Le tunnel du Mont Blanc
Notice
Depuis la catastrophe de 1999, qui a fait 39 morts, la question de la sécurité du tunnel du Mont Blanc a été remise en cause. La France, comme l'Italie a lancé, quelques semaines après le drame, une campagne de grands travaux.
Éclairage
Le 24 mars 1999, un camion belge transportant de la margarine et de la farine prend feu dans le tunnel du Mont Blanc. Il déclenche un incendie qui provoque la mort de 39 personnes.
Cet ouvrage, long de 11,6 kilomètres a été inauguré en 1965 par les présidents français et italien de l'époque : le général de Gaulle et Giuseppe Saragat. Il avait pour but de relier la vallée de Chamonix au Val d'Aoste et de permettre une meilleure communication entre France et Italie que par le franchissement des cols alpins. Il s'agissait alors du premier tunnel routier important entre les deux pays (le tunnel du Fréjus fut pour sa part inauguré en 1980). Le projet, né en 1949, avait été lancé par la signature d'une convention prévoyant la construction et l'exploitation de l'ouvrage, signée en 1953 puis ratifiée en 1954 par le Parlement italien et en 1957 par le Parlement français. Les travaux, débutés en 1959, ont duré six ans. Ils ont mis en relation les 7 640 mètres du côté français et les 3 960 mètres du côté italien. Lors de son inauguration, le tunnel pouvait également apparaître comme un symbole de la construction européenne et de l'augmentation des échanges marchands entre les deux pays.
La gestion a été confiée à deux sociétés d'exploitation distinctes : la STMB (Société du Tunnel du Mont Blanc) en France, devenue ATMB (Autoroute et Tunnel du Mont Blanc) et la SITMB (Société Italienne du Tunnel du Mont Blanc) en Italie. L'ouvrage a été ouvert à la circulation le 19 juillet 1965. Il a rapidement connu le succès puisque dès 1966, 548 000 véhicules de tourisme l'ont emprunté. Le trafic n'a alors cessé de croître et le tunnel du Mont-Blanc est devenu, avec celui du Fréjus en Savoie, un axe majeur du transport routier international entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud : environ 2 millions de véhicules, dont près de 750 000 poids lourds passaient ainsi sous le tunnel en 1998.
À la suite de cette catastrophe, un large débat public a vu le jour. D'importantes défaillances des systèmes d'alerte et de sécurité ont ainsi été mises en lumière : politiques d'investissement séparées en matière de sécurité, organisation du premier niveau d'intervention différente entre les deux sociétés exploitantes, gestion de la ventilation non coordonnée ... Pour pallier à cela, Le Groupement Européen d'Intérêt Economique du Tunnel du Mont Blanc (GEIE-TMB) a été constitué le 18 mai 2000. Cette structure, issue d'ATMB et de la SITMB a depuis pour mission d'assurer l'entretien et la gestion unique. De plus, des travaux de réhabilitation et de modernisation ont été lancés en 2000 : mise en place de 116 niches de sécurité équipées d'alarme et de bouches à incendie, de 78 niches à incendie réservées aux pompiers, de réservoirs d'eau, d'une nouvelle ventilation. Au total, le tunnel est resté fermé trois ans : il n'a rouvert à la circulation qu'en mars 2002, pour les véhicules légers, quelques mois plus tard pour les poids lourds.
Mais au-delà de la sécurité, le débat a porté sur les nuisances créées par le trafic des poids lourds dans les traversées alpines. Celui-ci n'a cessé d'augmenter depuis l'ouverture. Dans les années 1990, de nombreux élus et des associations de riverains, hostiles à une future hausse de ce trafic dans la vallée de Chamonix, avaient manifesté leur désaccord face au projet de doublement du tunnel. Leurs actions se sont multipliées pendant la période de fermeture pour travaux. La nécessité de parvenir à un rééquilibrage des modes de transport, notamment par un transfert du fret de la route vers le rail, a alors été avancée à de nombreuses reprises. Ce type de revendications a d'ailleurs été partagé par les habitants de la vallée de la Maurienne qui ont vu le trafic du tunnel du Fréjus fortement augmenter pendant les années de fermeture du tunnel du Mont Blanc et qui ont connu à cette époque une congestion de leur vallée. Pour l'heure, le transport ferroviaire est encore peu important dans les Alpes. Pourtant, seul un projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, à la fois pour le transport des voyageurs et des marchandises, est pour l'instant prévu.