Football : but d'Aimé Jacquet de l'ASSE en Coupe d'Europe
Notice
La 16ème de finale aller de Coupe d'Europe des clubs champions de football oppose Saint-Etienne au club finlandais de Kuopio Palloseura. Le milieu de terrain stéphanois Aimé Jacquet inscrit de la tête le second but stéphanois.
Éclairage
Le 20 septembre 1967, en 16ème de finale aller de la Coupe des Clubs champions, l'Association Sportive de Saint-Etienne (ASSE) s'impose à domicile contre les Finlandais de Kuopio Palloseura, un club aux ambitions limitées au niveau européen que les Stéphanois battent 2 à 0. Le match a lieu au Stade Geoffroy Guichard, inauguré en 1931 grâce à une souscription lancée par Pierre Guichard, le fils du fondateur du club. Haut-lieu des exploits des Verts, le « chaudron », appelé ainsi en raison de la verticalité de ses tribunes, possède une architecture « à l'anglaise », avec quatre tribunes distinctes. Ce jour de Coupe d'Europe de 1967, il accueille 25 000 spectateurs pour une capacité alors proche de 30 000, mais le reportage de l'ORTF s'attarde surtout sur le second but de la rencontre, marqué sur une tête d'Aimé Jacquet à la suite d'un centre de Georges Bereta. D'autres joueurs au destin international apparaissent aussi dans la séquence, tels Robert Herbin, Hervé Revelli ou encore Rachid Mekloufi, Algérien surdoué, ancien membre de l'équipe du FLN et ultérieurement sélectionneur de l'équipe d'Algérie.
Le style de jeu relativement statique des deux équipes, caractéristique des années 1960, donne l'occasion au journaliste, Thierry Roland, d'égrener le nom des joueurs. Au service des sports de la RTF dès 1953, Thierry Roland se tourne durablement vers le commentaire des matches de football retransmis à la télévision avec la Coupe du monde de 1962. Malgré ses dérapages verbaux volontiers teintés de nationalisme, de sexisme et, parfois, d'allusions racistes, il s'impose bientôt et pour plus de 45 ans de carrière comme le journaliste de football le plus populaire du pays.
Que la télévision retransmette une telle séquence n'est pas étonnant : en 1967, le football est le sport français le plus pratiqué et le plus regardé. De son côté, l'ASSE, qui a remporté la Coupe de France en 1962, la Coupe Gambardella en 1963 et le championnat de France en 1964 et en 1967, est considérée comme le meilleur club du pays. En 1968, ses joueurs réalisent d'ailleurs l'exploit de remporter la Coupe et le championnat, avant d'enchaîner avec un nouveau titre de champion de France en 1969 et un triplé Coupe-Championnat-Gambardella l'année suivante. Pourtant, les rencontres européennes demeurent encore trop difficiles à gérer : en 1967, Saint-Etienne l'emportera au match retour par 3 buts à 0, mais se fera bientôt éliminé par le Benfica de Lisbonne.
Grâce à son but, Aimé Jacquet a les honneurs de Thierry Roland. Bien que le milieu défensif ne soit pas le plus connu du club, il connaît alors une saison faste qui le conduit à deux reprises, en 1968, en équipe de France. Né en 1941, sa trajectoire est surtout caractéristique d'une génération de joueurs qui, avant de devenir professionnels de football, ont connu l'usine et sont appréciés précisément pour cela - notamment à Saint-Etienne où les spectateurs populaires se reconnaissent dans l'esprit de labeur. Après avoir tout gagné avec Saint-Etienne où il marque 176 buts entre 1959 et 1973, Aimé Jacquet part à l'Olympique lyonnais en 1973 où, après deux saisons, il se reconvertit comme entraîneur. Il connaît alors plusieurs succès avec d'autres clubs, notamment les Girondins de Bordeaux, qui le propulsent « Entraîneur français de l'année » pour le magazine France Football en 1981, 1984 et 1998 et l'amènent à devenir sélectionneur de l'équipe de France. Fortement critiqué à ce poste, il connaît pourtant la consécration suprême avec le titre de champion du monde remporté par la France, à Paris, en 1998.