76-79 : ar bloavezhioù poultr [76-79 : les années de poudre]
Notice
72 gwalldaol a oa bet graet gant an FLB pe an ARB e Breizh e-pad "ar bloavezhioù poultr", etre 1976 ha 1979. [A l'occasion de la sortie du livre de Marie Pierre Bonnet, retour sur les années de poudre en Bretagne : 72 attentats contre des symboles de l'Etat sont revendiqués par le FLB ou l'ARB entre 1976 et 1979.]
Éclairage
Savet eo bet an FLB e 1966. Evid tud an FLB ez eo Breiz eur vroad aloubet gand ar Frañs : etre 1966 ha 1968, e lakeont bombezennou da darza evid distruja dreist-oll simbolou galloud Pariz : tiez-taillou, tiez-archerien ha kemend zo. E fin 1968, e teu ar polis a-benn da baka eun 50 bennag a dud : ar gwall-daoliou a jom a-zav. Goude c'hwitadenn referendom miz ebrel e ro De Gaulle e zilez. Pompidou, nevez dilennet, a gav gwelloh sioulaad an traou ha lezel ar Vretoned toullbahet da vond kuit euz ar prizon. Tud ar vro int-i a jom diseblant awalh. Eur zin eo evid ar stourmerien eo tomm awalh kalon ar Vretoned outo. Evid sacha evez an dud eo bet savet, e Pariz, d'ar 5 a viz du 1969, an "FLB-légal", med ne bad ket.
Azaleg 1971, n'eo ket nemetkén a-eneb ar Stad eo e stourm an FLB deuet da veza kuz. Ar re zo e-barz an FLB o-deus c'hoant skei gand ar re a ra, d'o zoñj, arhant braz e Breiz diwar goust ar Vretoned. Harzou-labour zo d'ar poent-se e Breiz, evid al lêz ; ouvrierien a zo o vanifesti e Saint-Brieg e-barz usin ar "Joint Français". Tud an FLB a fell dezo kemered perz e-barz ar stourmou sosial, eun doare evito da veza a-unan gand tud ar vro ha da glask sacha ar Vretoned diouz o zu. E miz ebrel 1972, ez eo harzet tost da zaou hant den : trizeg anezo a vo kaset dirag Lez-varn surentez ar Stad. Digeri a ra ar prosez c'hweh miz goude ; harpet e vo ar re damallet gand kalzig a dud er sindikajou med ive gand politikerien euz an tu kleiz. A-benn-ar-fin e teu da veza kentoh prosez ar Stad : dre e faot eo, a lavar ar re damallet, m'emañ ekonomiez ar vro hag ar Vretoned en arvar. Kondaonet e vint med laosket da vond. Azaleg 1966 beteg fin 1973, tost da gant gwall-daol a zo bet greet gand an FLB. Urziet awalh eo bremañ : renet eo gand eur "huzul-meur", dindannañ "kevrennou", "bagadou" ha "strolladou".
Ar gwall-daol en-neus skoet ar muia sperejou an dud eo eveljust hini peul ar Roc'h-Tredudon, d'ar 14 a viz c'hwevrer 1974. Tele e-béd ken e Breiz-Izel evid 300 000 famill e-pad diou pe deir zizun ; red e vo gortoz bloaz a-raog ma vefe adsavet ar peul. Gand ar gwall-daol-mañ e sao tabut. E miz meurz, ar Canard Enchaîné a skriv ez eo soudarded eo o-deus lakaet ar peul da darza, epad ma oant oh ober ekselsis war an dachenn. E 1981, Le Matin a deu en-dro war an afer. Arestet ez eus bet eur penn-braz euz an DST, greet gantañ a beb seurt taoliou kuz. Hervez ar helaouenner he-doa c'hoant an DST, da vare gwall-daol ar Roh-Tredudon, en em zila e-barz an FLB. Pal ar gouarnamant a oa lakaad ar stourmerien d'ober gwall-daoliou hag a lakafe ar Vretoned da sevel a-eneb dezo, hag er memez amzer rei tro d'ar polis da baka paotred an FLB. E 1994 e tispleg ar gelaouenn Emgann, dre ar munud, penaoz e oa bet diskaret ar peul gand an FLB ; lavared a ra ive e oa war ar plas soudarded ha tost e oa bet da baotred an FLB beza paket an taol-ze.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Un nebeud levrioù
Marie-Pierre Bonnet, Bretagne 79, les années de poudres, Eginf, Carhaix, 1989.
Erwan Chartier, La question bretonne, enquête sur les mouvements politiques bretons, Editions An Here, Plougastel-Daoulas, 2002.
Lionel Henry, Annick Lagadec, FLB-ARB l'histoire 1966-2005, Yoran Embanner, Fouesnant, 2006.
Michel Nicolas, Histoire de la revendication bretonne, Coop Breizh, Sizun, 2007.
Version française
La création du FLB a lieu en 1966. Considérant que la Bretagne vit sous occupation française, les attentats perpétrés entre 1966 et 1968 visent avant tout les bâtiments administratifs. L'arrestation d'une cinquantaine d'activistes en 1968 met un point d'arrêt aux attentats. Après l'échec du référendum d'avril, De Gaulle démissionne. Pompidou récemment élu préfère jouer l'apaisement et amnistie les prisonniers bretons. La population quant à elle reste relativement indifférente à l'affaire. Les militants y voient un signe de bienveillance à leur égard. Afin de renouveler l'image du FLB, le 5 novembre 1969 à Paris, le FLB légal voit le jour, mais il est éphémère.
A partir de 1971, les attentats du FLB - devenu clandestin - ne visent plus seulement l'Etat mais "les agents de l'impérialisme en Bretagne" qui selon lui amassent des fortunes en dilapidant la population bretonne. C'est l'époque de la grève du lait, les ouvriers du "Joint Français" manifestent à Saint-Brieuc. Le FLB veut prendre part à la lutte sociale, et ainsi se rapprocher de la population pour obtenir son adhésion. 200 militants sont arrêtés en 1972, treize d'entre eux sont présentés devant la Cour de Sûreté de l'Etat. Le procès s'ouvre six mois plus tard ; les accusés obtiendront le soutien d'un certain nombre de personnalités politiques et syndicales de gauche. Le procès qui se déroule prend la forme d'une accusation envers l'Etat : c'est ce dernier qui met en danger l'économie bretonne et les Bretons. Finalement, c'est le sursis pour tous les prisonniers.
Entre 1966 et la fin de l'année 1973, le FLB a commis une centaine d'attentats. Une forme de hiérarchisation s'établit avec, à son sommet, le "grand conseil" coordonnateur des commandos qui se déclinent en "kevrennou", "bagadou" et "strolladou".
L'attentat qui reste dans les mémoires est sans aucun doute celui de l'antenne du Roc'h-Trédudon, le 14 février 1974. 300 000 foyers sont privés de télévision durant deux à trois semaines. Il faudra attendre un an avant que le pylône ne soit réparé. C'est à propos de cet attentat qu'une polémique éclate. En mars, le Canard Enchaîné révèle que ce sont des soldats en manœuvre qui, involontairement, auraient fait exploser l'antenne. En 1981, à l'occasion de l'arrestation d'un haut dirigeant de la DST ayant participé à de nombreuses opérations compromettantes, Le Matin revient sur l'affaire. Selon le journaliste, à l'époque de l'attentat du Roc'h-Trédudon, la DST souhaitait infiltrer le FLB. Le gouvernement avait pour objectif d'inciter les activistes à commettre des attentats qui discréditeraient le FLB aux yeux de la population mais qui permettraient aussi à la police d'arrêter les responsables. En 1994, le magazine Emgann explique dans le détail le déroulement de l'attentat du Roc'h-Trédudon et confirme la présence de soldats sur les lieux. De même, il précise que les activistes avaient bien failli se faire prendre ce jour-là.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Bibliographie
Marie-Pierre Bonnet, Bretagne 79, les années de poudres, Eginf, Carhaix, 1989.
Erwan Chartier, La question bretonne, enquête sur les mouvements politiques bretons, Editions An Here, Plougastel-Daoulas, 2002.
Lionel Henry, Annick Lagadec, FLB-ARB l'histoire 1966-2005, Yoran Embanner, Fouesnant, 2006.
Michel Nicolas, Histoire de la revendication bretonne, Coop Breizh, Sizun, 2007.