Exposition sur la bataille de Saint-Quentin (10 août 1557)
Notice
Le 10 août 1557, les Français essuyaient une cuisante défaite devant Saint-Quentin, face aux troupes espagnoles livrant la ville au siège et au pillage. Une exposition présentée par Annette Poulet, directrice de l'office de tourisme de Saint-Quentin, retrace cet événement vieux de 450 ans. Elle indique que l'amiral de Coligny et la population de Saint-Quentin on courageusement tenu pendant 25 jours retardant l'avancée espagnole, un événement qui a profondément marqué la ville.
- Europe > France > Picardie > Aisne > Saint-Quentin
Éclairage
Bien avant 1916, la Somme a été le théâtre de batailles, pas toutes glorieuses, à l'instar de celle de Saint-Quentin dite aussi bataille de la Saint-Laurent.
Elle est survenue le 10 août 1557, dans la plaine d'Essigny-le-Grand, à quelques kilomètres de la ville. Elle s'inscrit dans le cadre d'une énième guerre entre Valois et Habsbourg, déclenchée en 1557 par une incursion française en Italie et à laquelle Philippe II riposte par une attaque en Picardie depuis les Pays-Bas espagnols.
Le 2 août, une formidable armée de cinquante mille hommes se présente devant la ville que l'amiral de Coligny, gouverneur de Picardie, tente de défendre avec l'aide des bourgeois. On sait, cependant, que la place ne tiendra pas longtemps étant donné le déséquilibre des forces. Une première tentative de secours échoue le 4 août, entraînant la perte d'environ quatre cents hommes. Henri II confie alors le soin de débloquer la situation au connétable Anne de Montmorency, dont la réputation militaire n'est plus à faire.
Ayant sous son commandement environ vingt mille fantassins et cinq mille cavaliers, disposant d'une quinzaine de pièces d'artillerie, le connétable ne doute pas de sa capacité à desserrer l'étau de l'ennemi sur la ville mais il pèche par orgueil. Car, côté adverse, les opérations sont dirigées par Emmanuel Philibert de Savoie, certes moins expérimenté que lui, mais qui puise sa combativité dans le ressentiment qu'il a conçu envers la Couronne de France de l'avoir dépossédé de ses terres.
L'intention de Montmorency est de faire franchir la Somme à une partie de ses hommes, afin de renforcer la défense de Saint-Quentin, tout en laissant le reste embusqué à proximité, dans le bois de Montescourt. Le 10 août, il ordonne donc de canonner les lignes ennemies et à ses soldats d'embarquer sur une douzaine de bateaux qui ne tardent pas à s'enliser dans ces eaux marécageuses, ce qui fait perdre un temps précieux aux Français, dont un certain nombre périt noyé ou tué par les arquebusiers espagnols. Pendant ce temps, vers midi, alors qu'il a délibérément laissé courir la rumeur que plusieurs de ses détachements sont partis à la rencontre de Philippe II, sur la route de Cambrai, Philibert Emmanuel fait traverser la rivière à ses cavaliers sur un pont improvisé, au niveau du passage de Rouvroy, non sécurisé par les Français parce que jugé impraticable. Puis, Philibert Emmanuel lance une violente charge équestre contre les Français qui s'attendaient plutôt à un assaut de fantassins et qui se retrouvent littéralement acculés dans le marais de Gronard.
Malgré les efforts de Montmorency en vue d'organiser une retraite en bon ordre vers La Fère, à une vingtaine de kilomètres, c'est la débandade. Pilonnée par les canons espagnols, enfoncée de tous les côtés par les cavaliers et les fantassins ennemis, l'armée française se disloque en quelques heures, sous le coup notamment de l'abandon des cinq mille mercenaires allemands sur lesquels on comptait beaucoup. Dès lors, en dépit de leur bravoure, à l'image de Montmorency, grièvement blessé mais pas tué, ce qui aurait pu sauver son honneur, on assiste à un véritable carnage côté français. Trois mille d'entre eux meurent sur place, autant sont massacrés alors qu'ils tentent de s'enfuir, encore autant sont capturés dont mille cinq cent personnages de haut rang tel Montmorency. En fait, l'armée française a perdu à peu près les deux tiers de ses effectifs, ce qui met Henri II dans l'impossibilité de résister à une éventuelle "descente" espagnole vers Paris. Toutefois, arrivé sur les lieux trois jours plus tard, Philippe II préfère concentrer ses efforts sur la prise de Saint-Quentin, qui ne tombe que le 27 août. Néanmoins, à ce moment, les belligérants sont épuisés, ce qui explique la conclusion, les 2 et 3 avril 1559, de la paix de Cateau-Cambrésis. Aujourd'hui, seul l'Escorial, dédié par Philippe II à Saint-Laurent en action de grâce pour cette victoire inespérée, témoigne de l'importance de cet événement que les Français, eux, préfèrent oublier...