Marie Jeanne Kerloch

14 janvier 1982
11m
Réf. 00423

Notice

Résumé :

Marie Jeanne Kerloch, dite Marie Jan "birinic", est fille de paysan. En 1935, elle quitte la campagne et s'installe à Plogoff au bord de la mer où elle tient une buvette. Elle évoque ses souvenirs, sa vie, et revient sur les évènements de Plogoff.

Type de média :
Date de diffusion :
14 janvier 1982
Source :
A2 (Collection: Les gens d'ici )

Éclairage

La télévision offre parfois des images que l'on ne sait pas vraiment classer, des portraits de gens drôles, parfois touchants qui à première vue ne présentent pas réellement d'intérêt mais qui, en nous emmenant parfois vers des rencontres inattendues, font le charme de la télévision.... au risque de se frotter à l'excès de pittoresque.

La série d'émission intitulée "Les gens d'ici", diffusée de 1972 à 1981, dont ce document fait partie, nous emmène à la découverte de Français de tous horizons et milieux sociaux. Ils nous font partager leur vie quotidienne, leurs préoccupations et leurs passions. Ce film consacrée à une vieille femme, Marie-Jeanne, semble à première vue ne pas relever d'un intérêt particulier et nous rappelle plus un vrai-faux reportage du Petit Rapporteur réalisé par Daniel Prévost ou Pierre Desproges qu'un véritable reportage. En effet l'humour de cette vieille femme et la complicité entre celle-ci et le journaliste participe au caractère à la fois drôle et touchant de l'émission. Cependant il ne faut pas sous-estimer la valeur d'un tel document. Si l'on peut rire de ce portrait d'une femme âgée atypique qui tient seule un bar isolé le long de la côte bretonne, qui n'a presque pas de client et qui voyage dans toute l'Europe dès qu'elle a un peu de sous de côté, on peut déceler à travers les propos de cette femme très simple et joyeuse les événements et les changements qui ont secoué la Bretagne à cette époque. Elle fait part de son engagement quand un projet de centrale nucléaire a été annoncé à Plogoff. Elle n'hésite pas alors à parler de guerre civile et elle manifeste son ressentiment contre la consommation parisienne.

Marie-Jeanne nous raconte aussi qu'avant de tenir cette buvette et de s'installer à son compte, elle a d'abord été "bonne à tout faire" à la ville. Son histoire personnelle illustre donc l'exode de ces jeunes filles qui depuis la fin du XIXe siècle devaient quitter le milieu rural breton pour aller en ville, souvent à Paris, afin de travailler comme employée de maison dans les familles bourgeoises.

Martine Cocaud

Transcription

(Musique)
Philippe Alfonsi
Ici, on est au bout du monde. On n'a de compte à rendre à personne. On est libre. C'est ce que pensait Marie-Jeanne Kerloc'h en venant s'installer dans cette crique déserte de la côte bretonne à quelques kilomètres de Plogoff. Une optimiste, Marie-Jeanne, elle rit tout le temps. Il n'empêche qu'un jour, un jour la violence officielle, la violence du pouvoir est venue la débusquer dans sa retraite et Marie-Jeanne n'a plus eu envie de rire. Ça fait longtemps que vous êtes installée là, Marie-Jeanne ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui. Depuis 1935.
Philippe Alfonsi
Quand même venir se mettre dans un endroit aussi désert, c'est ...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Vous trouvez que c'est désert, pour nous ce n'est pas désert du tout.
Philippe Alfonsi
Ce n'est pas désert là ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non alors, à la campagne c'est ça hein. On est éloigné un peu l'un de l'autre. Ce n'est plus comme en ville hein.
Philippe Alfonsi
Oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non.
Philippe Alfonsi
On m'a dit que dans le pays les gens vous appelaient Marie-Jeanne ...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Marie-Jan en breton.
Philippe Alfonsi
Marie-Jan ? On dit Marie-Jan en Breton ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah oui. Marie Jan, c'est en breton.
Philippe Alfonsi
Et Marie Jan Birinic on vous appelle ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah oui mais c'est un surnom hein.
Philippe Alfonsi
C'est un surnom ? Qu'est ce que ça veut dire ? Pourquoi on vous appelle birinic, c'est un petit coquillage le birinic, non ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, c'est parce que, c'est parce que quand je suis venue ici, je suis une fille de paysan. Et alors, on disait que quand j'aurais faim, j'aurais mangé des berniques. C'est de ça mon surnom quoi.
Philippe Alfonsi
Quand vous auriez faim, vous mangeriez des birinics.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
Ce n'est pas très gentil dites-moi ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Qu'est-ce que vous voulez, ça ne fait rien, moi je, ça ne me fait, ça ne me fait rien de lui dire ça, non.
Philippe Alfonsi
Oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
En quelque sorte, ils s'attendaient, en vous voyant vous installer là à ce que vous ne réussissiez pas quoi.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, oui c'était ça enfin.
Philippe Alfonsi
C'était ça ce que ça voulait dire non ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
Est-ce que ça ne vous a pas donné le trac, non ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, ça me gêne pas du tout. Non. Ceux qui ont envie de manger des birinics, ils n'ont qu'à le faire, quoi, tous ceux qui sont là quoi.
Philippe Alfonsi
Et est-ce que vous en avez mangé des birinics vous ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Si, j'en ai mangé quand même.
Philippe Alfonsi
Mais vous aviez autre chose à manger non ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Je crois oui. Oui.
Philippe Alfonsi
On va rentrer Marie Jeanne. Il fait un peu froid, je trouve.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Bon, moi je n'ai pas du tout froid moi, j'ai l'habitude de ce coin ici, on est habitué.
Philippe Alfonsi
Il faut dire que ce n'est pas très, très froid.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Et puis j'ai mes bêtes, tout ça là. J'ai mes bêtes aussi, alors je suis obligée de sortir pour leur donner à manger.
Philippe Alfonsi
Ah oui. Alors comment ça se fait que vous vous soyez installée une petite buvette comme ça en 1935, Marie Jeanne ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
C'est pensé quoi.
Philippe Alfonsi
Vous avez pensé que c'était une bonne façon de gagner sa vie ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Enfin, je ne savais pas mais on ne peut pas rester tous dans la ferme quoi. Il y a un qui est resté à la ferme et puis les autres, ils ont été obligés de s'en aller quoi.
Philippe Alfonsi
Vous vous êtes tout de suite installée comme, dans cette petite buvette là ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui, oui.
Philippe Alfonsi
Tout de suite ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non, pas tout de suite. J'ai travaillé en ville aussi.
Philippe Alfonsi
Qu'est ce que vous faisiez là bas ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ben bonne à tout faire quoi.
Philippe Alfonsi
Vous étiez bonne à tout faire ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
On travaillait beaucoup dans ces années là quand on était bonne à tout faire?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non, non, non.
Philippe Alfonsi
Non. Qu'est ce que vous faisiez, vous vous rappelez ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ben, oui, je me rappelle très bien : le ménage, le lavage, la cuisine.
Philippe Alfonsi
Vous trouvez que ce n'est pas beaucoup de travail ça ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non. Mais c'était un petit, c'était un petit boulot tranquille.
Philippe Alfonsi
Ah bon.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
Il y a eu, c'était une grande famille là où vous avez travaillé non ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
4 enfants, qui y avait.
Philippe Alfonsi
Vous trouvez que faire le ménage, le lavage et la cuisine pour une famille de 6 personnes, ce n'est pas beaucoup de travail ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Enfin si, c'était du boulot, un petit boulot tranquille quoi.
Philippe Alfonsi
Vous avez combien de clients à peu près par jour ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah des fois j'ai aucun. Alors, des fois j'ai aucun, surtout en hiver maintenant.
Philippe Alfonsi
Alors qu'est ce que vous faites quand vous n'avez pas de clients, vous ouvrez quand même ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Je suis ici, je tricote, je fais du crochet, je fais un peu de tout quoi.
Philippe Alfonsi
Oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
Et vous ouvrez la porte quand même ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Bien sûr, ma porte est toujours ouverte. Je n'ai jamais eu d'ennuis avec personne.
Philippe Alfonsi
Jamais ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non.
Philippe Alfonsi
Parceque quelque fois dans les bars comme ça, il y a des ...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, non, non.
Philippe Alfonsi
...Il y a des bagarres, il y a des ...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, non moi je ferme de bonne heure. C'est ouvert de bonne heure, et je ferme de bonne heure.
Philippe Alfonsi
Ah bon on ne vient pas, on ne vient pas se saouler le soir ici ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, non, non parce que je n'aime pas un bonhomme qui est saoul.
Philippe Alfonsi
Vous n'aimez pas un bonhomme qui est saoul ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non.
Philippe Alfonsi
Ben dites donc, dans le métier que vous faites...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Eh ben, c'est ça, oui. Non, je n'aime pas.
Philippe Alfonsi
Alors les bons clients...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah ben tant pis ils sont [incompris]. Et ils reviennent quand ils sont plus fâchés quoi.
Philippe Alfonsi
Il y en a qui partent fâchés quelquefois ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah oui. C'est très bien. Quand on les refuse. Vous n'avez jamais été saoul vous ?
Philippe Alfonsi
Ça m'est bien arrivé une ou deux fois oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui. Une ou deux fois seulement ?
Philippe Alfonsi
Oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ce n'est pas beaucoup.
Philippe Alfonsi
Et sur le plan financier, vous êtes à l'aise ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Pour mes sous ? Moi je n'ai aucun sou. Moi quand j'ai des sous, je vais me promener.
Philippe Alfonsi
Comment vous allez vous promener ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Eh ben, en car Monsieur, cette année, je suis allée jusqu'en Italie.
Philippe Alfonsi
Ah !
Marie-Jeanne Kerloc'h
Jusqu'à Turin, j'ai été.
Philippe Alfonsi
Vous prenez un car et vous allez faire du tourisme.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui. C'est ça, je mange mes sous, tout de suite, quand je les ai gagnés. Ah oui, ce n'est pas quand on a beaucoup de sous qu'on vit.
Philippe Alfonsi
Oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
C'est la santé qui compte tout. Oui.
Philippe Alfonsi
On peut arriver à vivre sans beaucoup de sous et en...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah oui.
Philippe Alfonsi
En vivant bien ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
En vivant bien. Parce que quand vous avez trop de sous Monsieur, on devient neuneu, je crois.
Philippe Alfonsi
On devient ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Neuneu !
Philippe Alfonsi
Neuneu ?
(Rires)
Marie-Jeanne Kerloc'h
Moi, j'ai jamais eu trop de sous, ben vous voyez, je vis toujours quoi.
Philippe Alfonsi
Oui, alors quels sont les pays que vous avez visité Marie Jeanne ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Eh ben, j'ai fait l'Italie, Amsterdam.
Philippe Alfonsi
Amsterdam, et après qu'est ce que vous avez fait d'autre encore ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Quoi, l'Allemagne.
Philippe Alfonsi
L'Allemagne ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
L'Allemagne c'est très propre. Et tout le monde travaille. C'était bien la fête de la bière.
Philippe Alfonsi
Ah oui ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Vous n'avez jamais été ?
Philippe Alfonsi
Non, je ne connais pas.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oh c'est joli, tout le monde se saoule, et puis des bocks de bière comme ça, oh là là ...
Philippe Alfonsi
Vous vous êtes saoulée là ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non, moi je n'aime pas la bière premièrement, non.
Philippe Alfonsi
Qu'est ce que vous buvez vous en fait là, vous qui tenez une buvette là, vous buvez quelque chose ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Moin, je ne bois que de l'eau Monsieur.
Philippe Alfonsi
Ah oui mais dites donc si vous dites ça à vos clients, ils ne vont plus venir.
(Rires)
Marie-Jeanne Kerloc'h
Mais, c'est bien d'organiser sa vie comme ça, Marie Jeanne. C'est comme ça, c'est comme ça qu'on vit. Mais, c'est la santé qui compte.
Philippe Alfonsi
C'est la santé ah, oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ça c'est vrai alors, la santé quand elle n'est pas bien, c'est la [incompris].
Philippe Alfonsi
Alors, comment on fait pour garder la santé ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Eh ben, je ne sais pas. Vous voyez comment que moi je fais.
Philippe Alfonsi
Vous n'avez aucun défaut Marie Jeanne alors ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oh si, j'ai pas mal de défaut monsieur.
Philippe Alfonsi
Qu'est ce que vous avez comme défaut ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah ça, on le dit pas, surtout à la télévision, ah non, non.
Philippe Alfonsi
On peut bien en dire un ou deux quand même.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non alors.
Philippe Alfonsi
Un petit.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non, non.
Philippe Alfonsi
Un petit défaut, allez !
Marie-Jeanne Kerloc'h
Qu'est ce que vous voulez que je vous dise Monsieur, je n'ai aucun défaut.
Philippe Alfonsi
Est-ce que vous allez à l'église Marie Jeanne ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui.
Philippe Alfonsi
Tous les dimanches ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Tous les dimanches. Oui.
Philippe Alfonsi
Vous avez été élevée ...
Marie-Jeanne Kerloc'h
Tout le monde est catholique
Philippe Alfonsi
Tout le monde est catholique ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah oui.
Philippe Alfonsi
On est breton et catholique ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah bien sûr.
Philippe Alfonsi
Ça n'existe pas les bretons qui ne vont pas à la messe ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ça n'existe pas, bien sûr.
Philippe Alfonsi
Ah bon.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Non. Vous, vous êtes parisien ?
Philippe Alfonsi
Oui.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Et alors vous allez à la messe ?
Philippe Alfonsi
Ben pas souvent non. C'est vous qui allez faire mon interview maintenant. Non, j'aimerais bien que vous me racontiez un petit peu la, on m'a dit que Marie Jeanne Birinic, au moment des évènements de Plogoff, on la voyait arriver à pied, 10 km elle faisait.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Ah non, alors là ça c'est pas vrai.
Philippe Alfonsi
Ah bon ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Je suis sur la frontière de Plogoff, hein.
Philippe Alfonsi
Il faut faire combien pour aller jusqu'à Plogoff ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
En 15 mn je suis à Plogoff.
Philippe Alfonsi
Vous montiez à pied là bas ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oh oui, écoutez pour le jour des évènements [incompris].
Philippe Alfonsi
Ça vous a mis en colère de voir arriver les CRS là?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Qu'est ce que vous voulez, on en a vu d'autres avant ça.
Philippe Alfonsi
Qu'est ce que vous aviez vu d'autre ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Mon Dieu, j'ai vu 2 guerres.
Philippe Alfonsi
Deux guerres ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui 14-18, 39-44.
Philippe Alfonsi
Oui m'enfin quand même, je veux dire là on n'était pas en guerre précisément. Ce n'était pas la guerre.
Marie-Jeanne Kerloc'h
Plus pire encore parce que c'était des français qui, les français qui étaient contre les français là. Parce que quand c'est la guerre, chacun défend son pays, nous on défendait notre pays, les Allemands défendaient le leur. Mais ici, c'était des français contre les français, c'est pire encore. On aurait du vous mettre ça là-bas, sur la Tour Eiffel, là bas il y a assez de place. A Paris là, on aurait du faire ça là bas, où est la Tour Eiffel là bas, on aurait du leur mettre du nucléaire. Le nucléaire là bas, parce que ils savaient bien que le nucléaire, il leur faut à Paris. L'électricité, et ben quoi, nous on n'a pas besoin, non.
Philippe Alfonsi
Ça vous faisait peur le nucléaire ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Oui, j'aime pas, il y a assez de maladie comme ça. Pour vous autres à Paris, là, c'est le système, il n'est pas pour nous. On ne s'est jamais occupé de nous ici. Il n'y a pas aussi longtemps que ça qu'on a des bonnes routes, on s'est jamais occupé de nous pour l'autoroute ni rien et alors on nous a mis ça. Si ça avait été une autre chose, pas ça quand même. Pas ce nucléaire là...
Philippe Alfonsi
Mais ça aurait peut-être amené de l'argent dans le pays ?
Marie-Jeanne Kerloc'h
Nous, on n'a pas besoin d'argent Monsieur. Nous on a assez comme ça. L'argent ne fait pas le bonheur. Il en faut mais ça ne fait pas le bonheur. Vous rigolez vous ?