La Villeneuve à Grenoble
Notice
La Villeneuve de Grenoble a fait l'objet d'une expérience urbanistique avec l'Arlequin. Depuis 1968, les touristes viennent visiter cette ZUP. Malgré cela, les habitants ne sont pas toujours satisfait de leur lieu de vie.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Les années 1960 sont caractérisées à Grenoble par une forte croissance démographique – l'agglomération grenobloise est passée de 190 000 habitants en 1954 à 325000 en 1968 – et par des difficultés de logements. La ville ne peut se développer qu'au sud où se trouve l'aéroport qui sera déplacé en 1967. Les pouvoirs publics entendent remédier à la situation en développant la construction massive de logements ce qui oblige à repenser l'urbanisme de l'agglomération. Les solutions proposées par l'Etat avec la construction de deux vastes zones à urbaniser en priorité (ZUP) sur les communes de Grenoble et d'Echirolles, à l'emplacement de l'aéroport, est refusé par la commune communiste d'Echirolles et par l'opposition socialiste de Grenoble. Lors des élections municipales de 1965, l'opposition socialiste, menée par Hubert Dubedout, l'emporte sur la majorité sortante, gaulliste. La nouvelle majorité est prête à travailler avec la municipalité d'Echirolles et relance le projet de ZUP. Les deux municipalités élaborent un plan d'aménagement commun. C'est dans ce contexte que naît le projet de la Villeneuve, un « grand ensemble réussi » comme on a pu l'écrire. Il s'agit de la plus vaste opération immobilière de l'agglomération grenobloise. A l'occasion de la préparation des Jeux Olympiques de 1968, commence la construction du village olympique, chronologiquement, le premier quartier de la Villeneuve.
Le bâtiment le plus emblématique du projet est celui de l'Arlequin avec ses longues et hautes façades multicolores. Commencé en 1968, conçu par des architectes et des urbanistes qui travaillent avec des sociologues de la ville, ses premiers appartements sont habités à partir de 1972. Le parc paysager de la Villeneuve, aujourd'hui nommé le parc Jean Verlhac du nom de l'adjoint à l'urbanisme de la municipalité Dubedout, offre à la population de vastes espaces de détente à l'écart de la circulation automobile. L'un des concepteurs du projet, Jean-François Parent, un urbaniste arrivé de Paris en 1966 qui y réside encore aujourd'hui, est interviewé dans ces espaces de détente. Il explique le contexte dans lequel a été conçu la rue piétonne de plus de 450 m. qui serpente sous l'Arlequin et nuance une vision trop négative de la vie dans le quartier. Il explique aussi dans quelles conditions ont été développés les autres ensembles de la Villeneuve comme celui des Baladins. Le reportage souligne les visions assez contrastées que la Villeneuve a provoqué, entre l'admiration d'un certain nombre de délégations étrangères qui viennent observer les conditions concrètes de la mixité sociale, et le refus d'une partie des Grenoblois qui dénoncent les choix d'un projet ouvert à une expérience qui voulait changer la vie.
Les logements de la Villeneuve ont des statuts très divers depuis les logements HLM jusqu'aux logements en pleine propriété. De même la taille et le confort des logements sont très variés. Cela explique la diversité sociale qui est encore largement attestée lors du recensement de 1999 et dont témoigne l'étude de l'agence d'urbanisme intitulée « Habiter et vivre à la Villeneuve ».
Si le débat entre atouts et handicaps de la Villeneuve est déjà présent en 1981, il est encore plus vif aujourd'hui où adversaires et partisans font de la Villeneuve un enjeu politique et idéologique majeur. Le débat s'est exacerbé après juillet 2010, lorsque, à la suite d'un cambriolage dans un casino, un des malfaiteurs a été mortellement touché par la police. La Villeneuve a alors été, pendant plusieurs jours, le théâtre de violents affrontements entre les forces de l'ordre et une partie de la population.
Voir le site sur la Villeneuve : Habiter et vivre à la Villeneuve : diagnostic, Agence d'Urbanisme, Mars 2003.
Voir également l'interview de 2011 de Jean-François Parent en forme de bilan.