Lesconil, pêche fraîche et amour du clocher
Notice
Les pêcheurs de Lesconil et leurs épouses se mobilisent afin de trouver des solutions à la crise. Ils mettent l'accent sur leurs spécificités : pêche artisanale, produits frais ; ces qualités pouvant garantir le maintien de l'activité portuaire.
Éclairage
Lesconil est un petit village finistérien qui appartient à la commune de Plobannalec, un autre village à deux kilomètres au nord. Plobannalec, village de tradition agricole, était plus important il y a quelques dizaines d'années, mais le déclin de l'agriculture bigoudène explique un certain affaiblissement économique au profit de Lesconil, plus gros et plus actif grâce au tourisme balnéaire et à la pêche. Cependant, dans les années 1990, les constructions sont plus nombreuses à Plobannalec, du fait de sa proximité avec Pont-l'Abbé et du plus faible prix des terrains.
En 1800, Lesconil n'était qu'un petit hameau de 80 habitants, majoritairement paysans par tradition, et pêcheurs improvisés quand ils ne pouvaient pas faire autrement. Mais vers la fin du XIXe siècle, de nombreux Lesconilois abandonnent leur terre pauvre au profit de la pêche, plus lucrative. Ce mouvement s'observe sur toute la côte sud du pays bigouden, qui fait donc, par nécessité et non par goût, le choix de la mer. Dotés d'un véritable port à la fin de ce même siècle, les pêcheurs de Lesconil savent évoluer en se lançant avec succès dans la pêche à la langoustine à partir de 1918, puis dans le chalutage et les marées d'une à deux semaines à partir des années 1950.
En fait, depuis une quarantaine d'années, l'économie locale repose sur deux piliers : le tourisme et la pêche. Les ports de la côte bigoudène sud, qu'on a appelé les quatre mousquetaires bigoudens - Saint-Guénolé, Le Guilvinec, Lesconil et Loctudy -, se succèdent sur une bande côtière de 20 km de long et forment le premier ensemble de pêche fraîche français avec 35 000 tonnes débarquées annuellement par 450 bateaux.
C'est une pêche presque entièrement artisanale : 90% des propriétaires de bateaux en sont aussi les capitaines et sortent en mer avec leur équipage. La pêche bigoudène s'effectue majoritairement au chalut : le chalut est un filet en forme d'entonnoir, que le bateau traîne derrière lui. Il peut s'agir d'une pêche hauturière - ceux qui restent une à deux semaines en mer, dans l'Atlantique nord - ou côtière - ceux qui reviennent chaque soir - mais l'une comme l'autre sont souvent effectuées par le même type de bateaux, des chalutiers de 15 à 20 mètres de long.
Il y a une quinzaine d'années est apparu un nouveau type de chalutier, plus gros et plus moderne, en bois et acier, ce qui n'a pas été sans susciter la crainte des pêcheurs les plus modestes, encore équipés de chalutiers en bois et, de ce fait, largement désavantagés. Cependant, ces navires, de plus en plus complexes et sophistiqués, nécessitent une infrastructure de maintenance complète. Une semaine de pêche perdue à cause d'une avarie est une catastrophe financière pour le patron pêcheur. Il est donc nécessaire d'avoir la possibilité d'effectuer toutes les réparations rapidement. C'est pourquoi, les plus petits bateaux qui sortent pour une demi-journée et qui posent des filets fixes ou des casiers n'ont jamais disparu. L'intérêt du port de Lesconil, c'est avant tout la rentrée des bateaux en fin d'après-midi, les jours de semaine. Etant le plus petit des ports bigoudens et le moins "industriel", Lesconil est plus sensible à la concurrence et à la conjoncture "économique" comme dans le milieu des années 1990.
Mais avec une production de 62 630 tonnes en 2003 pour un chiffre d'affaires de 184 millions d'euros, et malgré la réduction des quotas, la diminution continue du nombre de navires et des marins, les mesures imposées par la Commission Européenne, les apports se stabilisent et les ports de pêche cornouaillais se portent plutôt bien : ils représentent le quart de la pêche fraîche française. La filière pêche représente également plus de 8 500 emplois dans l'économie locale, dont 2 680 marins pêcheurs. Ces derniers font véritablement partie du paysage local et ont forgé l'identité si spécifique des ports du sud Finistère. Attachés à leur port d'attache, ils n'en restent pas moins ouverts sur l'extérieur et les touristes sont toujours admis : sur les quais, au déchargement des caisses ou durant la vente à la criée. Ce qui, en été, donne une activité qui prend parfois un air de spectacle folklorique.