Trente ans d'archéologie sous-marine à Frontignan
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La découverte d’un canon et de deux épaves de l’époque napoléonienne, constamment pillées, ont déterminé un groupe de plongeurs bénévoles à former la Section de recherches archéologiques subaquatiques de Frontignan en 1981. Depuis 2010, les campagnes de fouilles du Lion et du Robuste sont encadrées par le DRASSM.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
13 août 2011
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Contexte historique
ParIngénieure d’études au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (ministère chargé de la Culture), rattachée au CNRS, UMR 5140, Université Paul Valéry Montpellier 3
La Section de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines de Frontignan (SRASSMF) a été créée en 1981 sous l’impulsion de Fernand Robert accompagné d’un groupe d’amis. Ces plongeurs passionnés d’archéologie sont désespérés de voir disparaître régulièrement des canons, des armes à feu, des pièces d’uniformes, de la vaisselle de bord et plus prosaïquement de simples broches de cuivre dont l’arrachement brutal désolidarise les vestiges immergés de deux navires d’époque napoléonienne. Ces bateaux, un vaisseau de soixante et quatorze canons, le Lion, et un vaisseau de quatre-vingt canons, le Robuste, se sont échoués sur les redoutables bancs de sable du Golfe du Lion, devant la plage des Aresquiers à Frontignan le 25 octobre 1809, alors qu’ils étaient pris en chasse depuis plusieurs jours par les navires d’une escadre anglaise.
Cet épisode mal connu de l’histoire de France se déroule lorsque que Napoléon Ier, qui a renoncé à la maîtrise des mers après sa défaite à Trafalgar en 1805, se lance dans une politique de guerres et d'annexions en Europe, qui le conduit à envahir l’Espagne. La forte résistance espagnole, soutenue par les Anglais, rend difficile le ravitaillement des troupes françaises engagées notamment dans le siège de Gérone. Seule la voie maritime est accessible mais la flotte anglaise assure le blocus maritime de la Catalogne. Le 21 octobre, un convoi de vingt-et-un navires de commerce français escortés par cinq bâtiments militaires, tente de quitter discrètement Toulon mais il est repéré dès le lendemain. Le contre-amiral Baudin qui le commande tente une diversion en attirant l’escadre anglaise à sa poursuite pendant qu’il remonte avec les trois vaisseaux et les deux frégates vers la côte languedocienne, en espérant que les navires marchands pourront rallier Rosas. Une frégate échappe au désastre en se dirigeant vers Marseille. L’autre frégate et l’un des vaisseaux parviennent à s’abriter dans le port de Sète. Devant la menace d’être pris par les Anglais le contre-amiral Baudin décide de saborder les deux derniers vaisseaux. En effet la France et l’Angleterre se livrent également une guerre technologique en matière de construction navale militaire.
Les vestiges disloqués des deux bâtiments flottent et dérivent un moment avant de sombrer. C’est la raison pour laquelle ils sont dispersés sur plus d’un kilomètre face au rivage des Aresquiers. Les premières opérations archéologiques conduites par Fernand Robert et son équipe ont pour objectif de sauver du pillage ce qui n’a pas été récupéré par les autorités françaises au lendemain du sabordage. Ces actions sont abondamment relatées et les sources, selon leur nature, sont disponibles aussi bien au Service historique de la défense à Vincennes que dans les Archives départementales de l’Hérault. Plusieurs pièces d’artilleries restaurées sont mises en valeur, par la ville de Frontignan. Dès 1804, les équipages ont été dotés d’un uniforme. Les officiers mariniers, matelots, novices et mousses doivent porter veste et pantalon bleus, le bouton de corne timbré d’une ancre croisée de deux canons, un gilet rouge, un chapeau rond et une cravate noire. Des boutons d’uniforme du second régiment d’artillerie de marine, des boucles de chaussures et d’épaulettes, une magnifique plaque de shako (décor en bronze ou en cuivre qui était apposé sur la face avant du chapeau ou de la coiffe du soldat), de la vaisselle en étain rejoignent après restauration les collections du musée municipal de Frontignan. Le mobilier archéologique extrait de la mer, bois, métal, cuir gorgés d’eau et de sel, s’altère très vite s’il n’est pas restauré. Les restaurations dans des laboratoires professionnels sont financées aussi bien par la commune que par des membres de la SRASSMF, à titre privé.
À partir de 2010, Jonathan Letuppe, archéologue professionnel et spécialiste de la construction navale de cette époque, entreprend de fouiller et d’étudier les vestiges de ces deux vaisseaux et dans un premier temps d’identifier ceux qui appartiennent au Robuste construit à Toulon en 1806 et ceux qui relèvent du Lion construit à Rochefort en 1804. En effet, à cette époque une relative standardisation de la construction navale se met en place dans les arsenaux français mais les disparités entre arsenaux atlantiques et méditerranéens ne s’estompent pas d’un coup de baguette magique et surtout on observe longtemps encore des adaptations entre les normes et les pratiques des charpentiers de marine.
Images sous-marines diffusées avec l'accord de la photographe Chrystelle Chary.
Bibliographie
- Joël Chevreau, Alain Degage, « Le combat naval des Aresquiers, côte du Languedoc », 25 au 26 octobre 1809, Revue Historique des Armées, 1, 1985, pp. 30-36.
- Jonathan Letuppe, « Les épaves des vaisseaux Le Robuste et Le Lion », Archéothéma, janvier/février 2014, n°32, pp. 52-55.
Transcription
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