La Manufacture nationale de la Tapisserie à Beauvais
Notice
Reportage à la Manufacture nationale de la Tapisserie à Beauvais où, depuis plus de trois siècles, on y fabrique des tapisseries avec pratiquement les mêmes techniques. Présentation de ce travail avec Philippe Playe, Annaïck Le Guen, Gérard Michot, Odile Geillé, lissiers, Gérard Tartas, chef des travaux. A la Galerie nationale de la tapisserie se tient une exposition sur les dix ans de travaux des Gobelins, et de Beauvais, ce qui va permettre de faire mieux connaître Beauvais. Alain Masselin, responsable de la Manufacture explique quel est son rôle. Rappel historique de l'évolution de la Manufacture depuis Colbert.
Éclairage
Il ne faut pas confondre la Galerie nationale de la Tapisserie et la Manufacture nationale de la Tapisserie sises l'une et l'autre dans la ville de Beauvais, toutes deux liées, bien évidemment, par les productions mais fondées à des dates distinctes. Tout commence en effet avec la fondation, par Colbert en 1664, d'une Manufacture Royale, fermée sous la Révolution, réouverte par Napoléon en 1804 et devenue à terme Manufacture nationale. Avec la Manufacture des Gobelins et à la différence des Manufactures privées d'Aubusson, Beauvais alimente les commandes faites par l'État aux artistes contemporains. Le commentaire diffusé en 2002 par la télévision montre intelligemment comment l'art de la tapisserie de basse lisse n'a pour ainsi dire pas changé depuis le XVIIe siècle. Sur les fils de la chaîne tendus à l'horizontale devant lui, le lissier fait naviguer les flûtes contenant les fils de couleur préalablement échantillonnés pour correspondre au carton de l'artiste. La difficulté de l'exécution tient au fait que le lissier travaille sur l'envers de la chaîne. Conçue à l'origine par Colbert pour concurrencer les prospères manufactures des Flandres, riches d'une longue tradition (Arras, Tournai, Bruxelles) la Manufacture nationale de Beauvais se sera surtout développée sous Louis XV grâce à l'artiste Jean-Baptiste Oudry. Mise en péril par la seconde guerre mondiale et la destruction quasi totale de Beauvais par l'aviation allemande le 8 Juin 1940, laquelle aplatit l'ensemble de la ville à l'exception de la cathédrale dont les vitraux seuls furent soufflés, la Manufacture nationale trouva refuge aux Gobelins pour ne revenir à Beauvais qu'en 1989 où elle intégra d'anciens abattoirs. Parallèlement et sous l'impulsion du ministre de la Culture André Malraux, lors des célébrations en 1964 du tricentenaire de la Manufacture, fut créée une Galerie nationale de la tapisserie, inaugurée en 1976 par la secrétaire d'État Françoise Giroud. Le bâtiment discret et bas, situé au chevet de la cathédrale, adossé au rempart gallo-romain, est devenu propriété de la ville en 2013. Il abrite des expositions temporaires ainsi qu'une collection de tapisseries et de mobilier. C'est pour cette Galerie que le peintre Henri Matisse fit don à la ville de sa tapisserie intitulée Le Ciel.