Rapport Balladur : La ville de Beauvais opposée au démantèlement de la région Picardie
Notice
Micro-trottoir à propos de la réforme des collectivités territoriales : les habitants de Beauvais réagissent très vivement aux rumeurs de démantèlement de la région Picardie dans le cadre des vingt propositions du comité Balladur. Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais, se déclare défavorable au rattachement de l'Oise à l'Île-de-France.
Éclairage
Neuf mois après la publication du rapport de la commission Attali, qui préconise la suppression des départements – créés en 1790 – au profit des régions, le comité pour la réforme des collectivités locales présidé par l'ancien Premier ministre Édouard Balladur est réuni par Nicolas Sarkozy en octobre 2008 afin de simplifier le "mille-feuille administratif". Son rapport est remis au Président de la République le 5 mars 2009. L'une des vingt propositions du comité préconise de réduire le nombre de régions de 22 à 15, les régions françaises ayant souvent été critiquées en raison de leur taille, jugée insuffisante dans le cadre européen pour tenir leur rang face aux puissants Länder allemands.
Dès le 25 février, des rumeurs circulent : il serait suggéré de démanteler la Picardie ! La Somme serait rattachée au Nord-Pas-de-Calais, l'Aisne à la Champagne-Ardenne et l'Oise à l'Île-de-France. Bien que le rapport ne dise rien de tel, la rumeur se répand rapidement et suscite l'émoi général. Face à l'hypothétique menace, les élus locaux de tous bords font front commun. La pétition "Touche pas à ma Picardie !", lancée par les socialistes, recueille des dizaines de milliers de signatures. La droite, par la voix de Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais et présidente du groupe "Aimer la Picardie" au conseil régional, s'insurge elle aussi.
A l'ombre de ses deux puissantes voisines, l'Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie s'est en effet forgé au fil des années une véritable identité, notamment en s'affirmant face à la capitale. La Picardie, terre de sacre et d'invasions, a une longue et riche histoire, une langue, une culture, des traditions mais géographiquement cette construction est discutable et discutée. Max Lejeune s'interrogeait déjà sur les contours de la région administrative lors du vote des lois Defferre. La Picardie administrative, qui ne correspond ni à la Picardie historique ni à la Picardie linguistique, est en effet soumise à l'influence des régions voisines. Si la mobilisation de nombreux Picards autour du collectif "Touche pas à ma Picardie !" montre l'existence d'un fort sentiment d'appartenance, en particulier dans la Somme, le nord de l'Oise et le Vermandois, il existe encore un déficit d'identité auprès d'un certain nombre d'habitants de la région.
Le 8 avril 2014, Manuel Valls, nouvellement nommé Premier ministre, redonnait une actualité brûlante à la question de la "disparition de la Picardie", à l'occasion de son discours de politique générale prononcé à l'Assemblée nationale. Dans son allocation, le Premier ministre annonce ainsi la diminution de moitié du nombre des Régions à l'horizon 2017 dans un objectif déclaré de réduction des dépenses publiques. Au moment où sont rédigées ces lignes, aucune décision, ni même position n'a été exprimée quant à l'avenir de la Région Picardie et de ses voisines. Affaire à suivre...