L'espace culturel André Malraux de Chambéry

20 novembre 1986
02m 57s
Réf. 00036

Notice

Résumé :

L'espace culturel André Malraux ouvrira ses portes d'ici un an, après 13 ans de travaux. Ce lieu, conçu par Mario Botta, se veut différent d'une maison de la culture et souhaite offrir un programme extrêmement riche.

Date de diffusion :
20 novembre 1986

Éclairage

Du nom d'un général et comte d'Empire, le Carré Currial de Chambéry est un vaste centre administratif et culturel. Il est implanté dans une ancienne caserne napoléonienne du XIXe siècle organisée autour d'une grande cour quadrangulaire. Elle a été réhabilitée par la ville qui en est propriétaire depuis 1975. Deux constructions ont été accolées aux bâtiments de ce Carré Currial, la médiathèque Jean-Jacques Rousseau et la Maison de la culture André Malraux. La ville de Chambéry a ainsi ancré son développement culturel au cœur du centre historique.

La Maison de la culture a été baptisée Espace André Malraux. Emblématiques de la politique d'André Malraux, ministre chargé des Affaires Culturelles entre 1959 et 1968, les maisons de la culture ont été créées dans le but de favoriser la confrontation entre l'art et le public, en instituant de nouveaux modes de financement à parité égale entre l'État et les collectivités locales. Les objectifs de la Maison de la Culture de Chambéry sont d'offrir aux artistes un lieu d'échanges et aux publics une programmation des meilleurs spectacles européens de théâtre, danse et musique. Elle est gérée par une association (l'Association pour la Maison de la culture de Chambéry et de la Savoie) et financée par l'État et les collectivités locales. L'Espace Malraux est doté d'une salle de 950 places et d'une scène de 450 m2. Une salle de répétition, un cinéma « art et essai » de 150 places, et des salles d'expositions complètent ce dispositif dédié aux créations contemporaines.

Cet ensemble a été conçu par l'architecte Mario Botta entre 1984 et 1987. Originaire du Tessin où il a beaucoup travaillé au début de sa carrière, Botta commence alors une carrière internationale qui le conduira à réaliser la cathédrale d'Évry et le musée d'art moderne de San Francisco au milieu des années 1990. Le choix de cet architecte correspond parfaitement à l'esprit de ce lieu qui doit concilier la modernité de la création contemporaine et l'intégration de la dimension patrimoniale de la caserne.

Botta choisit de créer une salle de théâtre à l'extérieur du Carré Currial. Dans l'alignement de la rue située au nord, ce volume hémicirculaire, axe la composition de l'ensemble et l'intègre dans la trame urbaine. L'architecte oppose spectaculairement les courbes du théâtre et la linéarité des façades de la caserne. L'oblique de l'escalier crée un axe dynamique. Il donne accès à une nouvelle place entre les angles du bâtiment de la caserne et de la gendarmerie. Une passerelle vitrée relie le foyer et l'aile est de l'ancienne caserne. Des couloirs circulaires desservent les différents niveaux de la salle de théâtre. Des ouvertures zénithales diffusent un éclairage naturel.

Mario Botta met en œuvre des formes géométriques très expressives. Grâce à ce vocabulaire architectural simple et monumental, l'architecte souligne la force des murs ; épais ils sont constitués d'une alternance de béton et de pierre jaune de la région. A l'image des ensembles de la Renaissance, ses interventions contribuent à réorganiser et à coordonner une partie du centre ville de Chambéry.

Laurent Baridon

Transcription

Journaliste
13 années pour que Chambéry bâtisse cet équipement culturel. Un ensemble étonnant conçu par l’architecte Mario Botta. Un espace attendu depuis 20 ans. Début des années 70, la municipalité rachète les terrains militaires. 8 hectares qui servaient de place de repos à l’armée de Bonaparte. 8 hectares magnifiquement situés, c’est ici que sera construit l’espace culturel accolé au Carré Curial. Il répond bien évidement à la demande du public chambérien, jusqu’à présent seul l’ancien théâtre à l’italienne recevait des spectacles. Très bien situé, mais la salle est trop petite et trop typée, il faut donc faire du neuf beaucoup plus grand.
Intervenant 1
Ça ne sera pas une Maison de la Culture. Non pas que je suis un adversaire des Maisons de la Culture, bien entendu je sais ce qu’on leur doit, mais elles ont fait leur temps et hélas, beaucoup ont mal vieilli.
Journaliste
La différence donc fondamentale ?
Intervenant 1
Et bien, je crois que, il faut d’abord savoir que cet espace culturel André Malraux, c’est la réunion de 3 collectivités publiques, l’Etat, le Conseil général et la ville de Chambéry qui finance, et de professionnels parce que c’est une institution importante, et évidemment de l’associatif parce qu’il n’est pas question de se priver du mouvement associatif qui est un contrepoids important et qui est une source de dévouement et d’imagination.
Journaliste
Cette association défendant le projet Maison de la Culture ne souhaite pas passer inaperçue aujourd’hui. Elle réaffirme qu’elle est à l’origine du Centre Curial et sa présidente souhaite un accord local pour sa gestion.
Intervenante
Elle va jouer ce rôle de médiation essentiel entre les différentes tutelles dont nous dépendons, ensuite elle va jouer un rôle porteur. C’est-à dire que le projet culturel du directeur doit être inséré dans le milieu chambérien et savoyard très fortement. Et en même temps, prétendre à la dimension nationale et internationale.
Journaliste
Le futur directeur de l’espace André Malraux, c’est l’actuel patron du théâtre. Pour gérer la programmation, il a déjà des projets, lier étroitement la science, le technique et la culture. Pour lui, cette salle va permettre d’ouvrir Chambéry vers d’autres régions.
Intervenant 2
Finalement, cet équipement c’est 20 ans d’attente pour l’association, c’est un peu moins de 20 ans d’attente pour les professionnels parce qu’ils ne sont pas tous là, heureusement depuis 20 ans. Mais tout notre travail depuis 5 ans a consisté à un peu mieux cerner notre politique et à définir un lieu, des espaces qui nous permettrons réellement d’avoir des outils de travail.
Journaliste
Il reste donc encore une année avant que ces murs ne s’animent véritablement. Pour l’instant, le chantier donne déjà l’allure générale de ce lieu, reste l’animation d’un quartier. Déjà les boutiques s’installent à Curial, on attend des entreprises, des logements. Le dossier est en tout cas loin d’être refermé.