Le nucléaire contesté à Plogoff
Notice
Le projet d'implantation d'une centrale nucléaire dans le Finistère à la pointe du Raz mobilise constamment depuis 4 ans la population de Plogoff. La tension est à son paroxysme. Les habitants révoltés sont sous la surveillance des forces de l'ordre.
Éclairage
A cause des marées noires et des projets de construction de centrale nucléaire, la fin des années soixante est marquée par une forte sensibilisation aux problèmes de l'environnement. La Bretagne connaît les deux. Dès 1967, une marée noire frappe les côtes bretonnes et joue un rôle primordial dans une première mobilisation.
Cette attaque contre l'environnement atteint aussi l'économie (pêche et tourisme). C'est pourquoi, la mobilisation est forte et est un facteur de convergence entre les militants de la CFDT (Confédération française démocratique du travail), les militants bretons, écologistes et les militants associatifs, quand bien même les frontières qui les séparent ne sont pas totalement hermétiques. La Bretagne se caractérise en effet en mêlant un double héritage : catholique et de mai 1968. Alors que les marées noires se succèdent (1976, 1978, 1979, 1980), les projets de construction de centrales nucléaires donnent lieu à un autre combat écologiste.
Si la Bretagne n'est pas la seule région à être concernée par ces implantations, la lutte prend ici un caractère symbolique. Deux centrales sont prévues : une au Pellerin près de Nantes, l'autre à Plogoff, dans le Finistère. En février 1980, à Plogoff, toute la population du village refuse l'installation qui doit s'effectuer à quelques encablures de la Pointe du Raz, face à l'île de Sein. Les plans de l'EDF sont contrariés et le mouvement prend tellement d'ampleur que l'Etat est contraint de dépêcher 800 CRS sur place. Tandis que l'EDF voit en ces 167 hectares un site parfait pour construire une centrale, les habitants de Plogoff protestent contre les risques de pollution.
Durant l'hiver 1980/1981, ils sont environ 2000 à tenir tête aux forces de l'ordre, dont la présence les exaspère et cela tous les jours pendant près d'un mois et demi. La population locale souhaite rester maîtresse de son espace de vie, et préserver celui ci. Des comités de soutien qui ont un fort impact sur la population se créent un peu partout dans la région. Un couple de réalisateurs, Nicole et Félix Le Garrec, décide de filmer les évènements. Un documentaire long métrage s'intitulant Plogoff, des pierres contre des fusils en résultera. L'élection à la présidence de la République de François Mitterrand et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement socialiste mettront fin au projet, sans compter que l'EDF révisera en baisse ses prévisions en matière de production d'électricité utilisant l'énergie nucléaire.