Le petit Train du Mont Blanc

23 juin 1991
03m 27s
Réf. 00021

Notice

Résumé :

Le reportage présente le Train du Mont Blanc, qui est une attraction pour les touristes et un gain de temps pour les alpinistes. Le déneigement des rails représente un travail important pour les ouvriers afin que le train puisse ouvrir fin juin. Il permet à la compagnie de fonctionner en juillet et de transporter 30 000 passagers sur un trafic annuel de 100 000 passagers. Le TMB fait les 3/4 de son chiffre d'affaires durant les 2 mois d'été.

Date de diffusion :
23 juin 1991
Source :
FR3 (Collection: JT FR3 Alpes )

Éclairage

Diffusé en 1991 sur l'antenne régionale du JT de FR3 quelques jours avant le début des vacances scolaires estivales, ce reportage vise à promouvoir une attraction touristique dans un territoire traversé par de nombreux mythes sur lesquels il s'agit de s'appuyer tout en soulignant son accessibilité.

Provoquant la fascination, le Mont Blanc est longtemps resté un sommet inaccessible pour le grand public. Si les voies alpines sont difficilement franchissables par les néophytes, la voie ferrée paraît plus adaptée pour convoyer plusieurs dizaines de milliers d'individus vers un sommet attractif. Si Chamonix a son téléphérique, Saint Gervais a son petit train pour attirer les touristes. Les différents moyens de transport pour gravir le Mont Blanc sont ainsi l'objet de controverses entre les deux communes de Haute-Savoie qui se disputent la propriété du toit de l'Europe. Si le TMB paraît modeste, sa filiation avec d'illustres moyens de transports comme le TGV, en fonctionnement depuis 1981, ou le PLM (Paris-Lyon-Méditerranée), exploité depuis le milieu du XIXe siècle, permet de rehausser sa valeur symbolique. Initié au début du XXe siècle lorsque l'on envisageait de relier tous les territoires par le train, le TMB, inauguré en 1909, est l'héritier d'un projet industriel tout autant que d'une volonté d'aménagement. C'est essentiellement par l'intermédiaire de la résolution des difficultés techniques et naturelles que sa promotion est assurée. Dédié aux touristes et aux alpinistes désireux de réduire le temps de marche, le TMB parcourt un itinéraire de moyenne montagne dont le dénivelé est conséquent. Les paysages et la neige sont là pour caractériser un environnement susceptible de provoquer l'intérêt d'une clientèle à la recherche d'authenticité. Les plans larges de panorama à différentes saisons permettent de percevoir l'étendue et la diversité du territoire. Les contraintes naturelles sont particulièrement importantes et permettent de vanter le courage des hommes tout autant que leur inventivité. La présence d'une pelleteuse à cette altitude et le rappel d'une distance journalière de progression très limitée soulignent la tâche à accomplir qui mobilise des moyens importants. La métaphore culinaire rappelle la fragilité technique tout autant que le subtil mélange entre la force de la machine et l'habileté de l'homme. Héritage d'une période (début du XXe siècle) où la conquête de nouveaux espaces par l'intermédiaire de la technologie était incessante (les airs par le développement de l'aviation ou la réduction des distances par l'automobile), le TMB avait pour objectif d'accéder au sommet dans le confort d'un wagon ferroviaire. Les obstacles technologiques ainsi que le déclenchement de la Première Guerre mondiale ont réduit l'ambition initiale. La diminution du parcours pour atteindre les 2372 mètres n'a pas entamé sa réputation, et permet au plus grand nombre d'accéder à un territoire autorisant la pratique de la randonnée, de l'escalade et de l'alpinisme dans une ambiance festive que relate l'accompagnement musical à la fin du reportage. La mise en évidence de l'accessibilité de ces territoires constitue une priorité comme en témoigne la diversité des profils de touristes dont certaines tenues rappellent que même les néophytes sont invités à s'y rendre.

Michaël Attali

Transcription

(Bruit)
Jean Louis Bessière
Avec ses trois lettres TMB, le Train du Mont-Blanc se donne des allures de grand, comme qui dirait PLM ou TGV, mais là s’arrête la comparaison. Avec sa voie étroite, sa crémaillère et ses voitures brinquebalantes, le TMB, c’est surtout une attraction pour les touristes et un gain de temps pour les alpinistes qui font le Mont-Blanc par la voie du Goûter.
(Bruit)
Jean Louis Bessière
Du Fayet au Nid d’Aigle, il se gravit, cahin-caha, ces 2000 mètres de dénivelé.
(Bruit)
Jean Louis Bessière
Ce long serpent de neige, c’est tout ce qu’il reste du manteau qui a recouvert la montagne tout l’hiver. Un serpent paresseux, peu pressé de fondre et surtout encombrant, il s’est endormi sur la voie ferrée. Pour le chasser, il faut les grands moyens. D’abord, une bonne équipe d’ouvriers qui ne craignent ni les heures, ni le froid, et puis, un bon mois de délai. La bête fait plusieurs centaines de mètres de longueur.
(Musique)
Jean Louis Bessière
Le TMB, c’était à l’origine un projet fou, grandiose, démesuré. Il s’agissait, ni plus, ni moins, que d’aller jusqu’au sommet du Mont-Blanc en chemin de fer. Deux hommes, deux villes, Chamonix et Saint-Gervais vont s’affronter. Les travaux sont lancés en 1905, quatre ans plus tard, les premières difficultés surgissent. A la guerre de 14, les travaux sont arrêtés définitivement, il restait 2300 mètres de dénivelé pour arriver jusqu’au sommet. Les dames en crinoline ne marcheront jamais sur le toit de l’Europe.
(Musique)
Jean Louis Bessière
Partis au petit matin, les ouvriers sont arrivés sur le chantier une heure plus tard.
(Bruit)
Jean Louis Bessière
C’est une pelle-araignée qui fait le travail au rythme d’une centaine de mètres par jour. Le gros insecte se déplace sur un espace à peine plus large que ses pattes et son godet vient lécher la voix sans l’abîmer. Un travail de gourmet dans un pot de chantilly. Mais pourquoi diable ne font-ils pas tout ce travail au chasse-neige, en quelques heures, l’affaire serait réglée. Vous allez comprendre. Ici, nous sommes déjà en haute montagne, la voie ferrée a été taillée sur des pentes abruptes, balayées par des avalanches.
(Musique)
Jean Louis Bessière
En septembre, quand la partie supérieure de la ligne est fermée, la caténaire est démontée. En juin, au fur et à mesure du déneigement, elle est remise en place. Tant que la voie n’est pas déneigée, la motrice ne peut pas monter.
(Musique)
Jean Louis Bessière
Fin juin, le travail sera fini et la ligne sera ré-ouverte. En deux mois d’été, le TMB fait les trois quarts de son chiffre d’affaires. Le déneigement permet tout simplement à la compagnie de tourner en juillet et de transporter 30 000 passagers sur un trafic annuel de 100 000 passagers. Un résultat qui justifie largement le coup de collier de l’équipe qui dégage la voie.
(Musique)