La SCNF porte plainte contre les légumiers bretons

10 avril 1998
01m 38s
Réf. 00138

Notice

Résumé :

La SNCF porte plainte contre des agriculteurs bretons qui ont saccagé des gares dans le Nord Finistère. Cela a entraîné des perturbations dans le trafic. Les légumiers réclament une aide de l'Etat pour faire face à la baisse du cours du chou-fleur.

Date de diffusion :
11 avril 1998
Date d'événement :
10 avril 1998
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )

Éclairage

Dans le Nord-Finistère, une production légumière intensive s'est développée, dès la fin du XIXe siècle, favorisée par l'apparition du chemin de fer permettant un accès aux marchés des centres urbains. Après la guerre, ici plus qu'ailleurs, les producteurs se sont spécialisés et regroupés en filières. Dans ces zones littorales, les exploitations, aujourd'hui extrêmement mécanisées, produisent choux-fleurs, pommes de terre, primeurs et artichauts.

Depuis les années 1960 et encore plus avec l'élargissement du Marché Commun à l'Espagne, des crises de surproduction et de baisse des prix éclatent sporadiquement. Aussi, dans la dernière moitié du XXe siècle, dans le Nord Finistère, où les syndicats d'exploitants FDSEA et CDJA sont très virulents, les manifestations de légumiers ont souvent connu des débordements. En 1998, liée à la douceur inhabituelle du mois de février entraînant la croissance précoce des légumes, l'arrivée des choux-fleurs sur le marché en même temps que la production espagnole a provoqué un effondrement des prix en France. Ce qui induit donc un mécontentement des producteurs du Léon : la tête de chou-fleur étant achetée à moins de 1,50 F au producteur, bien en dessous du prix de revient. 24 millions de choux-fleurs, sur les 100 millions produits, ont été retirés du marché et détruits.

En ce mois d'avril 1998, outre les "traditionnels" barrages de route, la SNCF a fait les frais de la rage dévastatrice des légumiers finistériens. En s'acharnant sur les câbles de contrôle ferroviaire, les manifestants ont paralysé la circulation sur la ligne Paris-Brest pendant quelques jours et causé sur les installations de la SNCF des dégâts chiffrés à plus de 5 millions de francs. L'entreprise de service public a porté plainte contre Thierry Merret, secrétaire général de la FDSEA du Finistère. Suite à cet embrasement de colère, Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture, a annoncé le principe d'aides versées individuellement aux exploitants les plus durement touchés par la crise du chou-fleur.

La fragilité du modèle économique d'une agriculture productiviste, bénéficiant de protections de la part de l'État, relayées par la Communauté européenne, rappelle que les paysans bretons ne maîtrisent que très partiellement leur activité autant que leur avenir.

François Lambert

Transcription

Stéphanie Perez
Des feux sur les rails, plusieurs tonnes de choux-fleurs déversés sur les voies, hier soir et ce matin, c'est de gare en gare que 300 producteurs bretons de choux-fleurs ont promené leur colère dans le Nord de la Bretagne. Une longue nuit au cours de laquelle ils ont incendié les câbles de commande de plusieurs systèmes de sécurité comme ici à Landerneau. Les dégâts s'élèvent à plusieurs millions de francs et la SNCF a été contrainte de suspendre ses liaisons TGV entre Rennes et Brest, la SNCF qui porte plainte.
Jean-Jacques Cozian
J'ai vu des... beaucoup de manifestations mais des comme ça non, non, non, avec vraiment l'intention de casser, casser, casser du matériel et mettre en péril la sécurité, je dois dire que je n'ai jamais vu ça.
Stéphanie Perez
En ce jour de grand départ, les trains ont donc enregistré plusieurs heures de retard, il a fallu mettre en place des navettes de substitution mais les vacanciers ont plutôt pris les choses du bon côté.
Vacancier
C'est les vacances, c'est pas grave mais faut, faut arrêter de se tromper de cible, un petit peu, quoi.
Stéphanie Perez
Ce qui provoque cette colère depuis jeudi, la chute des cours du chou-fleur. Mais vente, mauvaise météo et concurrence européenne en sont les principales raisons, les légumiers réclament donc une aide des pouvoirs publics.
Jean-Louis Rungoat
Il est pas pensable que aujourd'hui un agriculteur puisse tenir debout dans son exploitation, voire même déjà un agriculteur qui se trouve aujourd'hui en difficulté financière importante, voire des dépôts de bilan, alors je pense que le gouvernement peut pas fermer les yeux là-dessus.
Stéphanie Perez
Mais la réponse du gouvernement, c'est pour l'instant la condamnation du Ministre de l'agriculture, Louis le Pinsec. Les manifestants devraient respecter la trêve pascale en attendant d'éventuelles nouvelles actions.