La pêche aux jols
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Résumé
À Frontignan, la pêche aux jols se pratique dans le canal à la fin de l’hiver. Le meilleur moyen d’attraper ce petit poisson que l’on mange en friture, est la pêche à la « mitraillette » : plusieurs hameçons sont fixés sur une même ligne. Attirés par le « bromeg », une mixture dont les pêcheurs gardent habituellement le secret, les bancs de jols se laissent prendre très facilement.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
26 févr. 1997
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Contexte historique
ParChercheur et doctorant en études occitanes, Université Paul Valéry Montpellier
Le reportage est tourné vers la fin de l’hiver, à l’époque où les amandiers fleurissent, sur un quai du canal du Rhône qui traverse la ville de Frontignan. Sur le quai Voltaire, un groupe d’adultes et d’enfants pratiquent, en amateurs éclairés, la pêche aux jols. Le jol, dit parfois joël, est un petit poisson de quelques centimètres de longueur, qui se déplace par bancs et fréquente les eaux salées, douces ou saumâtres des côtes atlantiques de l’Europe du sud, de la Méditerranée et de la mer Noire. Dans le langage courant de la pêche ou de la cuisine, la petite dimension du jol le fait confondre fréquemment avec l’éperlan qui fait partie de la famille des Osmerae, une espèce qui séjourne plus au nord sur les côtes européennes et américaines. Quant à notre petit jol, que l’on préfère parfois désigner par son nom scientifique d’antherine, ce sont les éclats argentés de sa peau, quand il se déplace dans l’eau, qui auraient inspiré sa dénomination la plus courante, venue de l’occitan joièl ou joèu, le joyau. De façon plus pragmatique, certains en Provence l’appellent « mange-tout » car il peut être consommé entièrement. Il est également nommé, de manière plus générique, melet ou meleta, un vrai petit cousin de la sardine méditerranéenne dont le nom, dans la langue courante des pêcheurs, sert aussi à désigner n’importe quel autre poisson de petite taille.
Les pêcheurs présentés dans le reportage pratiquent tout simplement la pêche à la canne, une technique employée couramment qui consiste à présenter un appât sur un hameçon, réglé pour une hauteur d’eau définie par le savoir-faire, et sur une surface restreinte limitée à la longueur ou la portée de la canne. C’est une technique que l’on nomme la pêche au coup. Pour le jol, la taille et la voracité du poisson autorisent l’utilisation de plusieurs hameçons montés sur la même ligne, une technique dite « à la mitraillette ». On appâte avec de l’escavène demi-dure, ver maritime de l’espèce des Néréis. On peut aussi simplement utiliser l’asticot de mouche bleue, souvent désigné par son nom anglais : pinky. Généralement le coup est amorcé : préalablement à la pêche et afin d’attirer un maximum de poissons, on jette dans l’eau une quantité d’appâts dont l’importance et la nature varient selon la taille et l’appétit des prises envisagées. Cela peut aller de quelques pincées jusqu’à la poignée et du simple bout de pain jusqu’au bromeg, qui désigne en occitan des restes de poissons ou de chairs décomposées. En matière d’amorçage chacun a ses secrets et dans ce reportage, le pêcheur qui - comme cela arrive fréquemment- confond pain et bromeg, consent, chose rare, à en dévoiler un.
La pêche au coup et la pêche aux jols en particulier, ne peuvent se pratiquer que dans des espaces calmes, à l’abri du vent, des vagues et des courants marins. Ainsi les bassins portuaires ou les chenaux, les pontons des ports, et comme ici, les quais des canaux, sont des lieux de prédilection pour ce loisir. Les techniques professionnelles de la pêche aux jols, toujours utilisées dans les étangs, roubines [1] et graus de notre littoral, font appel à des systèmes de filets. Les capéjades et les ganguis sont des pièges à poissons. La première, pêcherie fixe d’étang, consiste en un réseau de filets et une enceinte où le poisson va se retrouver piégé dans des nasses ; la seconde est une grande nasse posée au fond des passes ou des chenaux, ailes déployées dans le courant où le poisson se déplace. Le petit carrelet, dit aussi globe, carrat ou calèn, est un carré de filet installé au fond d’un grau ou d’une passe que l’on relève régulièrement à l’aide d’un balancier ou, pour les plus grands, à l’aide de treuils posés sur les deux rives. Quant à l’épervier, dit rasal en occitan et aujourd’hui pratiquement abandonné, il s’agissait pour le pêcheur de lancer sur le banc de poisson et d’un seul mouvement, un vaste filet circulaire, plombé à son périmètre. Une technique qui nécessitait en plus de la ruse, une grande habileté et une longue expérience.
Quelles que soient les techniques utilisées pour la pêche, la friture de jols est un grand classique de la cuisine languedocienne. Certains la consommeront sans aucun ingrédient, d’autres avec un filet de vinaigre versé dans la poêle, d’autres enfin avec ou sans farine, après trempage dans la panure ou après macération dans la bière.
[1] Roubine : de l’occitan robina, désigne dans les étangs littoraux, un canal ou un fossé de drainage ou de jonction.
Transcription
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