Manuel Valls a visité le quartier d'Amiens Nord suite aux incidents

15 août 2012
02m 03s
Réf. 00221

Notice

Résumé :

Manuel Valls, Ministre de l'intérieur a été envoyé en visite à Amiens Nord après les incidents entre jeunes et forces l'ordre. A son arrivée, sous les cris, il a reçu des représentants du quartier. Il a demandé que l'ordre revienne "pour tous ceux que l'on n'entend pas".

Date de diffusion :
15 août 2012
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Éclairage

Au début des années 1960, s'achève la reconstruction d'Amiens. Avec 107 000 habitants en 1962, la ville en a gagné 25 000 depuis 1945. C'est le temps de la politique des grands ensembles, qui apparaît comme une nécessité pour résoudre la crise du logement. En 1958, des immeubles collectifs voient ainsi le jour, les deux grands chantiers se situant en périphérie nord d'Amiens : la première barre, un ensemble de 471 appartements et de 310 mètres de long, est achevée à Etouvie. Au printemps 1959, d'autres travaux sont lancés sur la zone franche à urbaniser, un terrain cultivé situé entre la route de Doullens et la route de Raineville et où se trouve un pigeonnier à colombages : c'est le quartier du Pigeonnier, qui se dresse en bordure de la nouvelle artère nord de la ville et qui reçoit officiellement le label ZUP (zone à urbaniser en priorité) à l'automne. La municipalité, dirigée par le socialiste Maurice Vast depuis 1944 – hormis l'intérim de son adjoint Camille Goret de 1953 à 1959 – attribue en priorité les crédits au secteur nord de la ville. Les premiers habitants s'installent au début des années soixante. Le Ministre de la Construction, Jacques Maziol, inaugure officiellement le quartier du Pigeonnier le 11 juin 1965, en présence de Maurice Vast, qui vient de claquer la porte de la SFIO et d'être réélu maire d'Amiens. Il faudra cependant plusieurs années pour que le quartier prenne sa forme définitive.

A partir des années 1990, ces quartiers nord – en proie au chômage, éloignés et en rupture avec la ville ancienne reconquise sous le mayorat de René Lamps – où logent de fortes densités maghrébines, une communauté harkie et une majorité de jeunes de moins de 20 ans, sont le théâtre de violences urbaines : en 1991, en 1994 (suite au meurtre raciste d'un harki), en 1997 (affrontements entre des bandes d'Amiens et Creil), en 1999-2000, puis encore en 2006 et 2008 suite aux émeutes en banlieue parisienne. 32 années après le général de Gaulle et 9 ans après François Mitterrand, Amiens reçoit deux visites présidentielles de Jacques Chirac en 1996 puis en 2006. En 1996, le chef de l'État se rend sur les terres de Gilles de Robien, en plein quartier nord, candidat à zone franche et symbole de la « fracture sociale » chère au Président de la République. La capitale picarde bénéficie dès 1996 de la politique de la ville, comme Creil-Montataire (Oise) et Saint-Quentin (Aisne) : les quartiers nord d'Amiens sont classés en zone urbaine sensible (ZUS), bénéficient de zones de redynamisation urbaine (ZRU) et d'une zone franche urbaine (ZFU).

Le 14 août 2012, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, se déplace également à Amiens suite aux violents affrontements entre une centaine de jeunes et les forces de l'ordre. Le point de départ de ces émeutes est un contrôle routier qui tourne mal. Après un attroupement hostile et les premiers échauffourées, le dimanche 12 dans la soirée, les violences dégénèrent le lundi soir alors que les forces de l'ordre sont venues sécuriser le quartier nord suite aux événements de la veille. Après cette nuit de violence, 17 policiers sont blessés, des voitures et des poubelles incendiées, une école maternelle et un gymnase également saccagés. Dès lors, ces événements prennent une dimension politique : Manuel Valls se rend sur place le mardi et adresse un message de fermeté. Dès mardi soir, des policiers sont envoyés en renfort. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ils procèdent aux premières interpellations. En septembre 2012, Amiens est classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP). En avril 2013, le ministre de l'Intérieur revient à Amiens faire le bilan de ce dispositif. D'autres interpellations ont eu lieu, en mars, mai et juin 2013. Au total, 27 individus ont été mis en examen.

Julien Cahon

Transcription

Christophe Lépine
Une nuit qui a donc été calme, hier, peut-être aussi liée au discours de fermeté du gouvernement. Pas question, pour François Hollande et son équipe, de se laisser déborder sur le terrain de la sécurité. Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur a donc été dépêché sur place dans l’après-midi. Compte-rendu de visite de Laura Rochette et Arnaud Wust, une visite pour le moins chahutée, en tout cas à son arrivée.
(Bruit)
Rochette§Laura
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’accueil du ministre de l’Intérieur a été plus que mouvementé. Dès son arrivée dans une antenne sociale de la mairie, il a tenu à recevoir des représentants du quartier pour tenter de comprendre les causes des émeutes de la veille. Il a rappelé son soutien indéfectible aux forces de l’ordre. Son message, aujourd'hui, est clair.
Valls§Manuel
Je demande aux autorités, ici, de faire en sorte que, dans les heures qui viennent, l’ordre soit redevenu, ici, une réalité pour tous ceux qui ne parlent pas, pour tous ceux qu’on n’entend pas, pour tous ceux qui subissent cette violence.
Rochette§Laura
Manuel Valls rejette toute provocation policière comme une justification à ces violences.
Valls§Manuel
On peut tout entendre. On peut dialoguer de tout. On peut demander un autre rapport avec les forces de l’ordre comme avec des élus comme avec des autorités de la République. Mais rien, encore une fois, ne peut justifier de tels actes. Et l’ordre républicain doit revenir à Amiens.
Rochette§Laura
Sa visite se poursuit à l’école maternelle incendiée. Le ministre de l’Intérieur est choqué comme la plupart des habitants d’Amiens, des destructions de la nuit. Mais il n’a, pour le moment, pas annoncé de nouveau dispositif policier.
Valls§Manuel
Au moment où des forces de l’ordre sont attaquées, qu’on tire sur des policiers et où des équipements publics sont détruits, vous pensez que moi, je vais, aujourd'hui, là, faire un grand discours sur la police de proximité ? Evidemment qu’on a besoin d’une police proche du terrain, proche des gens.
Rochette§Laura
Fin de visite du quartier dans une ambiance moins tendue. Manuel Valls a pu brièvement discuter avec quelques habitants avant de se rendre à l’hôtel de police d’Amiens.