Le Gers, cœur de la Gascogne
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Dans les locaux des archives départementales, au centre de Auch, l’archiviste Henri Polge présente les spécificités du département, cœur de la Gascogne : les frontières de l’ancienne province, son identité, son histoire. Il décrit le caractère des Gersois comme proche de celui des Aragonais : prenant le temps de vivre. Des images de vie quotidienne et de courses landaises ponctuent ses propos.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
11 juin 1966
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales du Gers
Publication : 14 sept. 2021
Durant les Trente Glorieuses où la forte croissance économique contribua à transformer le pays, le Gers connut une évolution plus lente. Resté à l’écart du développement du réseau autoroutier et ferroviaire, le département et sa population, qui avait fortement baissé au XIXe siècle et au début du XXe siècle, cultivaient un certain art de vivre. Personnalité emblématique de cette période, Henri Polge occupera les fonctions d’archiviste départemental de 1948 à 1978, tout en participant par ailleurs à la gestion des musées d’Auch, du syndicat d’initiative et de la société archéologique.
Henri Polge est né le 19 juin 1921 à Besançon, dans le Doubs. Élève de l’École nationale des chartes, il y obtient le diplôme d’archiviste paléographe en 1947, après avoir soutenu une thèse consacrée à sa ville natale, intitulée Topographie historique de la ville de Besançon et s’être classé au 8e rang d’une promotion dans laquelle prenaient rang Jacques Monfrin (major), Guy Beaujouan, Henri-Jean Martin ou encore le philosophe René Girard.
Rien ne le prédestinait donc à être nommé, dès l’année suivante, archiviste départemental du Gers, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort, survenue à Colombes (Hauts-de-Seine) le 27 juillet 1978, à 57 ans.
Probablement sous l’influence du nouveau directeur général des Archives de France, Charles Braibant, qui succède en 1948 à Charles Samaran et qui souhaite ouvrir les services d’archives publics plus largement (création des services éducatifs), Henri Polge transforme rapidement son service en un laboratoire de sciences humaines : il y développe un musée de l'histoire locale et un centre de documentation contemporaine et obtient, dès 1950, l’installation des Archives départementales dans l’ancien couvent des Carmélites, situé en plein cœur de ville, rue Edgar-Quinet, à l’arrière du célèbre Hôtel de France d’André Daguin.
À une époque où la notion de patrimoine n’est pas encore aussi développée qu’aujourd’hui et où les ethnologues s’attachent de plus en plus aux arts et traditions populaires, Polge rassemble des collections ethnographiques issues d’incessantes campagnes de sauvegarde du patrimoine gascon menées à travers le territoire.
Vite remarqué par la publication de très nombreux articles dans la presse locale entre 1950 et 1952, on lui confie la direction du musée des Jacobins d’Auch. Il est à cet égard à l’origine du musée de l’Armagnac de Condom. Il participe à la vie érudite en se faisant nommé vice-président de la Société archéologique du Gers, présidée alors par l’historien lectourois Maurice Bordes.
Il n’hésite pas à publier des ouvrages de vulgarisation sur l’histoire gersoise, destinés au public le plus large. Animateur de la vie culturelle du département, il assure personnellement les visites guidées des monuments de la ville et la présidence du syndicat d’initiative local : on lui doit la création de la Maison départementale du tourisme et du Festival d'Auch.
Ses recherches s'étendent aux domaines de la philologie, de la toponymie, de l’anthroponymie et la dialectologie gasconne mais également de la langue basque. De 1974 à 1978, il est chargé du cours d'ethnographie gasconne à l’université du Mirail de Toulouse.
En trente ans passés à la tête des Archives du Gers, il aura un peu délaissé leur gestion propre (classement et conservation notamment) au profit de leur valorisation et de leur utilisation, forgeant en particulier un guide général ainsi qu’une série de fichiers et de dossiers documentaires dont la trace est encore très présente plus de quarante ans après sa disparition.
En 1966, année de ce reportage, Henri Polge a 45 ans et déjà près de vingt ans de présence dans le Gers. Très rapidement, il s’était imposé comme l’homme-orchestre culturel du département, au service des Gersois. Son ambition de créer un musée gascon à Auch, à l’instar du musée basque de Bayonne ou du musée pyrénéen de Lourdes, l’avait notamment entraîné à parcourir sans cesse la région, fouillant les vieilles demeures, bavardant avec les paysans et se faisant donner par eux divers objets. Cette entreprise de participation citoyenne, à la dimension à la fois patrimoniale et touristique, avait fait de Henri Polge une référence nationale. Il prit part à plusieurs reportages pour la télévision dans lesquels il évoque l’histoire de la Gascogne et son identité profonde dont il était l’un des meilleurs connaisseurs.
Bibliographie
- Jean-François Le Nail, « Henri Polge (1921-1978) », Bibliothèque de l'École des chartes, 1981, tome 139, livraison 2, p. 359-364.
- Gilles Loubès, « Henri Polge (1921-1978) », Annales du Midi, tome 91, n° 141, 1979, p. 114-115
- Archives départementales du Gers, 17 J, fonds privé Henri Polge.
Transcription
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