Jean Calvin
Notice
Évocation de Jean Calvin qui naît en 1509 à Noyon. Attiré par les idées luthériennes, il fonde une nouvelle église et doit quitter la France pour la Suisse où il rédige L'institution de la religion chrétienne, livre de base de la Réformation. Georges Casalis du musée Calvin à Noyon, retrace le cheminement du jeune Calvin de Noyon à Paris, puis l'exil en Suisse.
Éclairage
Jean Calvin est un Picard mondialement connu comme le fondateur de l'une des principales confessions protestantes. Toutefois, il n'a que très peu marqué sa région natale de son empreinte.
À la différence de Luther, Calvin ne fut pas prolixe sur lui-même, notamment sur les motifs de son apostasie vis-à-vis de la religion catholique romaine. Néanmoins, sa biographie nous est bien connue, surtout pour la deuxième partie de sa vie, où Calvin s'est fixé à Genève.
Car, à l'instar des intellectuels de son temps, Calvin est un nomade. C'est aussi un exilé qui a définitivement quitté sa patrie à l'âge de vingt-cinq ans, pour ne plus jamais y revenir, ce qui ne signifie pas qu'il s'en est désintéressé.
Ainsi, Calvin ne passe que peu de temps à Noyon où il est né le 10 juillet 1509, d'une mère dévote et morte précocement et d'un père autoritaire, notaire et administrateur des biens du chapitre cathédral. Promis à la prêtrise, Jehan Cauvin est tonsuré à douze ans, ce qui lui permet de faire ses études sous le patronage de l'Église. Ayant fait la preuve d'une intelligence hors du commun, Calvin gagne très tôt les collèges parisiens, dans l'intention de faire de la théologie. Mais, sur les injonctions de son père, qui a eu des démêlés avec l'Église, il se tourne vers le droit dont il est licencié en 1533, un an après la mort de ce dernier. Désormais libre de faire ce qu'il lui plaît, il se tourne vers les lettres et la théologie. À Paris, il parfait sa formation et fréquente le milieu des humanistes chrétiens qui redécouvrent les Écritures et, ce faisant, sont amenés à prendre quelque distance avec le dogme catholique.
En 1533-34, à cause de l'affaire dite des Placards, c'est-à-dire une violente attaque contre la messe, et de la répression qui s'abat alors contre les "mal sentant de la foi" dont il fait partie, Calvin doit fuir Paris pour se réfugier en province et, finalement, quitter le royaume pour Bâle, où il publie en latin sa fameuse Institution de la Religion Chrétienne. Il y expose avec rigueur et clarté sa conception de la religion dite réformée, en rupture sur bien des points avec l'orthodoxie catholique. En 1536, Calvin décide de partir pour Strasbourg où s'épanouit une église réformée sous l'égide de Bucer. Mais des passages de troupes l'obligent à bifurquer par Genève où le réformateur Guillaume Farel le persuade de le seconder dans la mise en œuvre de la transformation religieuse de la ville. Cependant, l'intransigeance des deux hommes suscite une telle opposition qu'ils sont contraints de partir en 1538. Calvin s'installe comme pasteur à Strasbourg où il serait resté si les autorités genevoises, qui ont changé d'avis entre temps, ne l'avaient pas rappelé. En 1541, après la publication de la version française de l' Institution de la Religion Chrétienne, Calvin accepte de refaire une tentative qui se solde cette fois par un succès, même si ce ne fut pas sans mal.
Or, une fois solidement établi à Genève, jusqu'à sa mort, le 27 mai 1564, Calvin s'emploie à soutenir les réformés français, leur conseillant, dans un premier temps, de venir se réfugier à Genève pour échapper aux persécutions orchestrées par la royauté, puis, à partir de 1555, d'organiser leurs propres églises. Pour les aider, il envoie des quantités de lettres, où il prodigue ses conseils, ainsi que des missionnaires formés à Genève, surtout après la création de l'Académie en 1559.
Certes, Calvin n'oublie pas la Picardie mais dans cette région farouchement catholique, très surveillée par le pouvoir monarchique, la religion réformée peine à s'enraciner, bien que l'on compte plusieurs communautés de ce type, à Amiens et Montdidier, où Guy de Brès exerce son apostolat avant de mourir en martyr, et surtout dans le département actuel de l'Aisne, à Landouzy, Chauny ou Saint-Quentin. Cela dit, ces églises ont du mal à se maintenir, même en vertu de l'Édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion en 1598 et, de ce point de vue, sa révocation, en 1685, apparaît comme une formalité. Même la maison natale de Calvin a disparu, celle que l'on connaît aujourd'hui comme le musée portant son nom ayant été rebâtie seulement après la Première Guerre mondiale.