largement en zone de montagne. Ce tourisme qualifié donc de « vert » est présenté selon trois points de vue qui se complètent et éclairent chacun les intérêts des acteurs associés au développement de l'agritourisme dans les années 1980 (même si le terme n'est pas employé dans le film) :
Le point de vue de l'agriculteur est exprimé à travers le témoignage d'un « ancien », Michel Gachet, par ailleurs responsable départemental du tourisme rural. Ce retraité agricole, qui soutient encore activement le travail de son fils à qui il a transmis la ferme familiale fondée sur l'élevage bovin, évoque des intérêts clairement économiques : l'exploitation n'est plus viable (pour des raisons d'endettement et de limitation liées aux quotas européens), seule la double activité peut permettre d'« aller de l'avant ».
Le point de vue des touristes « à la ferme », filmés dans le quotidien d'un séjour évocateur du tourisme familial, où l'accueil est chaleureux et la table est bonne ; du tourisme qualitatif permettant pour certains une forme de retour aux sources et pour d'autres la découverte d'un monde « différent » ; du tourisme aussi dont les prix sont bien plus bas que ceux de l'hôtellerie classique en station de sports d'hiver.
Les propos de Maurice Poncin, directeur départemental relais Gîte de France, première référence en matière d'hébergements dans le monde rural. La perspective est ici clairement centrée sur le rôle des agriculteurs dans un monde rural en évolution appelé à se renouveler en devenant partie prenante d'un accueil touristique de qualité.
L'époque, fin des années 1980, est en effet celle du développement des prestations agritouristiques et, les territoires qui connaissent une relative attractivité touristique (du fait du tourisme social et du tourisme hivernal) y trouvent une possibilité de faire face au déclin agricole.
Gîte de France symbolise parfaitement ce que sont ces initiatives montantes dans cette période où le développement de l'agritourisme devient un enjeu de la Politique Agricole Commune (PAC) et des politiques d'aménagement du territoire. Dans ce contexte, les acteurs sont appelés à s'organiser pour faire valoir les caractéristiques d'une identité du monde rural, et pour travailler à sa promotion dans des démarches dites de qualité (formations, labellisations, mise aux normes des hébergements). Une période qui révèle aussi les modalités nouvelles d'engagement du monde agricole dans les territoires pour ne plus être de simples spectateurs du développement touristique qui s'y déploie.
Le reportage est diffusé dans le cadre d'un magazine « La terre, les hommes » fortement centré sur le monde agricole ; on comprend donc qu'une large place soit faite à la nécessité de maintenir une agriculture de montagne très en difficulté dans les années 1980. La qualité de l'accueil à la ferme montrée par des images qui valorisent le bien-être des touristes (activités de détente, repas convivial) est présentée comme parfaitement compatible avec les pratiques agricoles et comme argument de l'attractivité de cette forme de tourisme à l'époque encore émergente.