Pêcheurs et mareyeurs aux Sables-d'Olonne
02 mars 1994
02m 21s
Réf. 00223
Notice
Résumé :
Le secteur de la pêche est en crise aux Sables-d'Olonne, du fait de prix trop bas. Pêcheurs et mareyeurs témoignent de la difficulté dans laquelle ils se trouvent. Certains pêcheurs refusent de vendre leur poisson malgré un prix minimum garanti, alors que les mareyeurs se plaignent de cours trop fluctuants.
Type de média :
Date de diffusion :
02 mars 1994
Source :
FR3
(Collection:
JT soir Pays de la Loire
)
Personnalité(s) :
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Lieux :
Éclairage
Au milieu des années 1990, la filière pêche restait un élément structurant de l’économie de la Vendée littorale. Si les pages des grandes pêches (morue, thon, sardine) se tournaient une à une, la pêche au chalut pélagique (traîné à l’étage sous marin intermédiaire, sans racler les fonds) offrait un relais aux armements les plus gros. Une flotte de petits patrons, pratiquant une pêche polyvalente, se maintenait partout. Avec 1.600 marins montant 400 navires, la pêche vendéenne représentait alors 10% de la pêche française et animait, dans chacun des ports disposant d’une criée (Port-Joinville, L’Herbaudière, Saint-Gilles et Les Sables) 50% de l’économie locale, avec 4.000 emplois induits.
La crise couvait pourtant autour de ce modèle. Comme dans toute activité économique, un pêcheur investit pour maintenir ou faire progresser la rentabilité de son outil de travail. De tout temps, le rendement de son activité halieutique doit lui permettre d’atteindre ce seuil de rentabilité. Dix ans après l’adoption du chalut pélagique, dont l’emploi se répandit en Vendée à partir des années 1985, c’est cette équation qui devait connaître une dramatique remise en cause. Même si les habitudes de consommation des Français les portaient à consommer toujours plus de produits de la mer (15kg par personne et par an en 1980, 20 kg en 2000) les quantités débarquées en criée se mirent en effet à croître plus vite que les besoins.
Structurellement, le marché connaissait alors une crise de surproduction, dont les autorités peinaient à prendre la mesure, laissant la profession réagir en ordre dispersé. Dans chacun des ports disposant d’une criée, les organismes de production (OP) parèrent au plus pressé, en mettant en place des prix de retrait. Il s’agissait de garantir un prix d’achat minimum aux pêcheurs, prix qui limitait leurs pertes, mais variait d’un port à l’autre. Insultant l’avenir, cette pratique du prix de retrait aboutissait à jeter du poisson : l’écosystème était devenu la variable d’ajustement de l’absence de politique de la pêche. La situation était d’autant plus dramatique que pêcheurs et mareyeurs étaient loin de faire la même analyse.
Le monde de la pêche était mal à l’aise avec ce système, porteur d’une catastrophe annoncée, même s’il limitait les dégâts économiques et sociaux à court terme. Les mareyeurs auraient voulu profiter de ces apports maintenus à haut niveau et accusaient le caractère irrégulier des débarquements, notamment pour les gros navires, menant des campagnes de plusieurs jours. Le problème des uns était structurel, les solutions proposées par les autres, conjoncturelles. La solution est finalement venue d’une réduction des tonnages de la flotte nationale. Pour les petits patrons, sortant à la journée et qui débarquaient chaque jour, l’effondrement des cours coïncidait avec les jours où la flotte hauturière rentrait au port. La parade trouvée sous le coup de la colère par Bertrand Poiraud, patron du Neptune, était promise à un bel avenir, même s’il ne pouvait l’imaginer. Vente directe et circuits courts pour des espèces nobles, sont aujourd’hui généralisés, réinventant la vente à quai désormais prohibée, mais autrefois plébiscitée par les touristes.
La crise couvait pourtant autour de ce modèle. Comme dans toute activité économique, un pêcheur investit pour maintenir ou faire progresser la rentabilité de son outil de travail. De tout temps, le rendement de son activité halieutique doit lui permettre d’atteindre ce seuil de rentabilité. Dix ans après l’adoption du chalut pélagique, dont l’emploi se répandit en Vendée à partir des années 1985, c’est cette équation qui devait connaître une dramatique remise en cause. Même si les habitudes de consommation des Français les portaient à consommer toujours plus de produits de la mer (15kg par personne et par an en 1980, 20 kg en 2000) les quantités débarquées en criée se mirent en effet à croître plus vite que les besoins.
Structurellement, le marché connaissait alors une crise de surproduction, dont les autorités peinaient à prendre la mesure, laissant la profession réagir en ordre dispersé. Dans chacun des ports disposant d’une criée, les organismes de production (OP) parèrent au plus pressé, en mettant en place des prix de retrait. Il s’agissait de garantir un prix d’achat minimum aux pêcheurs, prix qui limitait leurs pertes, mais variait d’un port à l’autre. Insultant l’avenir, cette pratique du prix de retrait aboutissait à jeter du poisson : l’écosystème était devenu la variable d’ajustement de l’absence de politique de la pêche. La situation était d’autant plus dramatique que pêcheurs et mareyeurs étaient loin de faire la même analyse.
Le monde de la pêche était mal à l’aise avec ce système, porteur d’une catastrophe annoncée, même s’il limitait les dégâts économiques et sociaux à court terme. Les mareyeurs auraient voulu profiter de ces apports maintenus à haut niveau et accusaient le caractère irrégulier des débarquements, notamment pour les gros navires, menant des campagnes de plusieurs jours. Le problème des uns était structurel, les solutions proposées par les autres, conjoncturelles. La solution est finalement venue d’une réduction des tonnages de la flotte nationale. Pour les petits patrons, sortant à la journée et qui débarquaient chaque jour, l’effondrement des cours coïncidait avec les jours où la flotte hauturière rentrait au port. La parade trouvée sous le coup de la colère par Bertrand Poiraud, patron du Neptune, était promise à un bel avenir, même s’il ne pouvait l’imaginer. Vente directe et circuits courts pour des espèces nobles, sont aujourd’hui généralisés, réinventant la vente à quai désormais prohibée, mais autrefois plébiscitée par les touristes.
Thierry Sauzeau