Les installations portuaires de Lyon
Notice
Le rôle industriel de Lyon génère de nombreuses activités dans les deux ports de Lyon, Rambaud et Herriot. Si le premier ne peut être agrandi, le deuxième est en voie d'extension. Le futur barrage de Pierre Bénite y aura aussi un impact important.
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Éclairage
Du fait de sa position géographique à la confluence de la Saône et du Rhône, Lyon a toujours été le lieu d'une importante navigation fluviale. On recensait ainsi plus d'une vingtaine de ports au XVIIIe siècle, permettant aux « coches d'eau », « sapines », « chenards » et autres « barques » d'alimenter la ville en produits venant de Bourgogne, de Bresse, de la basse vallée du Rhône ou même de Méditerranée. Mais le développement industriel lyonnais du XIXe siècle se fit essentiellement par le rail. Les ports fluviaux lyonnais eurent alors tendance à végéter voire à disparaître.
Le XXe siècle a vu la naissance de deux aménagements importants : le port Rambaud et le port Edouard Herriot. Le port Rambaud a été inauguré en 1926. Il se trouvait à l'extrémité sud-ouest de la Presqu'île, en bord de Saône. Sa construction, décidée en 1909, avait pour but de remplacer l'ancienne gare d'eau de Perrache, tombée en désuétude, et de permettre le raccordement de la voie fluviale avec la voie ferrée. Il était pensé comme une zone de transbordement de marchandises. Sa gestion a été confiée à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lyon puis à la Compagnie des voies navigables de France. Son trafic, essentiellement constitué de charbon, matériaux de construction, ferraillerie et sucres, connut une croissance importante jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, avant de s'effondrer, victime du ralentissement de l'activité industrielle et de l'incendie de son port pétrolier par les Allemands. L'après-guerre vit alors un redémarrage de l'activité : les tonnages de la fin des années 1930 furent atteints en 1955. Cependant, le port Rambaud arriva alors à saturation du fait de la relative exiguïté de ses quais (moins d'un kilomètre de long), conjuguée à l'absence d'une surface suffisante pour le stockage et à sa position en cœur d'agglomération. Progressivement, ses activités migrèrent au profit de son voisin rhodanien. Ses activités ont cessé en 1995. Il a été depuis requalifié en zone d'activités de loisirs et de promenades au sein du projet Confluence. Certains de ses entrepôts ont été reconvertis en lieux d'exposition (« la Sucrière »).
Le « Port de Lyon Édouard Herriot » (PLEH) a été mis en service en 1938. Il se situe sur la rive gauche du Rhône, trois kilomètres en aval du confluent, partagé entre les communes de Lyon et de Saint Fons. Il a été réalisé par la Compagnie Nationale du Rhône (qui en assure encore la gestion aujourd'hui par l'intermédiaire de sa filiale Lyon Terminal) et avait comme objectif de proposer une structure plus vaste que le port Rambaud permettant de ce fait l'installation d'entreprises bénéficiant de davantage d'espace (180 hectares au lieu des 5 du port Rambaud) et de l'interconnexion de la voie ferrée, d'une route rapide et d'une voie navigable à grand gabarit (ce qui est devenu effectif après l'inauguration du barrage de Pierre Bénite en 1966). Cette multi-modalité a depuis le reportage de 1964 été complétée par l'oléoduc en provenance du port pétrolier de Fos sur mer. Initialement, ce port se voulait également comme un point nodal entre Méditerranée et mer du Nord grâce au projet de liaison Rhin-Rhône à grand gabarit. Toutefois, ce projet a été abandonné en 1997.
Le PLEH connaît aujourd'hui un trafic d'une dizaine de millions de tonnes. La plus grande partie est assurée par le transport pétrolier. Il permet également l'importation de granulats, matériaux de construction et produits métallurgiques ainsi que l'exportation d'une partie de la production céréalière du Nord Dauphiné. Bon nombre d'activités industrielles et logistiques sont installées sur le port. Mais le fait marquant de ces dernières années est l'augmentation du trafic de conteneurs sur le Rhône. Il est passé de 2000 EVP (Equivalent vingt pieds) en 2000 à 59 529 EVP en 2007 essentiellement grâce au développement de l'activité des terminaux à conteneurs du PLEH. Celui-ci s'est d'ailleurs équipé en 2006 d'un second terminal à conteneurs. Il est ainsi devenu le premier port intérieur français pour le trafic de ces « boîtes ». Par ailleurs, un partenariat a été signé en 2002 avec le Port Autonome de Marseille afin de faire de PLEH le « port avancé » de Marseille-Fos auquel il est relié par navettes ferroviaires et fluviales.
De cette manière, le développement du port Édouard Herriot accompagne l'évolution des préoccupations en matière de transport alternatif au tout routier. En 2007 Le « Grenelle de l'environnement » a ainsi souligné que la France se donnait pour objectif de « doubler la part du fret ferroviaire et fluvial d'ici 2020 ». Le PLEH a quant à lui l'objectif d'atteindre 15 millions de tonnes de trafic en 2015. Cependant, il ne faut pas pour autant oublier que cette structure cumule des activités à risques aux portes de l'agglomération lyonnaise. Ainsi, les cuves pétrolières renferment-elles 400 000 mètres cubes de stockage à 500 mètres du stade de Gerland. L'incendie du dépôt pétrolier Shell du 2 juin 1987 sur le port Édouard Herriot, qui avait nécessité l'intervention de plus de 200 pompiers pendant 22 heures et avait entraîné, le décès de deux personnes, rappelle que pour certains, la question de la présence d'un tel aménagement aux portes de la ville se pose.