Le remembrement dans le Morbihan
Notice
Interrogés par Sylvie Andreu, réactions de habitants de Plumelec, dans le Morbihan, à propos du remembrement, auquel ils sont favorables.
Éclairage
Cet extrait audio peut sembler faire double-emploi avec le reportage vidéo consacré au même sujet (Region00257) dans la même commune qui, il est vrai, était considérée comme pilote puisque remembrée dès 1953. De plus, les deux extraits illustrent une perception optimiste des conséquences de cette réorganisation des terres.
Mais ici, le témoin interrogé fait appel à des arguments que nous n'avions pas encore entendu : le remembrement aurait favorisé le reboisement !
Rappelons d'abord que le remembrement est l'aménagement des structures d'exploitation afin de privilégier le regroupement des terres agricoles d'une même exploitation. La révolution fourragère, qui impliquait la réduction des coûts d'exploitation et l'usage des machines modernes, lui a donné une vraie urgence dans les années 50. Le bocage breton qui abritait des fermes aux petites parcelles dispersées a été particulièrement concerné.
Le témoin prend le contre-pied du point de vue le plus souvent entendu : par la suppression des haies et des talus le remembrement a transformé le paysage et a favorisé le déboisement. Lui rappelle l'ancienne présence de la « vaine pature ». Il s'agit d'un droit ancien qui permettait aux habitants d'une communauté de faire pâturer les bêtes sur des terres fraichement moissonnées et mises en gestion collective. Avec l'usage des terres communales - espaces communs qui appartenaient à la communauté – la vaine pature était pour les pauvres le moyen d'entretenir quelques bêtes. Le témoin confond peut-être vaine pâture et communaux mais quoiqu'il en soit, pour lui, le remembrement a permis la disparition de cette gestion anachronique puisque les nouveaux propriétaires ont défriché des hectares de landes pour reboiser. Ce point de vue ne peut concerner que les communes qui n'avaient pas été transformées par l'embocagement généralisé du XIXe et qui possèdaient encore au XXe de grands espaces de champs découverts.
Martine Cocaud – CERHIO – UHB Rennes 2