La SCNF porte plainte contre les légumiers bretons
Notice
La SNCF porte plainte contre des agriculteurs bretons qui ont saccagé des gares dans le Nord Finistère. Cela a entraîné des perturbations dans le trafic. Les légumiers réclament une aide de l'Etat pour faire face à la baisse du cours du chou-fleur.
Éclairage
Dans le Nord-Finistère, une production légumière intensive s'est développée, dès la fin du XIXe siècle, favorisée par l'apparition du chemin de fer permettant un accès aux marchés des centres urbains. Après la guerre, ici plus qu'ailleurs, les producteurs se sont spécialisés et regroupés en filières. Dans ces zones littorales, les exploitations, aujourd'hui extrêmement mécanisées, produisent choux-fleurs, pommes de terre, primeurs et artichauts.
Depuis les années 1960 et encore plus avec l'élargissement du Marché Commun à l'Espagne, des crises de surproduction et de baisse des prix éclatent sporadiquement. Aussi, dans la dernière moitié du XXe siècle, dans le Nord Finistère, où les syndicats d'exploitants FDSEA et CDJA sont très virulents, les manifestations de légumiers ont souvent connu des débordements. En 1998, liée à la douceur inhabituelle du mois de février entraînant la croissance précoce des légumes, l'arrivée des choux-fleurs sur le marché en même temps que la production espagnole a provoqué un effondrement des prix en France. Ce qui induit donc un mécontentement des producteurs du Léon : la tête de chou-fleur étant achetée à moins de 1,50 F au producteur, bien en dessous du prix de revient. 24 millions de choux-fleurs, sur les 100 millions produits, ont été retirés du marché et détruits.
En ce mois d'avril 1998, outre les "traditionnels" barrages de route, la SNCF a fait les frais de la rage dévastatrice des légumiers finistériens. En s'acharnant sur les câbles de contrôle ferroviaire, les manifestants ont paralysé la circulation sur la ligne Paris-Brest pendant quelques jours et causé sur les installations de la SNCF des dégâts chiffrés à plus de 5 millions de francs. L'entreprise de service public a porté plainte contre Thierry Merret, secrétaire général de la FDSEA du Finistère. Suite à cet embrasement de colère, Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture, a annoncé le principe d'aides versées individuellement aux exploitants les plus durement touchés par la crise du chou-fleur.
La fragilité du modèle économique d'une agriculture productiviste, bénéficiant de protections de la part de l'État, relayées par la Communauté européenne, rappelle que les paysans bretons ne maîtrisent que très partiellement leur activité autant que leur avenir.