Le Festival de la correspondance de Grignan
Notice
Le Festival de la correspondance de Grignan est une manifestation culturelle qui célèbre l'art épistolaire. Cette année, les auteurs infréquentables sortent de l'ombre.
- Rhône-Alpes > Drôme > Grignan
Éclairage
Chaque semaine et pendant un quart de siècle, la marquise de Sévigné, née Marie de Rabutin Chantal, écrivit trois ou quatre lettres à sa fille, Françoise Marguerite. En février 1671, cette fille choyée a quitté Paris pour rejoindre son mari, François d'Adhémar, comte de Grignan, nommé lieutenant général en Provence par Louis XIV. Si les premières lettres expriment le déchirement de la marquise face à cette séparation, les suivantes – 764 recensées sur plus d'un millier de lettres envoyées – dresseront la chronique spirituelle et sensible de la cour et des salons parisiens, où elle fréquente La Rochefoucauld, le cardinal de Retz, Fouquet ou Mme de La Fayette, et feront le récit des événements marquants qui se produisent à Paris, sur le ton enjoué d'une conversation mondaine.
C'est à cette grande épistolière, morte à Grignan, en 1696, alors qu'elle était venue soigner sa fille, que le Festival de la correspondance a voulu rendre hommage. Et le pari du maire de Grignan, Bruno Durieux, de créer en 1996, l'année du tricentenaire de la mort de Mme de Sévigné, un festival consacré à l'art épistolaire, genre littéraire plutôt négligé, était plutôt osé.
Pendant une petite semaine, les ruelles de ce village perché, les jardins et la collégiale bruissent des lectures que déclament des comédiens connus ou moins connus, s'animent au rythme des ateliers d'écriture ou de calligraphies et de rencontres littéraires, résonnent d'intermèdes musicaux.
Force est de constater que l'audace a payé. Grignan, en Drôme provençale, n'attire pas seulement les promeneurs en quête de patrimoine, de gastronomie (nous sommes au pays de la truffe et du picodon !) et de paysages baignés de lumière où s'étirent les champs de lavande. Au fil des éditions, le Festival a su fédérer auteurs, éditeurs, comédiens et artistes pour contenter un public exigeant. Chaque année, autour d'un thème choisi, il célèbre « toutes les correspondances de toutes les époques et sous toutes ses formes, des plus traditionnelles aux plus contemporaines ». Pour sa sixième édition, en cet été 2001 qu'évoque le reportage, c'est sur les auteurs « infréquentables » qu'il a choisi de se pencher. Infréquentables comme l'était la marquise de Sévigné, selon l'écrivaine Françoise Amel, interviewée dans le JT du soir de France 3 : « Une femme de plume est toujours infréquentable car une femme qui écrit vrai, qui va au fond du style et de la vérité des sentiments et de sa propre vérité écrit forcément des choses qui dérangent l'entourage. »