Les risques en montagne
Notice
Les randonneurs sont souvent imprudents et les accidents ne sont pas rares. Les risques encourus peuvent être fatals, chaque année il y a des morts dans la montagne. L'encadrement par un guide et les précautions de base, sont indispensables.
Éclairage
A l'approche de la rentrée, le 27 août 1993, Antenne 2 propose dans son journal télévisé de 20 heures un reportage de Nicolas Winckler et Alexie Marant relatif aux accidents qui émaillent les excursions en montagne des amateurs de grands espaces qui s'élancent vers les cimes sans les équipements requis ni la connaissance minimum du milieu.
Le film se veut édifiant. Au rappel des statistiques sur le nombre de décès et d'accidents s'ajoutent les images d'hélicoptère d'Eric Wauquelin qui montrent les randonneurs dans des espaces grandioses mais qui, à coups de zooms arrière, relativisent surtout la place de l'homme dans la montagne. Le film prend le spectateur comme témoin. Un père se promène sur la Mer de Glace, au-dessus de Chamonix, à quelques centimètres d'un gouffre mortel en tenant son fils par la main. Aucun ne porte de chaussures à crampon. Le chien de la famille est lui aussi de la partie.
L'imprudence des randonneurs apparaît renforcée par le contraste des images d'un groupe d'adolescents réalisant le tour du Mont Blanc sous la surveillance attentive de Beatrice Winster, accompagnatrice de la compagnie des guides de Chamonix. L'opposition claire entre le bon et le mauvais exemple confère à l'évidence : l'appel de la montagne a un prix.
Au-delà du projet éducatif, le reportage d'Antenne 2 témoigne aussi d'une double évolution. D'une part, il reflète une accélération de la demande pour le plein-air, dont la randonnée de montagne profite au même titre que de nombreuses autres activités. Si les pratiquants appartiennent plutôt aux catégories supérieures et aux professions intermédiaires, la poussée écologique et la quête de nature des années 1990 touchent des populations diverses, de toute génération et de tout milieu social. Dès lors, bien que la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade peine à dépasser les 100 000 licenciés, ce sont plus de 10 millions de Français qui ont déclaré pratiquer au moins occasionnellement la randonnée pédestre et 5,7 millions la randonnée de montagne en 2003. D'autre part, le reportage confirme la mutation de l'accès aux métiers de la montagne qui s'opère depuis les années 1980. Que la Compagnie des guides de Chamonix, cette société de professionnels de la montagne créée en 1821 et longtemps jalouse de ses rites et traditions locales, soit évoquée à travers l'interview d'une femme, dans sa tenue colorée et fun, témoigne bien de l'arrivée d'une nouvelle génération, plus féminine - le métier de guide de haute montagne n'est ouvert aux femmes qu'à partir de 1983 – maitrisant de nouveaux codes culturels et vestimentaires et dont les trajectoires biographiques sont désormais souvent plus urbaines que montagnardes.