Le gascon, un dialecte occitan
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Marceau Esquieu explique ce qu’est le gascon, à la fois comme identité et comme dialecte. Il parle de la langue occitane, dont le gascon est l’une des branches principales, qui perdure au fil des siècles. Il évoque l’importance de la langue dans la culture occitane. Ses propos sont accompagnés d’une interprétation de chant occitan par une vieille femme gasconne.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
20 févr. 1977
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Contexte historique
ParAgrégé de lettres
Publication : 14 sept. 2021
Une question divise des gens qui devraient pourtant s’accorder, vu leur attachement commun au gascon, qu’ils l’aient hérité dans leur enfance ou qu’ils aspirent à le parler : quel est son statut linguistique ?
Les uns le considèrent comme un dialecte aux caractéristiques marquées mais faisant partie de la langue occitane, au même titre que les autres dialectes : le languedocien, le provençal, le limousin, l’auvergnat… ; d’autres voient dans ces mêmes caractéristiques la preuve que le gascon est une langue romane à part entière, au même titre que le castillan, le catalan, l’italien, le français, etc. Les partisans de l’une et l’autre thèse sont généralement étonnés que leur opinion, à leurs yeux si évidente, ne soit pas partagée par l’autre camp.
Marceau Esquieu est, on peut le constater à l’entendre et à voir ses engagements, un fervent occitaniste, de ceux qui voient dans l’intercompréhension entre les occitans de différents dialectes un argument qui plaide pour l’existence d’une véritable langue occitane incluant le gascon. Aussi fait-il figurer l’adjectif occitan-e dans les noms des associations ou institutions qu’il crée. L’Escòla occitana d’estiu (EOE), l’École occitane d’été, le Centre culturel occitan… Quand il anime des émissions pédagogiques produites par FR3 Aquitaine, elles s’intitulent Parlar occitan.
Nous laisserons bien entendu de côté ceux qui persistent à ne voir dans ce beau parler qu’un patois. Nous continuerons à déplorer que, depuis un demi-siècle, certains locuteurs naturels du gascon soient non seulement ardents à récuser l’occitan ou encore réticents à le transmettre.
Les traits distinctifs du gascon sont issus du substrat proto-basque aquitain. Lors de la soumission de la Gaule à Jules César, il ne conquit pas d’emblée l’ensemble de l’Aquitaine ; les peuples montagnards ne furent soumis qu’après soixante-quinze ans de campagnes. Certains traits linguistiques qui rapprochent le gascon du basque en sont résultés. Depuis les travaux du linguiste allemand Gerhard Rohlfs, on présente généralement le gascon en mettant en avant ses différences avec le languedocien, parlé sur l’autre rive de la Garonne.
Les traits les plus marquants qui signalent aux autres locuteurs de l’occitan qu’ils ont affaire à du gascon, le font apparaître comme un langage estranh (étrange), en 1356, aux poètes toulousains de l’académie du Gai Saber.
Les variations intradialectales peuvent être de trois ordres : morphologiques : l’article défini lo / le / eth, lexicales : la hache peut se dire la pigassa ou la destrau ; le balai : la baleja, l’escoba, l’engranièra ou phonétiques. Concernant ces dernières, on peut proposer plusieurs exemples :
le f passe à un h aspiré : fòrt → hòrt / faure → haure, forgeron ;
le -n- intervocalique s'amuit : la luna → la lua ;
le groupe latin ll → -th en fin de mot et -r- entre voyelles : bèth / bèra, beau / belle ;
le -l final s'est vocalisé ostal → ostau, maison ;
métathèse fréquente du -r- : cabra → craba, chèvre ;
réduction des groupes mb, nd à m, n : camba → cama, jambe / landa → lana, lande ;
présence d’un a- dit prosthétique devant r- initial : ròsa → arròsa, rose ;
présence de particules énonciatives et notamment que marquant l’affirmation : que hè bèth, il fait beau ;
Ces traits distinctifs ne se répartissent pas également sur tout le territoire : certains sont communs ; d’autres absents en certains points. Schématiquement, leur nombre croît du nord-est au sud-ouest. Pour s’en tenir au Gers, on ne parle pas tout à fait pareil dans le Savès et le Bas-Armagnac, ni en Lomagne comme dans l’Astarac.
Cette divergence se prolonge encore dans la graphie utilisée. Les partisans de l’Escole Gastoû Febus sont fidèles à sa graphie plutôt phonétique, plus ou moins calquée sur l’orthographe française. Les « occitanistes » emploient la graphie normalisée commune à tous les dialectes, qui retrouve plus ou moins l’usage des troubadours mais qui heurte ceux qui n’arrivent pas à se déprendre des règles orthographiques chèrement apprises à l’école.
En fin de compte, force est de constater que le gascon est un... et varié.
Bibliographie
- Gerhard Rohlfs, Le Gascon, études de philologie pyrénéenne, Tübingen, 1970. Édition française : Pau, Marrimpouey jeune, 1970.
- Marceau Esquieu, Un biais de dire, Escòla occitana d’estiu, 1977.
- Marceau Esquieu, Lo libre de Paul Froment, 2 vol., Escòla occitana d’estiu, 1986 et 1988.
- Marceau Esquieu (ill. de Jean-Claude Pertuzé), E nos fotèm d'èstre mortals !, IEO ATOTS, 1990.