La soupe de poissons
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Les chalutiers méditerranéens débarquent chaque jour plus de soixante espèces qui ne se commercialisent pas toutes en frais. Certaines se retrouvent dans des préparations culinaires traditionnelles comme la soupe de poissons en conserve fabriquée par la coopérative Saint-Pierre depuis 1965. Cette production permet d’absorber les excédents de pêche du port de Sète.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
28 oct. 1966
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Contexte historique
ParSyndicat mixte du bassin de Thau (SMBT)
Dans les années 1960, les navires du port de Sète mesurent de 15 à 18 mètres et sont mixtes : ils pratiquent la pêche au chalut l’hiver et la pêche du poisson bleu (sardines et anchois) au lamparo l’été. Peu à peu les navires se spécialisent et le chalutage se développe, notamment avec l’arrivée dans les ports régionaux de pêcheurs rapatriés d’Algérie disposant de navires plus grands. En 1975, sur proposition des prud’hommes de pêche, l’administration crée des licences de pêche et définit les caractéristiques des chalutiers, longueur et puissance, encore valables aujourd’hui. Ces prud’homies, organisations professionnelles issues des corporations du Moyen Âge, regroupent les patrons pêcheurs avec pour vocation de régler les différends entre professionnels et de garantir le maintien de l’activité de pêche par des mesures de gestion. C’est sur leur proposition que des horaires de pêche sont fixés pour les chalutiers : départ du port à 3h du matin au plus tôt, retour à 17h au plus tard.
Ces organisations traditionnelles sont spécifiques à la Méditerranée française, mais d’autres organisations sont créées en 1945 au niveau national : les comités locaux et régionaux des pêches. Casimir Liberti fut l’un des premiers représentants des pêcheurs au sein de ces comités. Réfléchi, sensé et engagé aux côtés des plus modestes, il mobilise sa forte personnalité dans son quartier maritime de Sète, mais également à l’échelon régional, en assurant la présidence du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) du Languedoc-Roussillon. Cette forte implication s’est perpétuée dans les générations suivantes : son fils, François, pêcheur également, fut maire de Sète et son petit-fils, pêcheur et conchyliculteur, fut à son tour élu président du CRPMEM Languedoc-Roussillon. Fortement concerné par les entreprises collectives gérées par les pêcheurs eux-mêmes, Casimir Liberti a contribué, dans les années 1960, à la création de la Coopérative des cinq ports [1] constituée pour faciliter l’accès des tables conchylicoles aux pêcheurs souhaitant diversifier leur activité, de la coopérative Le Dauphin, à la Pointe Courte, pour la purification des coquillages avant leur vente, et de la coopérative Saint-Pierre qui permet de réfrigérer et de commercialiser les produits.
Comme il le souligne dans le reportage, cet établissement, situé au cœur de Sète sur le « quai de la Marine », contribue depuis 1965 à résoudre le problème des excédents de poissons. Une autre caractéristique de la pêche en Méditerranée est sa diversité avec plus de 60 espèces potentiellement pêchées par les chalutiers chaque jour. En dehors des poissons dits nobles
trouvant preneur auprès des mareyeurs (merlu, sole, rouget, loup ou bar, daurade, baudroie…), de nombreuses espèces peu connues du grand public et pêchées par les chalutiers connaissaient alors (et souvent encore aujourd’hui) des problèmes de commercialisation : gascon ou chinchard, grondins, congres, pageots. Se pose dès les années 60 la question de la commercialisation et de la valorisation de ces espèces.
La coopérative Saint-Pierre avait notamment pour mission la vente de poissons aux conserveries (en particulier les sardines, sur le quai des Moulins) et aux fabricants de soupes. Relayant le travail de commercialisation engagé par cette coopérative, c’est en 1967 que commence la construction de la criée de Sète, inaugurée en 1969. Lieu de rencontre entre producteurs et mareyeurs, la criée permet de maintenir les prix et de faciliter l’écoulement des produits débarqués par les navires de pêche. Dans les années 1980, les règlements européens relatifs à l’organisation commune des marchés instaurent des OP (organisations de producteurs) pour structurer le devenir des produits qui ne trouvent pas de débouchés sur le marché du frais : ce sont ces organisations qui contractualisent dorénavant avec des transformateurs, fabricants de soupes ou conserveurs, pour valoriser au mieux les produits débarqués.
Cette tradition sétoise de la soupe s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, avec des recettes artisanales. Deux soupes « Label rouge » sont ainsi produites localement : d’une part par l’entreprise MHPP Terre & mer production localisée à Frontignan, avec du poisson de la criée de Sète acheté par l’organisation de producteurs SATHOAN et d’autre part par l’entreprise Azaïs et Polito, basée à Sète, et qui valorise le poisson de la criée d’Agde.
[1] La coopérative des Cinq ports créée à Mèze en 1969 a fêté ses 50 ans d’activités en 2019. D’autres coopératives, de carburant ou d’avitaillement, perdurent également jusqu’à aujourd’hui.
Transcription
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