La maison du livre, de l'image et du son de Villeurbanne

14 mars 1989
01m 22s
Réf. 00279

Notice

Résumé :

La maison du livre, de l'image et du son de Villeurbanne a un an et connaît un véritable succès. Elle propose un large panel audiovisuel et se consacre à la promotion et à la diffusion de l'art contemporain avec une artothèque et le prêt d'œuvres.

Date de diffusion :
14 mars 1989
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Inaugurée le 12 mars 1988 et ouverte au public deux jours plus tard, la Maison du livre, de l'image et du son a été portée par le maire de Villeurbanne, Charles Hernu (par ailleurs ministre de la Défense de 1981 à 1985), son adjoint à la culture, Jean-Paul Bret, et le conseiller livre et lecture de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Elle fait partie, au même titre que le Grand Louvre, des grands travaux de l'État ; c'est d'ailleurs l'un des quatre projets en région du premier septennat de François Mitterrand. Le projet est d'envergure, tant par la taille (5 000 m2 dont 3 500 destinés au public) que par le budget alloué (43 millions de francs, dont 13 pris en charge par l'État). C'est pour cette raison qu'il est décrié tout au long des travaux. À la polémique, Jean-Paul Bret répond : « Il faut raisonner dans la durée. Si en 1934, il ne s'était pas trouvé un maire [Lazare Goujon] pour construire un quartier entier qui comprenne un hôtel de ville et un théâtre, notre cité ne serait aujourd'hui que l'un des arrondissements de Lyon. »

La construction a été confiée à l'architecte tessinois Mario Botta qui partage le credo de l'élu : « Un acte d'architecture concerne toujours la ville dans son ensemble. [... Il est] également un acte culturel susceptible de porter témoignage de son époque. » Fort de l'enseignement de Carlo Scarpa, Le Corbusier ou encore Louis Khan, Botta s'était déjà illustré en réalisant, en Suisse, des maisons familiales, des banques et des églises. En France, il venait d'achever, à Chambéry, la maison de la culture (l'espace André-Malraux). Son style est reconnaissable entre tous : formes simples (le cercle, le carré, le rectangle, le cube, le cylindre) déclinés en de multiples combinaisons et pureté des lignes, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, puisque tout l'aménagement (mobilier, signalétique...) est pensé et signé Botta. Ainsi, la MLIS affiche-t-elle un double plan de façades symétriques bicolores, côté cours Émile-Zola, et une avancée en demi-cylindre en façade nord. Elle s'organise entièrement autour d'un puits de lumière.

Signal fort dans la ville, la MLIS n'est pas qu'une « simple » médiathèque. Outre les 70 000 titres figurant alors à son catalogue, sa discothèque et sa vidéothèque, cette « cathédrale de la culture et du savoir » s'est dotée d'une artothèque, consacrée à la promotion et à la diffusion de l'art contemporain par l'accès au prêt. Plus de 200 œuvres peuvent ainsi être empruntées par les particuliers ou les collectivités. Les artothèques sont nées dès 1981, avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, d'une volonté politique de promouvoir l'art contemporain en région. Ainsi, le ministère de la Culture décidait-il d'octroyer des aides financières pour permettre la constitution d'un fonds initial d'œuvres et signait, en contrepartie, des conventions avec les collectivités territoriales pour qu'elles assurent le fonctionnement des établissements et l'enrichissement des collections.

Comme le souligne le reportage du journal télévisé de France 3 le 14 mars 1989, à l'occasion du premier anniversaire de la MLIS, la municipalité villeurbannaise a réussi son audacieux pari : cette maison de tous les médias, ouverte sur la cité, a enregistré 20 000 adhérents depuis son ouverture, un chiffre bien au-delà des espérances les plus optimistes.

Lieu de rencontre avec la création, la MLIS organise désormais chaque année, la Fête du livre de jeunesse de Villeurbanne, des projections, des concerts, des lectures, un concours d'écriture et, au sein de l'artothèque, des expositions temporaires, des rencontres avec des artistes, des débats et conférences. Elle a enrichi son catalogue (150 000 titres) et l'artothèque dispose de 1 500 œuvres d'art de quelque 500 artistes : Arman, Daniel Buren, César, Sophie Calle, Keith Haring, pour ne citer que les plus connus.

Michelle Zancarini

Transcription

Journaliste
Un puits de lumière pour un puits de culture. La Maison du livre, de l’image et du son est au concept de Bibliothèque Municipale ce que la Pyramide du Louvre est à l’antiquité égyptienne. Un futur devenu immédiat. Après un an d’existence, la réalisation de l’architecte Mario Botta a largement rempli son contrat avec plus de 20 000 adhérents. Un chiffre que les prévisions les plus optimistes ne prévoyaient pas d’atteindre avant fin 89. La richesse du catalogue n’est pas étrangère à cette réussite, 70 000 livres, 500 cassettes vidéo, 3 500 disques compacts et surtout une artothèque de 200 œuvres contemporaines.
Intervenante 1
C’était audacieux mais un certain nombre de villes de l’agglomération lyonnaise avait déjà pris le risque avant nous. Ce qui était intéressant, à mon avis, c’était de placer ce document, ce média qui est un média à la fois rare, peu connu, qui a pour objet de promouvoir l’art contemporain, dans un lieu comme celui-ci puisque principalement, on connaît la médiathèque d’abord pour le livre, ensuite pour le disque, la vidéo, mais emprunter des œuvres d’art ou tout au moins des multiples, c’est effectivement moins connu.
Journaliste
Pari gagné, l’emprunt de toile semble définitivement passé dans les mœurs. Reste maintenant à mieux faire connaître cet espace culturel au-delà des frontières de la région, peut-être justement par le biais de son architecture.
(Bruit)