Les problèmes de la pêche en Pays bigouden

07 décembre 1989
01m 34s
Réf. 00301

Notice

Résumé :

La règlementation européenne favorise la pêche espagnole au détriment de la pêche nationale. Au Guilvinec, ces mesures inquiètent. Le président du Conseil Général du Finistère, Charles Miossec, dénonce cette règlementation définie par Bruxelles.

Date de diffusion :
07 décembre 1989
Source :
FR3 (Collection: Midi Nantes )
Personnalité(s) :

Éclairage

Le développement de la pêche bigoudène est récent, et c'est au chalutage que Le Guilvinec, principal port du Pays bigouden, doit l'essentiel de ses ressources. La production augmentant, la vente a été rationalisée et dans les années 1960, les ports de pêche accèdent à une dimension nouvelle. L'initiative vient des mareyeurs, qui veulent constituer un armement de navires plus puissants, sortant en mer toute l'année. En 1962, naît l'Armement guilviniste, sous la présidence de Jules Furic, société de quirats dont les actionnaires sont essentiellement liés à la filière. En 1964, l'Armement guilviniste se scinde et donne naissance à l'Armement bigouden : de nombreux chalutiers, neufs ou d'occasion, rejoignent les quais. Un formidable développement est ainsi permis par l'évolution des techniques, le rapprochement des marchés et un dynamisme local très entreprenant. Les armements semi-industriels et la pêche hauturière sont en plein essor. Rien qu'au Guilvinec, plus de soixante-cinq unités sont immatriculées, bateaux pour la plupart construits dans les chantiers locaux. En 1982, Le Guilvinec devient le quatrième port français, mais le premier pour la pêche fraîche et huit années plus tard, Furic Marée devient le premier mareyeur de l'Hexagone. Implanté dans de nombreux ports, gérant des poissonneries et un service de transports, la holding Furic compte plus de quatre cents salariés.

Toutefois, les difficultés voient le jour dès la fin des années 1980. Surpêche, plan Mellick, plan Puech, Programme d'orientation pluriannuel, sortie de flotte, nécessaire préservation de la ressource, tel est le tableau des pêches françaises après des décennies de développement, parfois mal contrôlé. En conséquence, les ports bigoudens doivent s'adapter : réduire leur flotte et respecter les quotas de pêche arrêtés par Bruxelles. En 1993, les prix s'effondrent en raison des importations extra-communautaires qui envahissent le marché européen et d'importations intracommunautaires qui pénètrent les circuits français. Chez les mareyeurs, les faillites sont nombreuses ; les surendettements et les appels au secours d'une profession qui doute se multiplient. La colère des pêcheurs se fait entendre en 1993 dans une immense manifestation, qui finit mal dans le cœur de Rennes, avec l'incendie du Parlement de Bretagne.

Les ports souffrent et, pour la première fois dans leur histoire récente, voient une baisse de la production et une chute des valeurs. Pour faire face, les professionnels bretons créent un comité de survie, et l'épicentre de ce grand mouvement social qui secoue la Bretagne se trouve dans le Pays bigouden.

Aujourd'hui, le port du Guilvinec poursuit sa progression et demeure le troisième port français en valeur, le premier pour la pêche artisanale. Toutefois, un nouveau système de pêche s'esquisse. Pour faire face à la concurrence, il est question de la modernisation des criées, de la restructuration du mareyage, de la promotion de la qualité.

Bibliographie :

- Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, Plomelin, éditions Palantines, 2002.

Sklaerenn Scuiller

Transcription

Journaliste
Ambiance de port du bout du monde. Le vent d'hiver qui souffle sur les quais du Guilvinec et qui glace marins au retour de mer, mareyeurs, ouvriers, ne fait que souligner la fièvre qui est en train de monter. L'Europe, Bruxelles freinent des quatre fers le renouvellement de la flottille de pêche. 150 chalutiers hauturiers au Guilvinec. Il y aura peu de bateaux neufs cette année et les années suivantes, peu de subventions et des quotas sévères. En mer, on commence à se poser la question entre les chantiers navals qui s'essoufflent et qui ferment, les jeunes qui ne peuvent construire leur bateau parce que Bruxelles réglemente le nombre de chalutiers sévèrement. Le spectre de la pêche espagnole resurgit. Pas facile à gérer l'inquiétude quand la pêche, industrie principale, est menacée dans son avenir. Du côté des élus, on est enfin conscient.
Charles Miossec
Avec la mise en place du POP, le Plan d'Orientation Pluriannuel, qui est une initiative européenne, qui consiste à libérer des tonnages et des puissances, nous risquons d'arriver à des difficultés importantes, non seulement sur le plan de la production, mais la construction navale également, ce qui nous a fait réagir très fortement, bien entendu, auprès de l'Etat et auprès de Bruxelles.
Journaliste
Des grands chalutiers qui coûtent de plus en plus cher, des projets rares et une carte de l'Europe qui se dresse, menaçante. L'Espagne sera consacrée à la pêche, c'est décidé, et la France aura le reste, un reste qui, en pays bigouden, ressemble à une peau de chagrin.