Manuel Valls a visité le quartier d'Amiens Nord suite aux incidents
Notice
Manuel Valls, Ministre de l'intérieur a été envoyé en visite à Amiens Nord après les incidents entre jeunes et forces l'ordre. A son arrivée, sous les cris, il a reçu des représentants du quartier. Il a demandé que l'ordre revienne "pour tous ceux que l'on n'entend pas".
Éclairage
Au début des années 1960, s'achève la reconstruction d'Amiens. Avec 107 000 habitants en 1962, la ville en a gagné 25 000 depuis 1945. C'est le temps de la politique des grands ensembles, qui apparaît comme une nécessité pour résoudre la crise du logement. En 1958, des immeubles collectifs voient ainsi le jour, les deux grands chantiers se situant en périphérie nord d'Amiens : la première barre, un ensemble de 471 appartements et de 310 mètres de long, est achevée à Etouvie. Au printemps 1959, d'autres travaux sont lancés sur la zone franche à urbaniser, un terrain cultivé situé entre la route de Doullens et la route de Raineville et où se trouve un pigeonnier à colombages : c'est le quartier du Pigeonnier, qui se dresse en bordure de la nouvelle artère nord de la ville et qui reçoit officiellement le label ZUP (zone à urbaniser en priorité) à l'automne. La municipalité, dirigée par le socialiste Maurice Vast depuis 1944 – hormis l'intérim de son adjoint Camille Goret de 1953 à 1959 – attribue en priorité les crédits au secteur nord de la ville. Les premiers habitants s'installent au début des années soixante. Le Ministre de la Construction, Jacques Maziol, inaugure officiellement le quartier du Pigeonnier le 11 juin 1965, en présence de Maurice Vast, qui vient de claquer la porte de la SFIO et d'être réélu maire d'Amiens. Il faudra cependant plusieurs années pour que le quartier prenne sa forme définitive.
A partir des années 1990, ces quartiers nord – en proie au chômage, éloignés et en rupture avec la ville ancienne reconquise sous le mayorat de René Lamps – où logent de fortes densités maghrébines, une communauté harkie et une majorité de jeunes de moins de 20 ans, sont le théâtre de violences urbaines : en 1991, en 1994 (suite au meurtre raciste d'un harki), en 1997 (affrontements entre des bandes d'Amiens et Creil), en 1999-2000, puis encore en 2006 et 2008 suite aux émeutes en banlieue parisienne. 32 années après le général de Gaulle et 9 ans après François Mitterrand, Amiens reçoit deux visites présidentielles de Jacques Chirac en 1996 puis en 2006. En 1996, le chef de l'État se rend sur les terres de Gilles de Robien, en plein quartier nord, candidat à zone franche et symbole de la « fracture sociale » chère au Président de la République. La capitale picarde bénéficie dès 1996 de la politique de la ville, comme Creil-Montataire (Oise) et Saint-Quentin (Aisne) : les quartiers nord d'Amiens sont classés en zone urbaine sensible (ZUS), bénéficient de zones de redynamisation urbaine (ZRU) et d'une zone franche urbaine (ZFU).
Le 14 août 2012, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, se déplace également à Amiens suite aux violents affrontements entre une centaine de jeunes et les forces de l'ordre. Le point de départ de ces émeutes est un contrôle routier qui tourne mal. Après un attroupement hostile et les premiers échauffourées, le dimanche 12 dans la soirée, les violences dégénèrent le lundi soir alors que les forces de l'ordre sont venues sécuriser le quartier nord suite aux événements de la veille. Après cette nuit de violence, 17 policiers sont blessés, des voitures et des poubelles incendiées, une école maternelle et un gymnase également saccagés. Dès lors, ces événements prennent une dimension politique : Manuel Valls se rend sur place le mardi et adresse un message de fermeté. Dès mardi soir, des policiers sont envoyés en renfort. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ils procèdent aux premières interpellations. En septembre 2012, Amiens est classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP). En avril 2013, le ministre de l'Intérieur revient à Amiens faire le bilan de ce dispositif. D'autres interpellations ont eu lieu, en mars, mai et juin 2013. Au total, 27 individus ont été mis en examen.