Saint-Valery-sur-Somme une station balnéaire de plus en plus prisée
Notice
Gros plan sur Saint-Valery-sur-Somme, une station balnéaire qui en l'espace de 20 ans est devenue la station balnéaire très cotée de la Baie de Somme. C'est en perdant sa plage dans les années 70 qu'elle se démarque des autres villes côtières : elle n'attire plus de tourisme de masse, mais une clientèle fortunée, en quête d'authenticité, de calme, et d'une certaine qualité de vie. Le marché de l'immobilier s'est envolé, mais pour les commerçants, comme Denis Courtois, si l'afflux touristique est une manne, il faut veiller à ce que la station ne perde pas son âme. Par ailleurs, grâce à sa situation géographique Saint-Valery draine une clientèle venant de l'étranger.
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Éclairage
Beau temps sur la Baie de Somme : sur sa rive sud, Saint-Valery-sur-Somme, le port millénaire d'où Guillaume le Conquérant s'embarqua pour l'Angleterre est aussi la cité historique où Jeanne d'Arc fut enfermée. Station touristique vantée pour ses activités de chasse et de pêche autant que ses paysages au début du XXe siècle, elle semble pâtir, à la fin du XXe, comme le souligne le reportage diffusé le 25 juin 2010, d'un manque de plage, à la différence du Crotoy, concurrente du nord de la baie.
Paradoxe ? Malgré cet apparent handicap, le document insiste, justement, sur la réussite touristique du lieu. Elle est mesurée à l'aune des prix de l'immobilier, des taux de remplissages hôteliers autant que des recettes commerciales. A l'appui, les interviews de touristes permettent de cerner les raisons de leurs venues autant que la diversité des origines, peut-être plus objectivement appréciables : parisiens et britanniques, dans la tradition balnéaire de la Picardie, belges, suivant la voie ouverte par l'autoroute A 16, si ce n'est la promotion assurée par l'aire de repos de la Baie de Somme et la "bétonisation" aujourd'hui pénalisante de leur propre littoral.
Cette réussite n'est pas le fruit du hasard ou de la simple dotation généreuse de la nature, mais d'une réflexion sur les conditions contemporaines de la mise en tourisme. Le travail sur la "qualité" du lieu, entrepris à la fin des années 1990, semble porter ses fruits. L'image de ville historique autant que le nombre et la diversité des équipements de restauration et d'hôtellerie constituent un argument de poids. L'organisation de la ville et le soin apporté aux éléments marquants de son architecture y contribuent encore. De ce point de vue, Saint-Valery est devenu un lieu très urbain, non seulement dans ses allures, mais dans ses fonctionnements et ses sociabilités. Et elle n'est pas seulement lieu de résidences secondaires. Certains de ses habitants travaillent à Amiens, par exemple. Assurément, ils y trouvent un environnement conforme aux valeurs urbaines "positives" : la baie de Somme et ses phoques servent, à l'occasion, de vaste et magnifique terrain de jeu quand le tout est rehaussé par quelques pratiques originales, la course pédestre de la Transbaie entre autres, du reste fondée par Denis Courtois en 1989 et ici interviewé parmi les commerçants, ou attractions reconnues, le petit train, par exemple.
Saint-Valery représente ainsi un modèle de développement touristique de "qualité", autrement dit fréquenté par des populations aux revenus plutôt aisés capables, en outre, de séduire aussi des résidents. Il valorise ce qui fait de Saint-Valery un lieu singulier, c'est-à-dire à la fois unique et spécifique mais aussi ouvert, du moins vers une certaine clientèle. On peut en contester le choix d'un point de vue politique, parce que – argument implicite du "charme" anti-dote du tourisme dit "de masse" –, il est socialement sélectif. Mais il y a peu de doute sur les résultats. En jouant sur ce qu'elle n'a pas, la commune a pu se positionner et réussir son placement. Face à cet apparent paradoxe, ce que dit, de ce point de vue, le reportage est aussi clair que ce qu'il montre...