Georges Marchais en meeting à Rennes

21 janvier 1981
03m 49s
Réf. 00218

Notice

Résumé :

Malgré des contestataires antinucléaires, Georges Marchais a tenu son meeting à Rennes. Il a prononcé un discours critique à l'encontre du Parti socialiste. Il est également revenu sur la nécessité d'implanter une centrale nucléaire à Plogoff.

Date de diffusion :
21 janvier 1981
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

En Bretagne, le communisme, très faible jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, bénéficie au lendemain de celle-ci d'une aura qui lui permet de s'implanter solidement dans certaines communes, en particulier dans le centre Bretagne. Des lendemains de la guerre jusqu'en 1958, il arrive à des niveaux pratiquement similaires à ceux des socialistes bretons, et ce jusqu'en 1968. S'il parvient encore à progresser grâce à l'union de la gauche jusqu'en 1978, c'est le PS qui le dépasse alors assez largement. Cette situation nécessite sans aucun doute la visite de Georges Marchais à Rennes au mois de janvier 1981, dans le cadre de la campagne pour les élections présidentielles, auxquelles il se présente.

Georges Marchais est né le 7 juin 1920 dans le Calvados et est issu d'un milieu populaire. Il obtient son certificat d'études en 1935 et accepte de travailler en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il retrouve du travail comme métallo et adhère à la CGT et au PCF. Il bénéficie d'une rapide promotion dans l'appareil communiste et devient un de ses principaux représentants avec Maurice Thorez. A la mort de ce dernier en 1964, Marchais acquiert une dimension internationale et devient même secrétaire général du PCF en décembre 1972. La même année, il signe le Programme commun PCF-PS.

Député du Val-de-Marne, député européen dans les années 1970, Marchais défend un communiste orthodoxe et le "bilan globalement positif" des pays communistes, avant de dénoncer le stalinisme en 1975. Après l'échec des législatives en 1978, la rupture du PS et du PCF est consommée. A nouveau, ce dernier se rapproche fortement de l'URSS. Mais l'opinion publique française est choquée et la cote personnelle de Marchais s'effondre. Lors des élections présidentielles de 1981, le PCF de Georges Marchais obtient en Bretagne un résultat inférieur à 5% environ à la moyenne nationale (10,2% au premier tour en Bretagne contre 15,3% à l'échelle nationale). Au second tour, François Mitterrand arrive en deuxième position en Bretagne – comme au premier tour – avec un peu moins de deux points d'écart. Comme dans le reste du pays, il a bénéficié du report des voix écologistes et communistes, mais la faiblesse de l'implantation du PCF en Bretagne depuis quelques années maintenant ne pouvait lui permettre de passer la barre des 50%. Lors des élections législatives qui suivent les présidentielles en 1981, les Bretons sanctionnent donc fortement les communistes. Ces derniers perdent 41% de leur électorat contre environ 21% à l'échelle nationale. Dès lors, le PCF se maintient dans ses bastions bretons (principalement les Côtes-du-Nord) mais recule fortement en dehors de ceux-ci. Marchais voit quant à lui son aura décliner, au rythme des défaites électorales successives, au point de renoncer à se présenter aux élections présidentielles de 1988. En 1994, il démissionne de son poste de secrétaire général du PCF. Il décède le 16 novembre 1997 à Paris.

Fabien Lostec

Transcription

Serge Emmanuel Chappelle
Très critique vis-à-vis du parti socialiste, mais réservant tout de même ses propos les plus durs au président de la République, tel est apparu Georges Marchais, qui tenait hier soir à Rennes son 29ème meeting politique. L'intervention du secrétaire général du PCF a duré 2 heures et il a constitué un véritable réquisitoire du septennat qui se termine. Meeting au demeurant mouvementé, à l'intérieur de la salle omnisports comme à l'extérieur, du fait de la présence d'antinucléaires et de militants d'extrême gauche.
Louis Marie Davy
Dans une salle omnisports bien remplie, ils se sont comptés 6.000 hier soir. Georges Marchais pouvait se féliciter d'avoir réuni le plus important meeting qu'il ait jamais tenu à Rennes. Dès avant de se rendre à la tribune, le secrétaire général du PC saisissait l'atmosphère de la soirée, plusieurs centaines de manifestants étaient massés à l'entrée principale de la salle omnisports, et ceux d'entre eux qui réussissaient à pénétrer se sont faits entendre durant toute la réunion. Scandant essentiellement 2 noms : Kaboul et Plogoff. Pendant que de jeunes militants zélés nous empêchaient de filmer les contestataires, Georges Marchais entamait un discours de 2 heures par un bilan impitoyable du septennat, mais c'était pour dénoncer aussitôt les dangers d'un consensus à 3, PS-RPR-UDF.
Georges Marchais
J'ai bien conscience qu'en évoquant de tels faits, car je n'ai fait que souligner des faits, je m'expose à me faire dire : mais Georges Marchais, voilà, il a encore attaqué François Mitterrand. Je veux donc profiter de l'occasion qui m'est donnée ce soir à Rennes, pour faire une mise au point. Mon objectif, est-ce comme je l'entends dès que je tourne le ba, le bouton de la radio ou de la télévision, de taper le plus fort possible, dès que j'en ai l'occasion, sur François Mitterrand ? Mon adversaire, est-ce le parti socialiste ? Non, absolument pas. Mon adversaire, c'est la politique de chômage, de privation pour les travailleurs, de restriction des libertés et d'abandon national. C'est cette politique-là que je combats, c'est son aggravation, voulue, prévue, programmée par le patronat que je veux empêcher. Si donc je suis amené à souligner les prises de position de François Mitterrand et à en montrer les dangers, ce n'est pas pour le plaisir de critiquer Mitterrand, c'est parce que je ne veux pas lui permettre de sauver la politique de Giscard d'Estaing, cette politique que je combats.
(Applaudissements)
Louis Marie Davy
2 heures plus tôt dans une conférence de presse, Georges Marchais avait fait connaître la lettre ouverte qu'il adresse aux Bretons à propos du nucléaire. A ceux qu'il fustige comme des nostalgiques de la lampe à huile, faux écologistes mais vrais anticommunistes, il s'est encore adressé hier soir pour défendre la position du PC.
Georges Marchais
Voilà pourquoi nous disons oui, il faut une centrale nucléaire de grande puissance en Bretagne, à Plogoff.
(Brouhaha)
Louis Marie Davy
Georges Marchais reviendra aussi sur les problèmes de l'immigration, pour dénoncer le risque de constitution de ghettos, de nouveaux Soweto ou de nouveaux Harlem. Il développera les 131 propositions du Parti Communiste pour promouvoir une politique nouvelle; Un espoir qui peut, a-t-il dit, se transformer en réalité, il nous reste pour cela 3 mois.