Quoi de neuf depuis l'ouverture de l'autoroute A16 ?
Notice
La rubrique du JT Picardie Quoi de neuf depuis? a dressé un bilan de l'autoroute A16. En 15 ans d'existence, elle a largement contribué au développement touristique de la côte Picarde et de la Côte d'Opale. Les touristes étrangers représentent 30 % de la clientèle en Picardie et l'A16 a désenclavé une bonne partie du Nord Ouest de la France. Le tourisme n'est pas le seul secteur à en bénéficier, dans L'Oise, c'est un moteur économique, il a permis le développement de l'aéroport low cost de Beauvais. Seule critique dorénavant : le prix des péages.
Éclairage
L'autoroute A16 ainsi que l'autoroute A1 bis avaient été retenues comme des liaisons de premier ordre au schéma directeur des grandes liaisons routières de 1972. Inscrite au Plan routier Transmanche et au Schéma Directeur Routier National de 1986, réaffirmée par le CIAT (Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire) du 13 Avril 1987, seule l'autoroute A16 a finalement été ouverte, par tronçons, entre 1993 et 1998 ; elle relie aujourd'hui L'Isle-Adam, dans le Val d'Oise, à la frontière belge via Amiens, Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque, tandis que l'autoroute A1bis, projet de dédoublement partiel de l'autoroute A1 entre Amiens et la Belgique, qui fut, à partir de 1996, officiellement appelée A24 puis Liaison Autoroutière Amiens Lille Belgique, est restée aujourd'hui à l'état de projet, arrêté à la suite du Grenelle de l'environnement de 2007.
Dans l'esprit des acteurs de ce projet d'infrastructure, l'autoroute A16 devait remplir plusieurs fonctions à différentes échelles. Il s'agissait bien sûr d'améliorer les liaisons à grande distance entre l'ouest de la région-capitale et le nord-ouest européen, par l'intermédiaire des terminaux trans-manches de Calais, en direction du Royaume-Uni et de la connexion de l'autoroute A16 avec l'autoroute A18, en Belgique, qui se dirige vers Ostende et Bruges. A une échelle régionale, le tracé de la nouvelle autoroute devait permettre de désenclaver la côte picarde et la côte d'Opale, afin de favoriser leur développement économique, en particulier sur le plan touristique, en facilitant leur accès à des touristes étrangers (belges ou britanniques) ou français (et, plus particulièrement, en provenance de la région parisienne). Localement, enfin, l'autoroute sert également de facto de contournement partiel (à Abbeville, Boulogne, Calais ou Dunkerque) ou de section d'une rocade périphérique (à Amiens).
Pour Amiens, qui n'avait pas bénéficié du tracé de l'autoroute A1 reliant, depuis 1967, Paris à Lille, via Compiègne et Arras, l'arrivée de l'autoroute A16 puis de l'A29 (Caen-Saint Quentin), mise en service entre 1994 et 2005, permettait à la ville d'être enfin connectée au réseau autoroutier français.
En région parisienne, si le SDAU (Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme) de la Région Parisienne, approuvé le 1er juillet 1976, puis modifié le 16 mai 1984, prenait en compte l'autoroute A16, la question de son insertion et de sa connexion au réseau francilien de voies rapides continue de poser problème. Une enquête publique sur le prolongement de l'A16 de L'Isle-Adam à la Francilienne a, du reste, été relancée durant l'été 2013.
Souvent considérées comme l'un des "outils d'aménagement" des territoires – au nom du désenclavement, les infrastructures sont également fréquemment l'objet d'une quasi "mystique" selon laquelle la création d'une infrastructure engendre automatiquement un effet d'entraînement économique. Ces effets d'entraînement – souvent appelés "effets structurants" ou "effets induits" – des autoroutes, comme des autres réseaux de transport, dépendent pourtant pour la plus large part des potentialités déjà présentes des régions traversées, des politiques menées par les acteurs publics et privés des territoires desservis. L'exemple des effets positifs de l'autoroute A16 sur le développement touristique, évoqué dans le reportage, rend compte de ce cas de figure : les stations balnéaires de la côte picarde, très antérieures à l'arrivée de l'autoroute, mais en grande partie engendrées par la mode des bains de mer et l'arrivée du chemin de fer à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, ont bénéficié de l'amélioration de leur accessibilité autoroutière qui a sans doute permis une diffusion et une intensification touristique, mais n'a pas créé leur fonction touristique. Enfin, l'accessibilité autoroutière de l'aéroport de Beauvais-Tillé à partir de Paris et la volonté des acteurs locaux (surtout) permettent de comprendre pourquoi la compagnie aérienne low cost Ryanair a choisi cet aéroport, et non un autre, comme sa principale "base" française en 1997.