Portrait de Charles Hernu
Notice
Ce reportage retrace la vie de Charles Hernu, depuis ses débuts dans la Résistance à son poste de ministre de la Défense sous François Mitterrand. Il est maire de Villeurbanne de 1977 à 1990, ville de son enfance à laquelle il est très attaché.
Éclairage
Diffusé sur FR3 en décembre 1981, ce long portrait quelque peu hagiographique de Charles Hernu est destiné à rappeler l'implantation villeurbannaise, familiale et politique, du ministre de la Défense (1981-1985) de François Mitterrand, occupation qui l'accapare et qui l'éloigne de sa ville. Cette dernière est très présente à l'image dans de longs panoramiques pris en plongée qui montrent la diversité de la commune entre cheminées d'usines d'autrefois et gratte-ciel visionnaires.
Bien que né à Quimper - « accidentellement » dit le commentaire - le 3 juillet 1923 Charles Hernu insiste sur ses origines villeurbannaises. C'est d'ailleurs à Villeurbanne, cité dont il est toujours maire (et ce depuis 1977), qu'il décède le 17 janvier 1990. Son père était gendarme et membre du Grand Orient de France, traditions que son fils poursuivra. À 20 ans en 1943, Charles Hernu rejoint les Chantiers de jeunesse, puis devient délégué départemental à l'information sociale du gouvernement de Vichy. Emprisonné brièvement à la Libération (voir site de l'Assemblée nationale), il s‘engage alors dans la gendarmerie sous le label FFI, ce qui permet de parler dans ce portrait télévisé de son passé dans la Résistance
Adhérent du parti radical à Lyon, il devient proche de Pierre Mendès France qui l'incite à créer en décembre 1951 le Club des Jacobins. Il est partisan de l'union de la gauche (mais sans le PCF) et du Front républicain (coalition électorale de Jacques Chaban-Delmas à Guy Mollet, en passant par Mendès France et François Mitterrand). À 32 ans, élu député de la Seine, très actif dans l'hémicycle et dans les commissions, il est à l'origine de nombreuses propositions de lois dont plusieurs sur l'armée dont il devient un spécialiste. Il se dresse en vain en 1956 contre la loi Barangé d'aide à l'enseignement privé et énonce ce qui deviendra un mot d'ordre laïque pérenne, « À l'école publique, fonds publics. À l'école privée, fonds privés ». Il condamne en novembre 1956 le soutien du parti communiste français à l'URSS qui écrase l'insurrection hongroise dans le sang. Cependant Charles Hernu juge la France trop soumise aux États-Unis et à l'OTAN. Après le 13 mai 1958 (le coup d'état à Alger), il participe le 28 mai avec, entre autres, Pierre Mendès France et François Mitterrand à la manifestation pour « la défense de la République ». Il refuse de voter l'investiture du général de Gaulle et se prononce en faveur du NON au referendum sur la constitution. Sous la Cinquième République, Charles Hernu participe à la reconstruction de la gauche non communiste et, adhère au parti socialiste en 1971 à Épinay quand les clubs rejoignent le parti rénové sous la houlette de François Mitterrand. Dans le reportage, cette période apparaît en noir et blanc ou en sépia ; on trouve et retrouve la couleur avec l'action de Charles Hernu à la tête de la municipalité de Villeurbanne ou comme ministre de la Défense.
Le reportage débute par le portrait convenu de Charles Hernu, entouré d'une partie de son équipe municipale (dont Jean-Jack Queyranne) et reconnu par un enfant venu d'ailleurs à l'entrée d'un jardin public mis en place par la municipalité. Le jardin sert de cadre à une discussion sur la presse qui se poursuit par un entretien dans le bureau de Charles Hernu avec le drapeau français au premier plan, puis à son domicile personnel où la personnalité discrète de son épouse humanise le personnage. Les priorités du ministre pour sa ville ne sont plus alors la sécurité, secondaire selon lui (à cette date, il a en partie résolu le problème de la cité Olivier de Serres par la démolition progressive de ses barres depuis 1978 et mis en chantier la rénovation du Tonkin), mais l'emploi. La ville, industrielle, est frappée de plein fouet par la crise économique et sociale et les difficultés des chômeurs et de chômeuses sur lesquelles insiste le maire dans son propos, sont réelles.
Enfin on le voit dans ses fonctions de ministre de la Défense, discutant autour d'un verre avec de jeunes appelés. Plus tard, Charles Hernu a été contraint de démissionner de son poste en septembre 1985 après l'affaire du bateau de Greenpeace coulé en Nouvelle-Zélande par une équipe de la DGSE. Charles Hernu a été ensuite réélu député du Rhône en 1986 et 1988. Il est mort en 1990 frappé d'une crise cardiaque en prononçant un discours, à Villeurbanne.