Saint-Etienne et la coupe d'Europe de football

13 mai 1976
02m 21s
Réf. 00327

Notice

Résumé :

L'équipe de l'AS Saint-Etienne s'est inclinée hier à Glasgow en finale de la Coupe d'Europe face au Bayern de Munich. Malgré la défaite, les joueurs stéphanois ont défilé sur les Champs Elysées, soutenus par les supporters.

Date de diffusion :
13 mai 1976
Source :
Antenne 2 (Collection: JA2 20H )
Thèmes :

Éclairage

Le 13 mai 1976, le journal de 20 heures d'Antenne 2 consacre un reportage couleur à la finale de la Coupe d'Europe, à Glasgow, perdue 1 à 0 par l'Association Sportive de Saint-Etienne (ASSE) face au Bayern de Munich. Chez les personnes interrogées, qu'il s'agisse du président Roger Rocher, de l'entraîneur et ancien joueur Robert Herbin ou des joueurs internationaux comme Jean-Michel Larqué, capitaine bientôt reconverti au journalisme, et Hervé Revelli, le meilleur marqueur de l'histoire de Saint-Etienne, la déception est manifestement à la hauteur des espoirs qu'avait fait naitre le parcours européen des Verts. Jamais, en effet, un club français n'avait atteint ce niveau de la compétition dans le sport le plus populaire du pays.

L'ASSE, club relativement ancien, est créé au lendemain de la Première Guerre mondiale par le fondateur du groupe Casino, Geoffroy Guichard, puis prend son nom définitif en 1933, année où il intègre le championnat de France professionnel récemment mis en place. Il faut toutefois attendre un quart de siècle pour voir le club jouer les premiers rôles. Entre 1957 et 1976, l'ASSE règne véritablement sur le championnat de France en remportant neuf des vingt titres en jeu, plus cinq coupes de France. Alors à son apogée, il offre pour la France les meilleures chances d'un succès européen que le pays attend depuis la création de la compétition en 1955. En 1975, les champions de France atteignent la demi-finale où ils sont éliminés par le Bayern de Munich ; c'est précisément ce même club, déjà double vainqueur de la compétition en 1974 et 1975, qu'ils retrouvent cette fois en finale, lors d'un match suivi par la France entière. Les perruques, foulards, tee-shirts et autres artefacts s'arrachent : chacun, en France, s'habille alors en vert, de la couleur des maillots choisie aux origines du club pour rappeler l'enseigne de Casino.

Les rencontres des tours précédents, successivement gagnées sur des équipes aussi prestigieuses que le KB Copenhague, les Glasgow Rangers, le Dynamo Kiev et le PSV Eindhoven, l'ont été à la suite d'improbables retournements de situation qui ont favorisé un rare phénomène d'attachement à l'équipe bien au-delà de ses terres stéphanoises. La finale de 1976 ne fait pas exception, avec des tirs de l'ASSE repoussés par les poteaux carrés du Hampden Park de Glasgow, restés célèbres pour cela.

L'épopée des Verts ne laisse personne indifférent et vaut aux joueurs, entraîneurs et dirigeants, de défiler sur les Champs Elysées devant une foule massée, avant d'être reçus par le Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, qui entend profiter politiquement du capital de popularité acquis par l'ASSE. Le club est aussi incarné par le Stéphanois Roger Rocher (1920-1997), ancien mineur devenu industriel et qui succède à Geoffroy Guichard à la présidence de l'ASSE en 1961. Le reportage s'attarde sur cet homme qui, cependant, sera poussé à la démission en 1981 à la suite de la découverte d'une caisse noire pour laquelle il sera finalement condamné dix ans plus tard. L'affaire coïncide avec le déclin de l'ASSE qui descend un temps en seconde division en 1984, huit années seulement après avoir flirté avec les sommets.

Thierry Terret

Transcription

(Bruit)
Jean-Michel Larqué
Oh c’est…C’est plus que de l’abattement, c’est une véritable peine, presque une peine sentimentale, parce que c’était quand même un beau roman d'amour avec la coupe d’Europe jusque-là et puis on a l’impression qu’elle nous a un petit peu échappé, qu’elle n’a pas… qu’elle ne nous a pas fait les yeux doux, c’est dans ce sens que l’on conçoit notre peine.
(Bruit)
Roger Rocher
Vous êtes [inaudible] dans la voiture. Tu vois ça. Eh ben, il nous le fallait. Ce n’est pas pour… avec prétention mais ça nous fera rentrer avec beaucoup plus de force et on oubliera peut-être ce regret qu’on a dans cette finale mais l’année prochaine les parisiens mériteraient une grande équipe parce qu’à Paris, il y a quand même un public sportif.
(Bruit)
Hervé Revelli
C’était un petit peu difficile à calculer. Personne ne m’a dit que j’étais seul aussi, donc c’était peut-être un petit défaut des footballeurs français de ne pas assez se parler sur un terrain. Si on m’avait dit peut-être « t’es tout seul », j’aurais pris une autre décision car là il faut aller très vite aussi, personne m’a rien dit, j’ai pris la décision de faire une tête. Je crois que… vous savez, il faut laisser un dixième de seconde, il ne faut pas réfléchir car aussi on peut enlever la balle à ce moment-là, on peut se faire enlever la balle. Je crois que j’ai eu une résolution disons normale et j’ai pas disons de regret de ce côté-là.