Le défilé de la Biennale de la danse

15 septembre 2002
02m 35s
Réf. 00302

Notice

Résumé :

A Lyon se déroule le 4ème défilé de la Biennale de la danse, expression de la mixité sociale et culturelle. Cet après midi 4500 danseurs étaient mobilisés le long des quais du Rhône sur le thème de "Terra Latina".

Date de diffusion :
15 septembre 2002
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Éclairage

Son premier souvenir de danse remonte à ses 4 ans, quand, de retour d'une représentation du Grand Ballet du marquis de Cuevas avec Rosella Hightower, il dit à sa mère : « Je veux être danseur ». L'enthousiasme familial n'est pas au rendez-vous. À défaut de devenir danseur, le Lyonnais Guy Darmet écrit d'abord sur la danse, puis, en 1980, prend la direction de la Maison de la danse, dont il a porté le projet. L'époque est alors propice : création du festival de Montpellier, des compagnies de Claude Gallotta, de Régine Chopinot, arrivée de Jack Lang au ministère de la Culture (1981)... En 1984, il met sur pied une Biennale, devenue depuis le plus important festival d'art chorégraphique du monde, qui met à l'honneur toutes les genres, pour tous les publics, avec la volonté de débarrasser la danse contemporaine de son image élitiste. En septembre 1996, en s'inspirant du célèbre Carnaval de Rio, Darmet fait défiler dans les rues de Lyon danseurs amateurs et professionnels, convaincu que la danse, « art de la rencontre », est « un véhicule social magnifique ». Car le défilé se prépare toute l'année, dans toute l'agglomération lyonnaise : des milliers d'individus, de tous âges et conditions, se retrouvent au sein de centaines d'associations, MJC, compagnies, centres sociaux ; ils cousent les costumes, fabriquent les chars et autres dispositifs scéniques, apprennent à danser, coachés par des chorégraphes locaux ou invités, discutent. Chacun apporte sa pierre au spectacle. Pour les organisateurs, pour les politiques, le défilé est un projet humain et solidaire faisant la part belle aux rencontres et aux échanges entre citoyens, générations, cultures, un projet festif réunissant la population, un « rituel d'agglomération », et, bien sûr, un projet artistique. Ainsi le présente aussi le journal télévisé Rhône-Alpes de France 3 en ce 15 septembre 2002, insistant sur le mélange des populations – quelque 4 500 danseurs de 25 groupes de la région et de formations sud-américaines – réunies pour le plaisir de danser ensemble.

Des sociologues lyonnais se sont interrogés lors d'une enquête quantitative, basée sur une « observation participante », sur des questionnaires (auprès de 1 600 danseurs) et des entretiens réalisés lors du défilé de 2002, sur la réalité de cette mixité sociale, culturelle et générationnelle : ils relèvent ainsi que 18,4 % des danseurs ont entre 15 et 19 ans (une tranche d'âge qui représente 7 % de la population lyonnaise), 2,5 % ont plus de 60 ans (contre 22,5 %), que l'on compte 84,5 % de femmes parmi les participant-e-s et que les classes favorisées, qui consomment davantage en matière culturelle, sont sur-représentées. Une image qui semble donc, selon eux, un peu éloignée des déclarations d'intention (un lieu de démocratisation de la danse) et des discours politiques (un événement visant à créer du lien social).

Ceci n'ôte pourtant rien à la festivité et au succès de l'événement qui a réuni le long du Rhône ce jour-là plus de 300 000 spectateurs. Un succès jamais démenti depuis et qui participe également à la modification de l'image de la ville de Lyon, jadis jugée froide, réservée et repliée sur elle-même.

Bibliographie :

- C. Détrez, P. Mercklé, M. Veyret, D. Vuattoux, « “C'est notre défilé...” Le Défilé de la Biennale de la Danse de Lyon entre discours et réalités », dans N. Hossard, M. Jarvin (dir.), « C'est ma ville ! » De l'appropriation et du détournement de l'espace public, Paris, L'Harmattan, 2005.

(consultable en ligne sur le site de l'ENS Lyon, dossier recherche Pierre Mercklé)

Michelle Zancarini

Transcription

(Musique)
Journaliste
Du Rio Grande à la Terre de Feu, c’est l’Amérique Latine. Invitée et thème du quatrième défilé de la biennale de la danse, un thème exploré et visité par 25 groupes de la région et d’autres formations venues de Bolivie, du Pérou et du Mexique. Du Pont Morand au Pont de la Guillotière, c’est Lyon. 1 kilomètre 6 de quai pour accueillir ces centaines de danseurs. Pendant des mois, chaque ensemble répète, prépare son défilé comme cette formation de Villeurbanne, 270 danseurs, amenés par une chorégraphe brésilienne, Vera Lopez.
Véra Lopez
Là, génial, rien à faire, c’est la folie, très belle, très amoureuse. Les personnes sont complètement donné son cœur, donné son énergie, il voit que la chose bonne, pour ne voir le monde, pour ne voir personne, pour ne voir l’action de chaque personne au monde. C’est de la révolution, c’est chaque personne pour faire une chose belle. On trouve que c’est la beauté.
Journaliste
Le choix des troupes régionales invitées repose sur des critères artistiques mais aussi sociaux. En particulier, le mélange des populations, étudiants, adhérents de MJC, danseurs et musiciens amateurs s’unissent quelques mois pour le défilé d’un jour. Pour le plaisir de danser ensemble.
Inconnue
Je m’éclate, je me défoule, je suis avec mes amis, super.
Journaliste
Ce voyage en Amérique Latine mélange conquistadors et guerilleros. Légendes de civilisations disparues et combats révolutionnaires en cours, mais les difficultés quotidiennes, les oppressions, les rébellions, représentent la majorité des sujets déclinés par les troupes. Des réalités bien vivantes comme le montre la Compagnie du Carnaval d’Oruro, en Bolivie. Ils ouvrent le défilé au pas d’une danse, évocation du travail dans des mines d’argent, les contremaîtres fouets à la main dirigent la tâche d’esclaves qui extraient les minerais de la terre.
Guy Darmet
Oruro, c’est l’altiplano bolivien, c’est 4000 mètres d’altitude, c’est une ville qui autrefois était très riche car c’était une, une ville où il y avait des mines d’argent. Malheureusement aujourd’hui, toutes ces mines sont fermées et donc une grande difficulté. Et pourtant, le Carnaval lui est toujours là. Il a même été distingué, c’est la première manifestation au monde qui était distinguée par l’Unesco comme patrimoine immatériel et intangible de l’humanité. C’est un parcours de 15 kilomètres.
Journaliste
Et si Oruro reste bien en Bolivie, le temps d’une après-midi, la géographie a été passablement bouleversée avec le Rhône situé quelque part entre le Rio Grande et la Terre de Feu.
(Bruit)