Roger Frison Roche à Chamonix
Notice
Il y a 50 ans était publié le 1er roman de Roger Frison Roche "Premier de cordée", un best-seller qui a permis à ce non savoyard d'être totalement accepté au sein des guides de haute montagne. La ville de Chamonix lui a rendu hommage.
Éclairage
Le 3 septembre 1999, c'est l'un des plus grands auteurs de la vallée de Chamonix que célèbre le reportage de France 3 : Roger Frison-Roche. C'est que l'on fête cette année-là le cinquantième anniversaire de la publication de Premier de cordée. Il s'agit de rendre hommage à l'écrivain, au guide de montagne – le premier non-Chamoniard à intégrer, en 1930, la prestigieuse et très exclusive Compagnie des guides –, au grand voyageur et à l'explorateur qui a sillonné le désert du Sahara et le Grand Nord.
Frison-Roche est né à Paris en 1906, de parents d'origine savoyarde. Devant interrompre ses études à la mort de son père, il vit de petits boulots (groom chez Thomas Cook, interprète au Touring Club de France). Mais il a contracté le virus de la montagne lors de ses séjours en Savoie chez son oncle et au fil de ses lectures des grands explorateurs. Il quitte donc la capitale et arrive à Chamonix à peine âgé de 17 ans pour s'adonner à sa passion, l'alpinisme. Il est embauché comme secrétaire bilingue au syndicat d'initiative et au comité olympique. Nous sommes alors à la veille des tout premiers jeux olympiques d'hiver organisés (1924). À Chamonix, il pratique toutes sortes de sports, hiver comme été ; il effectue ses premières courses en solitaire, participe aux ascensions avec les plus grands alpinistes du moment : Ravanel, Charlet, Couttet. Le 1er septembre 1925, après deux tentatives infructueuses, il gravit le mont Blanc et en 1930 obtient la consécration suprême en intégrant la Compagnie des guides de Chamonix. Ces premières expériences lui inspireront Premier de cordée.
C'est pourtant très loin de Chamonix qu'il le rédigera. En effet, cet amateur d'espaces vierges est aussi fasciné par le désert. En 1935, il participe à l'expédition française du Hoggar menée par Raymond Coche dans les montagnes du Sahara. Une expérience qu'il raconte dans son premier roman L'Appel du Hoggar, paru en 1936. Entre-temps, Frison-Roche est devenu journaliste, d'abord pour Le Savoyard de Paris et Le Petit Dauphinois, dont il fonde l'agence chamoniarde, puis pour Radio Lyon-la-Doua, où il se fait remarquer en 1932 par ses reportages depuis l'observatoire Vallot à 4 350 m d'altitude et depuis le sommet du mont Blanc. En 1938, il s'installe avec femme et enfants à Alger, où il travaille à La Dépêche algérienne. Et c'est dans les colonnes du quotidien qu'il publie entre janvier et février 1941, sous forme de feuilleton, Premier de cordée, qui sortira chez l'éditeur grenoblois Arthaud quelques mois plus tard. Hymne à la montagne, milieu qui impose l'humilité, au surpassement de soi et au triomphe de la volonté, ce roman est aussi, au lendemain de la capitulation française, un « texte de propagande destiné à combattre la démoralisation de la jeunesse » (selon Michel P. Schmitt). « Pour nous, combattants des Alpes qui n'avions pas été vaincus, la défaite de la France était incompréhensible », écrira Frison-Roche.
À l'été 1943, Louis Daquin tourne une très belle adaptation du roman, à laquelle collabore l'écrivain. À cette époque, Frison-Roche a rejoint les maquis savoyards ; il devient officier de liaison auprès des FFI, une expérience qu'il racontera dans Les Montagnards de la nuit. Après la guerre, il reprendra ses expéditions dans le Sahara, découvrira le Grand Nord et continuera inlassablement à publier : La Grande Crevasse, 1947 ; La Piste oubliée (1950), La Montagne aux écritures (1952) ; La Vallée sans hommes (1973), ou Versant du Soleil, son autobiographie (1981), pour n'en citer que quelques-uns.
Frison-Roche s'est éteint le 17 décembre 1999 à Chamonix.