Les Réserves naturelles en Bretagne

12 octobre 1982
11m 08s
Réf. 00425

Notice

Résumé :

Depuis 1958, la SEPNB, Société pour l'Etude et la Protection de la Nature, développe un réseau de réserve naturelle, essentiellement des réserves ornithologiques, la plus anciennes étant celle du Cap Sizun, dans le Finistère, où les oiseaux bagués sont étudiés.

Type de média :
Date de diffusion :
12 octobre 1982
Source :

Éclairage

La Société pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne, fondée en 1953, est la plus ancienne association régionale de protection de la nature. Elle a pour origine l'initiative de deux professeurs, Michel-Hervé Julien et Albert Lucas, qui projettent d'emmener des classes d'élèves étudier le milieu naturel et les chants d'oiseaux. Cette initiative est encouragée par l'inspecteur d'académie, Marcel Gautier, qui propose en octobre 1952 de former un cercle d'études géographiques, qui se concentrerait sur les aspects pédagogiques de l'enseignement de la géographie. Ce projet est prolongé à la demande de Michel-Hervé Julien et Albert Lucas par la création d'un second cercle, de naturalistes cette fois. Les deux cercles se rejoignent en octobre 1953 en une association (Cercles géographique et naturaliste du Finistère), et publient le premier numéro d'une revue commune le 30 novembre 1953 : Penn Ar Bed (qui peut se traduire par "le bout de la terre"). L'objectif de cette association naissante est de réunir tous les amoureux de la nature, par le biais notamment des excursions, qui rencontrent un certain succès. En décembre 1953, la jeune association compte 450 membres, qui appartiennent surtout au monde enseignant et aux notables locaux de tous les départements bretons, parrainés par le recteur et les professeurs de l'Université de Rennes. Avec l'extension progressive des Cercles, Michel-Hervé Julien et Albert Lucas projettent de faire de Penn Ar Bed un outil de "propagande" au service de la protection de la nature.

Cette dimension de défense de la nature que prend l'association est amenée par le biais de l'ornithologie. En effet, Michel-Hervé Julien adhère à la Société Ornithologique de France en 1946, et est inspiré par de nombreux voyages qu'il entreprend en Europe du Nord, et pendant lesquels il visite de nombreuses stations ornithologiques. Il tire de ces visites de nombreux principes, qu'il entend mettre en pratique en Bretagne. En 1955, il organise deux premiers camps d'éducation ornithologique à Ouessant. Ces camps qui se perpétuent sont animés par les plus grands spécialistes de l'ornithologie et des naturalistes, et entre 1955 et 1978, ils voient passer la plupart des personnalités qui marquent le domaine de la protection de la nature. Ainsi, l'ornithologie, dans les années 1950 et 1960 est la principale voie par laquelle sont fondées la plupart des associations régionales de protection de la nature en France, car les ornithologues sont les premiers témoins de la transformation de l'espace rural et des impacts de la modernisation de l'agriculture sur les milieux, et notamment ceux qui abritent les espèces migratrices. On peut d'ailleurs mesurer l'importance que revêt la protection des oiseaux pour la SEPNB dans le reportage.

En 1957, alors que le Muséum d'Histoire Naturelle ouvre une chaire d'Ecologie et de Protection de la Nature, le numéro 10 de la revue Penn Ar Bed a pour la première fois le sous-titre suivant : "Revue de la Société pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne" ; et l'éditorial de Michel-Hervé Julien expose les objectifs principaux de la SEPNB naissante. Ces objectifs correspondent à la vision des militants, qui jugent nécessaire de connaître la nature, afin de mettre ces connaissances au service de la protection des espèces et des milieux. Il s'agit dans un premier temps de faire de Penn Ar Bed une revue de référence dans le domaine de la protection de la nature, ainsi que de créer des réserves qui protègent les sites les plus exceptionnels de Bretagne. La SEPNB se lance donc dans l'inventaire des principales richesses naturelles de Bretagne, le classement des lieux les plus menacés en réserves ou "sites pittoresques" ; elle augmente également les pressions pour rendre la réglementation de la chasse plus contraignante, et en particulier pour protéger les phoques. L'éducation des enfants à la protection de la nature est également l'un des objectifs principaux de l'association. Il s'agit-là de principes largement novateurs en France à la fin des années 1950, ce qui fait de la SEPNB une association pionnière dans le domaine de l'écologie. L'Assemblée Générale des Cercles réunie à Crozon en avril 1958 décide de la création de la SEPNB, avec Marcel Gautier comme président et Michel-Hervé Julien comme secrétaire général. L'association est déclarée officiellement le 7 janvier 1959.

Les premières ambitions de Michel-Hervé Julien et Albert Lucas en 1956 et 1957 sont de créer une réserve au Cap Sizun, un parc naturel dans les Monts d'Arrée et une station ornithologique à Ouessant, mais devant la faiblesse des ressources de l'association, ils lancent en 1957 l'idée d'un "Fonds pour la protection de la nature en Bretagne", qui ferait appel aux dons privés. La mise en place de ce projet est difficile, mais la SEPNB parvient à récolter un million d'anciens francs en trois ans, qui lui permettent de réaliser ses projets. La première réalisation concrète de l'association est la création en 1959 de la réserve ornithologique des falaises de Goulien au Cap Sizun, que l'on voit longuement au début du reportage, et que l'on nomme aussi Réserve Michel-Hervé Julien. Les Ponts et Chaussées projetaient en effet de construire une route en corniche sur le tour du Cap Sizun. La SEPNB engage alors des démarches auprès de la préfecture pour faire annuler ce projet, d'autant que lors d'une visite, Michel-Hervé Julien et Albert Lucas assistent à une tuerie de jeunes cormorans par des touristes transportés par un pêcheur, ce qui sera l'un de leurs arguments de poids. L'association propose alors un contre-projet : celui d'une route qui contournerait la partie la plus précieuse du site. Les colonies ainsi protégées pourraient donc s'étendre et atteindre les endroits accessibles aux touristes. C'est d'ailleurs cette vision d'une convergence possible entre la sauvegarde des espèces et la mise en valeur économique des territoires qui fait l'une des originalités de l'action de la SEPNB. Et ainsi, le 14 juin 1969 est inaugurée la réserve du Cap Sizun, qui mesure deux kilomètres de long sur 250 mètres de large, à laquelle participe Roger Heim, le directeur du Muséum d'Histoire Naturelle. La réserve du Cap Sizun protège aujourd'hui les seuls couples de Guillemots de Troïl (petits pingouins) qui vivent en France.

Parmi les actions les plus fréquentes de la SEPNB dans les années 1960 et 1970, période pendant laquelle l'association se développe rapidement, on peut noter la remise en cause du bien-fondé du classement d'un grand nombre d'espèces en "animaux nuisibles" (en 1969, la protection des rapaces est acquise dans tous les départements bretons), la lutte pour la protection des derniers groupes de phoques gris du Finistère (acquise en 1961), la protection des habitats contre les infrastructures qui menacent directement les milieux naturels, les nombreuses interventions auprès des décideurs, ainsi que la défense de la politique du "tiers sauvage" (qui consiste à laisser un tiers du littoral à l'état naturel, idée imposée en 1972 mais pas totalement appliquée).

Dans les années 1970, alors que la SEPNB est reconnue d'"utilité publique" (automne 1968) et que les réserves se sont multipliées, le mouvement de l'écologie politique prend forme avec la contestation de la société de consommation et les premières manifestations antinucléaires. Au même moment, la question environnementale s'institutionnalise en France ("Cent mesures pour l'Environnement", 1970) et dans le monde (Déclaration sur l'Aménagement de l'Environnement naturel en Europe, Conseil de l'Europe, 1970 / Programme des Nations Unies pour l'Environnement, 1972). Avec le développement du militantisme écologique, la SEPNB voit paradoxalement son nombre de militants diminuer, alors qu'elle embauche ses premiers salariés, ce qui est dû à la dispersion des militants dans les nombreuses associations qui se créent. Bien qu'elle démontre son efficacité notamment lors des naufrages du Torrey Canyon en 1967 et de l'Amoco Cadiz en 1978, la SEPNB ne représente pas un mouvement d'envergure et peine à sortir du milieu universitaire pour intéresser un public plus large. L'association se lance alors dans un grand nombre d'actions juridiques, menées contre les opérations d'urbanisme et les marées noires (la SEPNB est la première association à attaquer un élu en justice en 1975), et développe un bureau d'études destiné à éclairer les pouvoirs publics. À la fin des années 1970, la SEPNB affirme son militantisme, notamment en prenant position contre l'énergie nucléaire, et en publiant une revue plus engagée, Oxygène, à partir de 1979.

Au début des années 1980, au moment du reportage, la SEPNB traverse une crise : au niveau financier d'une part (il n'y a plus que 800 adhérents en 1982, alors qu'il y en avait 5 000 en 1972), et en matière d'orientation politique d'autre part. Par son ancienneté, l'association s'est institutionnalisée, faisant désormais plus office de référence en matière de connaissances sur le milieu naturel que de mouvement fédérateur du militantisme écologiste breton. La SEPNB a toutefois acquis une grande capacité d'action, qui lui permet notamment de faire aboutir des projets de longue haleine (la station ornithologique d'Ouessant ou le Conservatoire botanique de Brest). Alors qu'une troisième génération de militants se met en place, la SEPNB redéfinit ses ambitions, à la recherche de nouveaux adhérents. Elle se place donc en position d'expert concernant la connaissance du milieu naturel breton (et du littoral en particulier), grâce aux nombreuses recherches et observations effectuées (comme on le voit dans le reportage), et en mettant d'avantage l'accent sur le terrain de la protection de la nature dans le cadre de l'espace institutionnel régional (expertise scientifique et juridique). D'autre part, l'association remet au premier plan sa vocation pédagogique première, avec la mise en avant de l'éducation à l'environnement, par le biais notamment des animations mises en place dans les réserves ouvertes au public (les premiers animateurs salariés sont embauchés au début des années 1980).

Depuis, la SEPNB est progressivement devenue une entreprise de services engagée. L'association, qui s'appelle Bretagne Vivante-SEPNB depuis 1998, fait partie intégrante des réseaux scientifiques et institutionnels. Elle gère plus d'une centaine de sites, dont cinq réserves naturelles d'Etat. Elle compte aujourd'hui plus de 3 000 adhérents et une quarantaine de salariés, et publie trois revues : Penn Ar Bed (trimestrielle), Bretagne Vivante (bisannuelle) et L'Hermine vagabonde (trimestrielle-pour les enfants).

Malgré les évolutions constantes de la SEPNB, l'une des actions qu'elle mène est continuelle et la caractérise depuis sa création : c'est la volonté de multiplier les réserves naturelles. L'association en gère 20 en 1978, 30 en 1979, 40 en 1986, 50 en 1992, 62 en 1997 et 75 en 2000. Il en existe deux types : les sites de protection des espèces, interdits au public, et les lieux aménagés pour les activités de découverte de la nature, les principales étant le Cap Sizun et le Cap Fréhel (réserve ornithologique ouverte en 1969), qui accueillent 40 000 visiteurs en 1981. Le reportage fait également une étape sur les îles de Balanec et de Trevorc'h. La première fait partie de l'archipel de Molène et est gérée depuis 1976 par la SEPNB (dans le cadre, depuis 1992, de la réserve de la mer d'Iroise). Elle est l'habitat de prédilection de très nombreuses espèces d'oiseaux, parmi lesquels le cormoran huppé et le puffin des Anglais. L'île de Trevorc'h, quant à elle, fait partie de la commune de Saint-Pabu (Finistère). Elle a accueilli pendant près de trente ans la plus grande colonie de sternes de Bretagne, et elle est le seul site sur lequel les cinq espèces de sternes ont vécu simultanément (il y avait 600 couples en 1967). Toutefois, pour des raisons inconnues, les sternes ont déserté définitivement l'île en 1992.

Bibliographie:

Maurice Le Démézet et Bruno Maresca, La protection de la nature en Bretagne, La SEPNB (1953-2003), Rennes, PUR, collection "Espace et territoires", 2003.

Roger Heim, Destruction et protection de la nature, Paris, Colin, 1952.

Marine Guida

Transcription

(Musique)
Journaliste
Depuis 1958, la SEPNB - Société pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne - a su créer un réseau d'une trentaine de réserves naturelles. Réserve d'oiseaux de mer pour la plupart, puisque les côtes bretonnes accueillent chaque année plus de 3/4 des oiseaux marins du littoral atlantique français. Nous allons visiter 4 de ces réserves.
(Musique)
Intervenant
On se contente pour l'instant de vérifier les contenus des nids. C'est pour ça qu'on descend dans la falaise. On descendra plus tard pour baguer les oiseaux. Et puis, on se contente également de contrôler les oiseaux qui ont été bagués les années précédentes. Ici, ce qu'on compte c'est les couples d'oiseaux, des nids donc, on le fait soit visuellement ou bien soit on les contemple sur photographies.
Inconnu
Il y a 2 là, et au-dessus il y a 2 aussi non ?
(Bruits)
Inconnu
Il doit être à droite des 2 là. 46, c'est bien 2 ?
Intervenant
Oui 2.
Inconnu
Celui qui est tout à fait en haut là.
(Musique)
Journaliste
La réserve du Cap Sizun est la plus ancienne réalisation de la SEPNB. Dès sa création, elle a été ouverte au public qui peut y voir nicher toutes les espèces caractéristiques des falaises. Mais ce sont les mouettes tridactyles qui y sont les plus communes. Plus de 1100 couples occupant les parois les plus raides. Les couples reviennent chaque année dans la même falaise et le plus souvent exactement au même endroit, à quelques centimètres près. Ils y construisent un gros nid d'algues et d'herbes plus ou moins solidement arrimés à la falaise par de la terre mêlée de fiente. Vers la mi-août, les falaises seront désertées et les mouettes tridactyles du Cap Sizun se disperseront pour quelques mois sur les vastes espaces de l'Atlantique nord, certaines atteignant même le Groenland et Terre Neuve. Ce petit corbeau est un choucas, de la même espèce que ceux qui nichent communément dans les clochers et les cheminées. Ici, il a fait son nid dans une fissure au beau milieu de la colonie des mouettes tridactyles. Si celles-ci ne semblent guerre apprécier son voisinage, c'est qu'à l'occasion, il n'hésiterait pas à lui dérober ses oeufs.
Intervenant
Sur le rocher qui se trouve au centre de la baie là bas, on voit un de ces regroupements des jeunes avant leur reproduction, ce que les britanniques appellent un club. D'ailleurs les mouettes tridactyles se produisent pour la première fois soit à l'âge de 3 ou 4 ans ou 5 ans et tant qu'elles n'ont pas atteint cette âge, elles se regroupent, elles sont attirées par l'activité de la colonie et se regroupent sur des rochers comme ça ou sur des falaises au voisinage de la colonie.
(Bruits)
Journaliste
Etudier pour mieux gérer. Une des techniques les plus efficaces pour mieux connaître la vie des oiseaux en général - et celle de ces cormorans huppés en particulier -, consiste à les baguer, c'est-à-dire leur poser à la patte un anneau inoxydable immatriculé. Avec cette méthode, les renseignements sur les survies ou les déplacements ne sont généralement obtenus qu'à la mort de l'oiseau. Il faut l'avoir en main pour pouvoir lire la bague métallique. Ainsi de nombreuses reprises de cormorans huppés sont faites dans les filets de pêche. A l'inverse, la pose de plusieurs bagues colorées par oiseau permet d'identifier chaque individu de loin sans avoir à le capturer. Avec un peu d'habitude, le dérangement occasionné au nicheur par ces opérations est minimum. Ces cormorans adultes ne tarderont pas à rejoindre leur nid dès que le bagueur aura regagné le sommet de la falaise.
(Bruits)
Intervenant
Dans la mesure où on connaît bien les choses qu'on a en réserve, on les gère mieux. Et puis autrement, la SEPNB sur ces réserves... en accumulant les données, on arrive à connaître les survies des oiseaux, leur fidélité à un partenaire, leur fidélité à un style de nid, leur fidélité à une colonie. Il y a certaines réserves qui sont ouvertes au public qui sont, qui sont donc visitables à certaines périodes de l'année, où les oiseaux ne sont pas trop fragiles, où les oiseaux ne sont pas trop susceptibles, c'est la vocation pédagogique des réserves.
(Musique)
Journaliste
Avec ces fulmars cousins de l'albatros, les guillemots sont parmi les habitants les plus rares et les plus précieux du Cap Sizun. Il s'agit là des oiseaux qui ont eu le plus à souffrir des méfaits du pétrole, au point qu'ils ont bien failli disparaître de ces falaises dans les années 1970. Les hautes parois du Cap Fréhel hébergent à peu près les mêmes espèces que celles du Cap Sizun. Goéland, mouette tridactyle, fulmar et surtout cormoran huppé dont 400 couples se reproduisent ici. Ne soyez pas étonné de ne pas voir leur huppe, ils ne la gardent que quelques semaines par an au moment des parades. Mais comme à Goulien, les espèces les plus intéressantes au plan de la protection sont les guillemots et les pingouins. Parmi toutes les colonies bretonnes, Fréhel représente aujourd'hui l'espoir pour ces oiseaux décimés par les pollutions pétrolières au cours des 30 dernières années. Depuis 4 ans en effet, ils connaissent ici un renouveau très encourageant.
(Bruits)
Journaliste
Trevor, un îlot, plat, exigu, au large de la côte léonarde. De belles colonies de sternes y ont trouvé refuge après l'envahissement de leur site traditionnel par les goélands. Selon les années, 4 ou 5 espèces se partagent les différents milieux de l'île. Les sternes eux-mêmes pondent leurs oeufs et élèvent leur minuscules poussins dans les galets ou sur le sable des grèves. Avec un millier de couples seulement, la Sterne de Dougall est l'oiseau de mer le plus rare d'Europe du Nord et presque tous les reproducteurs français se trouvent ici sur Trevor. Quant à la Sterne caugek, c'est celle qui forme les colonies les plus denses. Les scientifiques de la SEPNB eux-mêmes doivent prendre un maximum de précaution lors des indispensables recensements des colonies. Débarquer sur une île à sterne est une opération très dangereuse pour ces oiseaux et leur progéniture. Dès qu'on met le pied sur l'île, c'est l'envol général. Les poussins sont alors exposés au soleil, aux intempéries et aux oiseaux de proies comme les goélands et les corneilles aussi longtemps que l'intrus est présent. Un simple séjour d'une demi-heure sur une île à sterne peut provoquer d'incroyables dégâts.
(Musique)
Journaliste
Bannec est situé entre les îles d'Ouessant et de Molène. A première vue, elle ne semble habitée que par des goélands et des huitriers. En fait, la véritable richesse de cette île se trouve sous terre et sous les blocs rocheux. Il vit plusieurs centaines de pétrels tempêtes et quelques couples de puffins des anglais mais comme ils ont des moeurs nocturnes, nous ne les verrons pas. Trois espèces de goélands nichent ici. Tous sont bâtis sur le même modèle et seuls les distinguent la taille, la teinte plus ou moins sombre du dos et des ailes et la couleur des pattes - jaune ou rose selon les cas. Tous ont un bec jaune, taché de rouge. La puissance de ce bec dénote qu'il s'agit d'oiseau de proies et de charognards. Leurs moeurs reproductrices sont également voisines, formant des colonies souvent importantes, ils pondent 3 gros oeufs dans un nid sommaire à même le sol.
(Bruits)
Journaliste
Les poussins obtiennent leur nourriture en piquant la tache rouge du bec des parents. Ces poissons n'ont sans doute pas été péchés par un goéland mais récupérés à la grève, dans un port ou derrière un bateau. Les mesures et les poids régulièrement notés par les scientifiques sur ces poussins de goéland individuellement marqués par une teinture, permettront d'étudier leur croissance et de mieux connaître leur biologie. Ces études sont d'autant plus indispensables qu'en raison de leur prolifération excessive, les goélands posent aujourd'hui de délicats problèmes de protection. De quelques dizaines de couples seulement au début du siècle, ils ont atteint aujourd'hui près de 75000 couples sur les côtes atlantiques françaises. Un tel développement, c'est souvent fait au détriment d'autres espèces plus fragiles comme les sternes, les guillemots ou les macarots. Des mesures de limitation s'imposent donc parfois, qu'il faut pouvoir prendre en pleine connaissance de cause.