Enquête sur la pêche au thon rouge au large de Sète
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Résumé
Une saison de pêche au thon exceptionnelle vient de se terminer à Sète. C’est l'occasion pour Casimir Liberti, président du comité des pêches maritimes du Languedoc et porte-parole des pêcheurs en mer de Sète, de faire le point sur les changements techniques et économiques de cette activité.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
16 janv. 1965
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ParSyndicat mixte du bassin de Thau (SMBT) etRetraité IFREMER
Dans le reportage, tourné le 16 janvier 1965, la journaliste Anne-Marie Rozelet interroge Casimir Liberti, président du comité régional des pêches maritimes du Languedoc et représentant des pêcheurs de Sète, sur le bilan de la pêche au thon de la saison 1964 : un résultat remarquable dû, notamment, à un changement des techniques de pêche.
Les navires de pêche de Sète ont beaucoup évolué. Dans les années 1960, les bateaux pouvaient pratiquer plusieurs types de pêche en fonction de leur gréement. Ils alternaient ainsi la pêche au lamparo, en été, faisant, grâce à des lampes, « monter » les poissons pélagiques (surtout des sardines) à la surface de l’eau et en les encerclant avec une senne, et la pêche au chalut, au cours de laquelle un filet était tracté sur le fond. Mais les lamparos pouvaient également cibler le thon rouge, espèce renommée entre toutes. La période la plus propice à la pêche du thon était l’été (de mai à septembre), mais des prises plus modestes s’opéraient également au printemps et à l’automne.
La technique de pêche au thon rouge a beaucoup changé au fil des ans. Après la pêche traditionnelle aux madragues, filet maillant dérivant, c’est la thonaille qui a été utilisée, puis des filets tournants coulissants, ou sennes, modestes d’abord (la seinchole) et de plus en plus grands. Le principe de la senne est le passage d’un système de cylindre à une demi-sphère, grâce à une coulisse qui passe dans des anneaux dans la partie inférieure du filet et le referme, pour éviter que les poissons ne s’échappent par le bas. Les senneurs se reconnaissent à la présence d’annexes derrière le bateau principal : larguée au large, l’annexe recueille une extrémité de la senne, puis le grand bateau encercle le thon à partir de ce point fixe et revient près de l’annexe pour boucler la senne.
Jusque dans les années 1990, toute la production de thon était mise à bord et ramenée à terre : les navires devaient donc disposer de grandes cales réfrigérées pour embarquer des quantités importantes. C’est une véritable course à la longueur des thoniers qui a été engagée et certains navires ont atteint les 45 mètres. Puis dans les années 1990 ont été utilisés des « bateaux piscines » : présents sur la zone de pêche, ils accueillaient dans de grandes cuves d’eau réfrigérée, les thons pêchés à la senne. Enfin, pour répondre à l’exigence des marchés, notamment japonais, apparaissent vers 1995 les premières cages flottantes. Le principe est révolutionnaire : le poisson capturé est transféré directement en pleine mer de la senne à des cages, remorquées par des navires spécialisés, jusqu’à terre, dans des zones d’embouche situées en Espagne, à Malte, Chypre… Le poisson y reste vivant, jusqu’à ce qu’il soit abattu dans des conditions très spécifiques répondant aux exigences des acheteurs asiatiques, et expédié sur ces marchés fortement demandeurs.
Aujourd’hui le thon n’est plus hissé à bord, il n’y a donc plus de contact direct entre le pêcheur et le poisson. Les marins ne voient plus le poisson qu’ils capturent… et le consommateur français non plus, sauf s’il se tourne vers des pêches plus locales pratiquées par les palangriers. La pêche au thon rouge en Méditerranée a longtemps défrayé la chronique. Après des alertes concernant la surpêche dans les années 2000, une gestion très stricte de l’effort de pêche a été instaurée par l’Union européenne. Le nombre de thoniers senneurs est limité et, chaque année, des quotas individuels sont attribués à une vingtaine de navires, pour environ 6 000 tonnes par an. Chaque thonier dispose d’un mois pour pêcher son quota, en mai-juin et embarque un observateur scientifique à bord pour éviter tout dépassement de ce quota. Comme le poisson reste dans l’eau, il est nécessaire de procéder à une estimation grâce à des caméras qui filment le transfert du poisson, de la senne à la cage. La taille et le poids de chaque poisson sont notés, validés conjointement par l’observateur, le patron pêcheur et un représentant des acheteurs. Pour les palangriers, les contrôles sont tout aussi radicaux. Les navires disposent également d’un quota individuel, et doivent débarquer leurs captures sous l’œil vigilant de représentants des services de l’Etat qui attendent les navires sur le port au petit matin, pèsent, mesurent chaque poisson et lui apposent une bague avant que les acheteurs ne le prennent en charge.
Si la coopérative des marins pêcheurs « Saint-Pierre » était un outil efficace et nécessaire dans les années 1960, elle a cédé la place aux OP, organisations de producteurs qui gèrent les quotas individuels de thon rouge par bateau et assurent avec vigilance le respect des règles. Grâce à ces efforts et selon l’expertise d’IFREMER, le stock de thon rouge est aujourd’hui reconstitué, mais l’encadrement demeure pour préserver cette pêcherie.
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