Le beffroi d'Amiens candidat au patrimoine de l'Unesco
Notice
Le Beffroi d'Amiens datant de 1406 fait partie des six beffrois de la Somme candidats à l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco. Présentation du monument avec Xavier Bailly, directeur du Patrimoine d'Amiens métropole et François Vasselle architecte responsable de la restauration : le rôle du beffroi, tour et signal qui doit être le plus haut possible pour être visible dans la ville médiévale, l'apport du label Unesco, en terme de notoriété et d'enjeu touristique et économique, la dimension historique de ce patrimoine amiénois.
Éclairage
Construit au début du XVe siècle, le Beffroi d'Amiens fait partie de ceux qui vont être inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco comme "Beffrois du nord de la France et de Belgique". Après une première série, essentiellement belge, reconnue en 1999, ce sera désormais un total de 32 édifices de ce type qui viendront compléter le panorama. C'est en effet en 2005, à Durban, en Afrique du Sud, que le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco se prononcera favorablement à la demande formulée. Deux critères ont emporté la décision. Il s'agit du critère ii qui concerne, globalement, les édifices "témoins d'échanges considérables pendant une période" et du critère iv intégrant les divers témoins "illustrant une période ou des périodes significatives de l'histoire humaine".
En informant, le reportage diffusé le 11 juillet 2005, quelques jours avant la décision de l'Unesco, participe aussi au courant de mobilisation social, toujours préférable en cas de demande. Deux acteurs principalement concernés interviennent. Le directeur du Patrimoine d'Amiens Métropole, Xavier Bailly, dont le travail est de valoriser, aussi bien auprès des touristes que des Amiénois, les richesses singulières de la ville, est le premier. L'architecte responsable de la restauration de l'édifice, François Vasselle, lui succède, en rappelant l'intérêt historique du monument. Quant au commentaire, il avait mentionné les usages multiples de la tour, ceux d'une prison par exemple, pour montrer combien elle avait accompagné la vie de la cité depuis sa construction.
Si ce sont les États qui doivent faire les demandes d'inscription auprès de l'Unesco, les enjeux sont aussi essentiels pour les régions, voire les ville concernées. Dans le cas d'Amiens, la demande s'inscrit dans un travail municipal visant à transformer la ville par et avec le patrimoine. L'inscription de la cathédrale sur la liste du patrimoine mondial, en 1981, avait ouvert la voie et préparé aux importants travaux de requalifications urbaines qui étaient déjà bien engagés en 2005 : piétonisation du centre-ville, construction du parc Saint-Pierre, bientôt transformation de la place A. Fiquet en face de la gare. Dans ce mouvement, le Label obtenu en 1992 de "Ville d'art et d'histoire", impliquant le recrutement d'un animateur du Patrimoine, devenu par la suite Directeur, – Xavier Bailly – allait dans le même sens. Les enjeux ne sont donc pas qu'historiques ou architecturaux.
En valorisant l'intérêt historique de la ville, c'est toute sa dynamique de changement qui est engagée, les responsables visant à mobiliser ses habitants autour du projet patrimonial. C'est ainsi une certaine conception de la cité qui est en cause, autant que sa validation par les amiénois. Ce n'est pas tout. En impliquant sa notoriété, les élus amiénois cherchaient à en améliorer une fréquentation touristique déjà très mobilisée autour de la cathédrale, mais qui ne s'en détache guère. La restauration d'un tel monument vaut aussi comme investissement. De fait, en magnifiant son image, ils espèrent attirer des entreprises soucieuses de qualité d'environnement, aussi bien pour elles que pour les collaborateurs. Symbole par excellence de la ville, la reconnaissance du Beffroi comme témoin du patrimoine mondial s'inscrit donc dans une stratégie urbaine globale. Amiens, par son passé, pourrait bien devenir une nouvelle ville...