Rapport Balladur : La ville de Beauvais opposée au démantèlement de la région Picardie

05 mars 2009
02m 19s
Réf. 00201

Notice

Résumé :

Micro-trottoir à propos de la réforme des collectivités territoriales : les habitants de Beauvais réagissent très vivement aux rumeurs de démantèlement de la région Picardie dans le cadre des vingt propositions du comité Balladur. Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais, se déclare défavorable au rattachement de l'Oise à l'Île-de-France.

Date de diffusion :
05 mars 2009
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Éclairage

Neuf mois après la publication du rapport de la commission Attali, qui préconise la suppression des départements – créés en 1790 – au profit des régions, le comité pour la réforme des collectivités locales présidé par l'ancien Premier ministre Édouard Balladur est réuni par Nicolas Sarkozy en octobre 2008 afin de simplifier le "mille-feuille administratif". Son rapport est remis au Président de la République le 5 mars 2009. L'une des vingt propositions du comité préconise de réduire le nombre de régions de 22 à 15, les régions françaises ayant souvent été critiquées en raison de leur taille, jugée insuffisante dans le cadre européen pour tenir leur rang face aux puissants Länder allemands.

Dès le 25 février, des rumeurs circulent : il serait suggéré de démanteler la Picardie ! La Somme serait rattachée au Nord-Pas-de-Calais, l'Aisne à la Champagne-Ardenne et l'Oise à l'Île-de-France. Bien que le rapport ne dise rien de tel, la rumeur se répand rapidement et suscite l'émoi général. Face à l'hypothétique menace, les élus locaux de tous bords font front commun. La pétition "Touche pas à ma Picardie !", lancée par les socialistes, recueille des dizaines de milliers de signatures. La droite, par la voix de Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais et présidente du groupe "Aimer la Picardie" au conseil régional, s'insurge elle aussi.

A l'ombre de ses deux puissantes voisines, l'Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie s'est en effet forgé au fil des années une véritable identité, notamment en s'affirmant face à la capitale. La Picardie, terre de sacre et d'invasions, a une longue et riche histoire, une langue, une culture, des traditions mais géographiquement cette construction est discutable et discutée. Max Lejeune s'interrogeait déjà sur les contours de la région administrative lors du vote des lois Defferre. La Picardie administrative, qui ne correspond ni à la Picardie historique ni à la Picardie linguistique, est en effet soumise à l'influence des régions voisines. Si la mobilisation de nombreux Picards autour du collectif "Touche pas à ma Picardie !" montre l'existence d'un fort sentiment d'appartenance, en particulier dans la Somme, le nord de l'Oise et le Vermandois, il existe encore un déficit d'identité auprès d'un certain nombre d'habitants de la région.

Le 8 avril 2014, Manuel Valls, nouvellement nommé Premier ministre, redonnait une actualité brûlante à la question de la "disparition de la Picardie", à l'occasion de son discours de politique générale prononcé à l'Assemblée nationale. Dans son allocation, le Premier ministre annonce ainsi la diminution de moitié du nombre des Régions à l'horizon 2017 dans un objectif déclaré de réduction des dépenses publiques. Au moment où sont rédigées ces lignes, aucune décision, ni même position n'a été exprimée quant à l'avenir de la Région Picardie et de ses voisines. Affaire à suivre...

Julien Cahon

Transcription

Lise Lucet
Mais on le sait, dans ce domaine, les susceptibilités sont fortes. Chacun défend son drapeau. Du coup, ce matin, coup de théâtre. Le Président de la république veut reconsulter tout le monde avant de prendre une décision et de présenter un projet de loi complet à l’automne. Pour bien comprendre l’irritation que suscite ce rapport, on est allé à Beauvais, en Picardie. Depuis quelques jours, les habitants réagissent très vivement aux rumeurs de démantèlement de la région dans le cadre des 20 propositions du comité Balladur. 70 000 personnes ont déjà signé une pétition « Touche pas à ma Picardie ». Et les responsables Parisiens sont à nouveau montrés du doigt même si tout est basé sur le volontariat. Amory Guibert, Tristan Le Bras.
Guibert§Amory
La Picardie dans le brouillard dans les deux sens du terme. La région pourrait disparaître, avalée par ses voisines. La proposition a déjà eu un méfait : réveiller l’esprit picard, une autre façon de vivre pour certains qu’il faut défendre à tout prix.
Inconnue
C’est une certaine particularité. Donc ce serait dommage que la région ne porte plus cette attribution, en fait. Je pense qu’on est tous attachés à notre région.
Inconnu 1
On doit rester comme on est, c’est tout. L’Île-de-France n’a rien à voir avec la Picardie.
Guibert§Amory
Au centre de Beauvais trône la statue de Jeanne Hachette, l’héroïne locale qui, au XIIe siècle, a défendu la ville contre les Bourguignons. Aujourd'hui, les franciliens menacent et cela ne semble pas en déranger certains.
Inconnu 2
Ça ne changera rien.
Inconnu 3
[inaudible]
Inconnu 2
Il n’y a rien qui va changer autour. C’est juste une appellation, c’est tout.
Guibert§Amory
Les gens ne se sentent pas être Picards particulièrement ?
Inconnu 2
Moi, ça ne me dérange pas. Peut-être que je ne me sens pas Picard.
Guibert§Amory
Beauvais en Île-de-France. A la mairie, les élus sonnent la charge contre ce projet.
Elue
Si on rapproche de la région Île-de-France, là, vraiment, au niveau de la culture, on va s’appauvrir.
Guibert§Amory
Des élus de l’Oise farouchement opposés à ce qu’ils appellent une aberration politique et économique.
Cayeux§Caroline
L’Oise s’est bien construite par rapport à l’Île-de-France et a un dynamisme économique qui a fait ses preuves. Nous ramener comme un peu le wagon de queue ou le Petit Poucet de l’Île-de-France, je pense que ça ne serait pas positif pour notre département.
Guibert§Amory
Et beaucoup réclament, aujourd'hui, un référendum, certains que les Picards refuseront le démantèlement de leur région. Plus de 70 000 personnes ont déjà signé la pétition « Touche pas à ma Picardie ».