Le temple de Champlieu
Notice
Au sud de la forêt de Compiègne, visite du site gallo-romain de Champlieu. Au IIe siècle, ont été édifiés un théâtre, un temple et des termes. Une bonne partie des 130 blocs de pierre mis au jour par Viollet-le-Duc se trouve au musée Vivenel de Compiègne. Eric Banchegorge, son conservateur explique qu'on est en présence de colonnes typiquement romaines. Georges-Pierre Woimant, archéologue départemental de l'Oise, présente les découvertes faites sur des fouilles complémentaires qui ont révélées un autre bâtiment. Dans les termes, subsiste une vasque. Le site est encore fouillé par des campagnes annuelles : il y aurait une ville complète à découvrir. Le théâtre antique pouvait contenir 4000 personnes.
Éclairage
Le site archéologique de Champlieu (commune d'Orrouy) correspond à une agglomération antique localisée de part et d'autre d'une voie romaine. Elle s'étend sur un vaste plateau isolé dominant la vallée de l'Automne. Le sanctuaire a été classé monument historique en 1846 et est aujourd'hui la propriété du Conseil général de l'Oise depuis 2007. Il comprend la trilogie classique, soit du nord au sud, le temple, le théâtre et les thermes.
À la suite de la découverte de sculptures, ce site a été fouillé sous le contrôle de la direction de la Commission des monuments historiques, à partir de 1850 pour le théâtre et par E. Viollet-le-Duc pour Napoléon III en 1857, par A de Roucy dans la seconde moitié du XIXe siècle, puis vers 1873, par L. Caudel et E. Dupuis. Plus récemment de nouvelles fouilles ont été réalisées par J. -L. Cadoux, puis par Georges-Pierre Woimant dans les années 1970. Un relevé topographique du théâtre a été fait en 1993-1994 et un sondage près du mur d'arrière-scène par l'équipe sicilienne de G. Di Stephano.
Le temple a été édifié dans le courant du Ie siècle av. n.è. L'état contemporain ou proche du règne de Tibère est constitué par un fanum comportant cella et galerie périphérique probablement élevées en bois. Entre le règne de Claude (vers 42 de n.è.) et le début du IIe siècle, cet édifice laisse place à un fanum monumental carré à cella et galerie périphérique, ouvert à l'est. Il est construit sur des assises de mortier épaisses (pour la cella) et sur des assises de pierres taillées (pour la galerie). Le sol de la cella est décoré d'une mosaïque à décor d'étoiles de losanges, alternés de carrés et triangles, en noir et blanc et ses parois sont ornées d'enduits peints montrant un décor de panneaux et colonnettes environnées de figurations d'animaux et de végétaux. Des fragments d'éléments architectoniques sculptés permettent de restituer une colonnade ouverte, qui aurait été fermée dans sa partie inférieure par un muret, sur tout ou partie de la galerie. Dans le courant du IIe siècle, le temple est reconstruit sur un podium précédé d'un escalier monumental. Il présente un riche décor architectonique sculpté de scènes divines ou mythologiques. Il mesure alors 27,05 m d'est en ouest et 21,50 m du nord au sud.
Le théâtre est la partie la plus anciennement connue du site. Aujourd'hui dégagé, présente un mur circulaire en élévation d'environ 5 m, épaulé par 30 contreforts. Il décrit un demi-cercle outrepassé de 65 à 71,40 m de diamètre d'est en ouest et 49 m du nord au sud. Un couloir circulaire au sommet des gradins permettait d'accéder aux couloirs qui conduisait d'une part à la base du balcon supérieur et, d'autre part, aux galeries supérieures. Les gradins supérieurs étaient en bois, les gradins inférieurs en pierre. Il n'en subsiste que deux à trois rangs visiblement déplacés. L'orchestre semi circulaire donnait sur une scène rectangulaire de 12 m de large sur laquelle évoluaient les acteurs. Il en subsiste les premières assises en pierre et les fondations. L'emplacement du mur de scène qui formait le fond permanent du théâtre n'est pas situé précisément. Ce théâtre a été daté du IIe siècle.
Les thermes, localisés à 30 m au sud du théâtre, constituent un ensemble couvrant 1219 m². Ils comprennent une grande cour à portique interne (atrium), un couloir transversal (apodyterium), deux salles dallées (frigidarium), deux bassins, deux salles chaudes sur hypocauste (tepidarium-sudatorium) et trois foyers dont un flanqué de deux salles de dépôt de combustible, et une salle annexe chauffée. Les fouilles ont livré des enduits peints à fond blanc. La datation semble plutôt du début du IIe siècle (comme le théâtre et le temple sur podium).
Georges-Pierre Woimant. Carte archéologique de la Gaule. L'Oise. 60. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1995, p. 353-363.