Roger Frison Roche à Chamonix

03 septembre 1991
02m 06s
Réf. 00282

Notice

Résumé :

Il y a 50 ans était publié le 1er roman de Roger Frison Roche "Premier de cordée", un best-seller qui a permis à ce non savoyard d'être totalement accepté au sein des guides de haute montagne. La ville de Chamonix lui a rendu hommage.

Date de diffusion :
03 septembre 1991
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Le 3 septembre 1999, c'est l'un des plus grands auteurs de la vallée de Chamonix que célèbre le reportage de France 3 : Roger Frison-Roche. C'est que l'on fête cette année-là le cinquantième anniversaire de la publication de Premier de cordée. Il s'agit de rendre hommage à l'écrivain, au guide de montagne – le premier non-Chamoniard à intégrer, en 1930, la prestigieuse et très exclusive Compagnie des guides –, au grand voyageur et à l'explorateur qui a sillonné le désert du Sahara et le Grand Nord.

Frison-Roche est né à Paris en 1906, de parents d'origine savoyarde. Devant interrompre ses études à la mort de son père, il vit de petits boulots (groom chez Thomas Cook, interprète au Touring Club de France). Mais il a contracté le virus de la montagne lors de ses séjours en Savoie chez son oncle et au fil de ses lectures des grands explorateurs. Il quitte donc la capitale et arrive à Chamonix à peine âgé de 17 ans pour s'adonner à sa passion, l'alpinisme. Il est embauché comme secrétaire bilingue au syndicat d'initiative et au comité olympique. Nous sommes alors à la veille des tout premiers jeux olympiques d'hiver organisés (1924). À Chamonix, il pratique toutes sortes de sports, hiver comme été ; il effectue ses premières courses en solitaire, participe aux ascensions avec les plus grands alpinistes du moment : Ravanel, Charlet, Couttet. Le 1er septembre 1925, après deux tentatives infructueuses, il gravit le mont Blanc et en 1930 obtient la consécration suprême en intégrant la Compagnie des guides de Chamonix. Ces premières expériences lui inspireront Premier de cordée.

C'est pourtant très loin de Chamonix qu'il le rédigera. En effet, cet amateur d'espaces vierges est aussi fasciné par le désert. En 1935, il participe à l'expédition française du Hoggar menée par Raymond Coche dans les montagnes du Sahara. Une expérience qu'il raconte dans son premier roman L'Appel du Hoggar, paru en 1936. Entre-temps, Frison-Roche est devenu journaliste, d'abord pour Le Savoyard de Paris et Le Petit Dauphinois, dont il fonde l'agence chamoniarde, puis pour Radio Lyon-la-Doua, où il se fait remarquer en 1932 par ses reportages depuis l'observatoire Vallot à 4 350 m d'altitude et depuis le sommet du mont Blanc. En 1938, il s'installe avec femme et enfants à Alger, où il travaille à La Dépêche algérienne. Et c'est dans les colonnes du quotidien qu'il publie entre janvier et février 1941, sous forme de feuilleton, Premier de cordée, qui sortira chez l'éditeur grenoblois Arthaud quelques mois plus tard. Hymne à la montagne, milieu qui impose l'humilité, au surpassement de soi et au triomphe de la volonté, ce roman est aussi, au lendemain de la capitulation française, un « texte de propagande destiné à combattre la démoralisation de la jeunesse » (selon Michel P. Schmitt). « Pour nous, combattants des Alpes qui n'avions pas été vaincus, la défaite de la France était incompréhensible », écrira Frison-Roche.

À l'été 1943, Louis Daquin tourne une très belle adaptation du roman, à laquelle collabore l'écrivain. À cette époque, Frison-Roche a rejoint les maquis savoyards ; il devient officier de liaison auprès des FFI, une expérience qu'il racontera dans Les Montagnards de la nuit. Après la guerre, il reprendra ses expéditions dans le Sahara, découvrira le Grand Nord et continuera inlassablement à publier : La Grande Crevasse, 1947 ; La Piste oubliée (1950), La Montagne aux écritures (1952) ; La Vallée sans hommes (1973), ou Versant du Soleil, son autobiographie (1981), pour n'en citer que quelques-uns.

Frison-Roche s'est éteint le 17 décembre 1999 à Chamonix.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
Il y a 50 ans, était publié le premier roman de Frison Roche, Premier de Cordée , un best-seller qui a permis à ce non savoyard d’être totalement excepté au sein des guides de haute montagne et qui a permis aussi à Chamonix d’avoir le plus célèbre des chamoniards. Chamonix qui lui a rendu un bien bel hommage.
Journaliste
La chevelure de neige et la canne hésitante, ce vieux monsieur c’est une des figures les plus familières de Chamonix. Roger Frison Roche. Un nom qui rappelle aussitôt des images d’aventures et de montagnes. Il y a 50 ans cette année, il a écrit son livre le plus connu : Premier de Cordée .
Henri Fuoc
C’est après l’Armistice de 40, en Algérie, il y avait pas mal de déprime, que mon patron de journal, La Dépêche algérienne, m’a demandé si je pouvais écrire quelque chose pour les jeunes quoi, qui puisse un peu redonner un peu d’ardeur à la jeunesse. C’est alors que j’ai écrit Premier de Cordée , la vie des guides quoi, somme toute de Chamonix mais au jour le jour. J’ai fait ça comme Eugène Sue, c’est à dire en écrivant sans savoir ce que je mettrai le lendemain sur le marbre.
Journaliste
Trait de génie qui a fait aussitôt de Frison Roche un auteur à succès. La montagne venait de trouver son poète. Désormais, des sables sahariens jusqu’aux sommets enneigés, les titres allaient se succéder pour le plus grand bonheur d’un public de tous les âges et qui s’est renouvelé d’une génération à l’autre.
Inconnue 1
C’est mon grand-père qui m’en avait parlé puisqu’il avait fait quelques courses avec lui.
Inconnue 2
Ça c’est mon premier, oui.
Journaliste
Alors, qu’est ce qui s’est passé, vous avez lu ce livre ?
Inconnue 2
Je l’ai lu, je l’ai relu, j’en ai relu plusieurs et puis j’ai embêté mes parents pour venir ici.
Journaliste
Frison Roche le connaissait bien ce milieu de la montagne. Parisien d’origine savoyarde, il est arrivé à 17 ans à Chamonix. Il entre premier non chamoniard à l’illustre compagnie des guides. Et puis 10 ans après, c’est le départ vers le désert. Une autre illumination. Le vieux maître, âgé aujourd’hui de 85 ans a laissé à d’autres le soin de chanter la montagne mais il restera le plus grand de tous. Entouré de ses amis, de ses compagnons d’aventure encore vivants, des guides de la compagnie, Roger Frison Roche a reçu l’hommage de Chamonix dont le groupe scolaire portera désormais son nom.