Rencontre européenne des agro-composites
Notice
Saint-Quentin accueille la 5ème édition des "Rencontres européennes des agro-composites". Ces nouveaux matériaux constitués en partie de végétaux qui allient l'agriculture et la recherche sont un secteur d'avenir pour la Picardie. Reportage pour comprendre l'intérêt de ces nouveaux materiaux. Vincent Duminil, responsable innovation chez Artengo présente une raquette de tennis en fibre de lin. Entreprise et chercheurs se sont rencontrés. Estelle Bretagne, enseignant-chercheur, souligne l'intérêt présenté par les fibres végétales. Charles Ribe, président de la CCI de l'Aisne estime que la Picardie a intérêt à développer les agro-ressources.
- Europe > France > Picardie > Aisne > Saint-Quentin
Éclairage
Un matériau composite est un assemblage d'au moins deux constituants dont les qualités respectives se complètent pour former un nouveau matériau doté de performances supérieures à celles des éléments initiaux pris séparément.
Apparus dans les années 1940, les matériaux composites n'ont connu une réelle montée en puissance dans les procédés industriels que très récemment (notamment dans l'aéronautique). A titre d'exemple, le Boeing 787-8 de la nouvelle gamme "Dreamliner" (787), commercialisé depuis 2011 est composé à plus de 50% de matériaux composites alors que le 777, entré en service en 1995, n'en contenait qu'environ 12% (l'Airbus A350 XWB pour "extra wide body" en contient quant à lui 53 % !). La firme américaine promet une réduction de la consommation de carburant et d'émissions polluantes de 20% supérieures à celle des appareils existants sur le marché.
Malgré leur coût souvent plus élevé que les matériaux classiques (les cours des métaux sont tout de même sujet à des variations très importantes), les composites disposent de nombreux atouts notamment en termes fonctionnels. Ils permettent de réaliser des formes plus complexes. De plus, ils sont plus légers et permettent donc de réduire la consommation énergétique lorsqu'ils sont utilisés dans des moyens de transport notamment (avions, trains...etc.). Ils contribuent aussi au renforcement de la sécurité grâce à leur meilleure résistance aux chocs et au feu. Enfin, parmi leurs nombreuses qualités, ils assurent une meilleure isolation thermique et acoustique, voire pour certains, une isolation électrique plus efficace.
En revanche, ils comportent plusieurs faiblesses non négligeables parmi lesquels, pour beaucoup, celui d'être issus des ressources fossiles ; avec les inconvénients environnementaux inhérents et la crainte de la raréfaction propres aux dérivés du pétrole dont le prix risque de continuer à grimper. Des éléments importants (polyéthylène, polypropylène...etc.) entrant dans la composition de certains matériaux composites traditionnels sont en effet issus des hydrocarbures. De plus, ils présentent des difficultés en termes de recyclage, la fin de vie de ces produits étant encore problématique à ce jour.
D'où l'idée de remplacer progressivement les intrants pétrochimiques par des éléments biosourcés (lin et chanvre principalement). Renouvelables, ces constituants naturels offrent un meilleur bilan carbone ainsi qu'un prix compétitif.
La Picardie veut jouer à fond cette carte d'avenir à travers les projets collaboratifs menés de longue date au sein du pôle de compétitivité IAR, et la culture du lin, particulièrement développée sur le littoral régional (deuxième région française la plus productrice après la Haute-Normandie).
Les rencontres européennes des agro-composites présentées ici se sont déroulées dans l'Aisne à Saint-Quentin. Elles ont permis de faire le point entre industriels et chercheurs sur les dernières avancées en la matière. Les discussions ont notamment porté sur les avantages des fibres naturelles et l'intérêt d'en généraliser l'usage. Grâce à sa faible densité, la fibre de lin dispose, en effet, de propriétés mécaniques remarquables notamment en termes de résistance à la tractation ; le point fort de la fibre de verre qu'elle vient donc directement concurrencer.
Des industriels de renom (Aerospace, Airbus, Alston, Arkema, Bombardier, Eurocopter, PSA, Renault, Toyota, Zodiac entre autres) mais aussi des entreprises plus modestes (comme la start-up Notox) investissent depuis quelques années dans la filière. Faurecia, présent en Picardie (Méru dans l'Oise) à travers une unité de production et de recherche-développement et qui emploie plus de 1300 salariés (quatrième employeur privé de la région), a compris l'enjeu qui se joue actuellement autour des fibres végétales en intégrant le pôle de compétitivité IAR. L'équipementier automobile souhaite par cette démarche bénéficier des avancées technologiques lui permettant notamment mais pas seulement de se conformer à la directive européenne sur la recyclabilité des véhicules qui impose de faire passer le taux de réutilisation et de valorisation (en poids moyen par véhicule et par an) de 85% aujourd'hui à 95% en 2015. Des planches de bord, des conduites d'air et des panneaux de portes de nouvelle génération ont ainsi vu le jour.
IAR prouve ainsi qu'il est possible de développer des partenariats locaux public-privé originaux au service de la redynamisation des territoires.