Le nouveau port de Palavas
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Résumé
À Palavas, rive droite, un nouveau port de plaisance est en chantier. Il est bâti sur la mer et non sur les étangs. La partie de plage ainsi perdue sera recréée de l’autre côté de la digue. L’ancienne station balnéaire familiale entend ainsi accéder au rang des nouvelles stations touristiques du littoral héraultais.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
28 déc. 1974
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
En 1974, le petit village de pêcheurs de Palavas-les-Flots est devenu grand et se pare du titre de station touristique affirmée et reconnue, la « Reine des plages » même, celles-ci s’allongeant sur quelque 7 km de Villeneuve-lès-Maguelone à Carnon. Entre mer et étangs, le Lez entretient l’idée de port avec ses quais des pêcheurs qui se font face, rive droite et rive gauche, contribuant à l’animation populaire de la cité. Moins de dix ans après le creusement du nouveau port de La Grande-Motte, alors qu’au Grau-du-Roi, qui présente la même configuration, la capitainerie de Port-Camargue est inaugurée, la municipalité dirigée par Jacques Giret (maire de 1953 à 1989) mesure combien sa station souffre de l’absence d’un port de plaisance à la hauteur des enjeux que celle-ci représente. Dans ce monde de marins-pêcheurs, plus de deux cents alors, qui défendent leur métier — un métier de liberté [1]
— et ses espaces — les quais, les étangs, l’entrée en mer, autant d’espaces identitaires — envisager un port de plaisance tient du pari. Intégrée à l’unité touristique, Palavas ne peut cependant manquer ce virage déterminant de la civilisation des loisirs et du temps libre. Elle se doit de compléter l’image de l’immobile sur le sable par celle du voyage et de la découverte en mer. Le projet d’un port de plaisance en mer prend corps après que l’idée de l’implanter sur les étangs ait été abandonnée.
Cette idée a-t-elle réellement existé tant les contraintes sont nombreuses et le lien à la mer compliqué ? Le grau du Lez canalisé servira d’ancrage au port avec le prolongement de 70 mètres du quai pour en protéger l’entrée et un tirant d’eau de 1,50 mètre. Mais surtout sera construite une jetée en mer de 780 mètres, lancée depuis la plage des Coquilles, sur la rive droite, avec des fonds de 4 mètres dans le bassin central portuaire. Selon les responsables qui justifient leur choix par des raisons techniques, quelque cinq cents navires de croisière pourront y trouver place. Ce programme est donc le meilleur, assurant accessibilité et protection : des vents, surtout le marin et le grec tempétueux venant de l’est, des courants et des apports de sable depuis l’Espiguette. Quant à la plage supprimée, environ 250 mètres, elle sera transplantée à l’identique côté Hôtel de Ville dans une configuration plus avantageuse. La plaisance, une référence indispensable pour tout aménagement touristique, trouve donc place à Palavas, en bout de ligne, en complément du canal des pêcheurs et de la petite plaisance, comme un débouché du cœur de ville, face au Casino.
La vie maritime s’articule aujourd’hui autour du complexe port en mer/port-canal, de la jetée jusqu’au carrefour des quatre canaux, une halte propice à la détente entre canal et étangs. Le premier offre quelque 1 300 anneaux à une plaisance surtout locale et populaire. Le second est structuré sur les quais, autour de la pêche, de la petite plaisance, de la location, des attraits nautiques, et, à l’amont sur le Lez, par le bassin de plaisance Paul Riquet qui dispose d’une capacité d’accueil de trois cent trente-trois bateaux sur pontons. Depuis 1994, le Préfet de l’Hérault ayant alors autorisé son extension (arrêté du 7 janvier), le port en mer a fait l’objet de nombreux travaux d’agrandissement et de modernisation de ses installations [2]. La même année, le Comité de liaison pour la vie des étangs montpelliérains porte l’affaire en justice, mais la requête est rejetée : la cour administrative d’appel de Bordeaux considérant avec raison que le port de Palavas-les-Flots constitue un ensemble portuaire unique comportant des installations affectées principalement à la plaisance et accessoirement à la pêche
. Le rejet par le Conseil d’État après appel sera publié en 2001 [3].
Les sports nautiques, longtemps limités aux joutes sur le canal, ont pris place dans l’environnement du port de plaisance. Dans la baie d’Aigues-Mortes, l’alliance des trois clubs : Cercle Nautique de Palavas, Yacht Club de La Grande-Motte et Société Nautique du Grau-du-Roi/Port-Camargue, donne une dimension nouvelle aux compétitions, du kayak de mer aux grandes voiles, avec le soutien de la Région Occitanie. En une trentaine d’années, le port de plaisance en mer a acquis une reconnaissance et une distinction qui le situent aujourd’hui au rang des « signatures » de l’espace urbain palavasien.
[1] Jean-Marie, pêcheur de Palavas, You Tube [en ligne] (Mise à jour 03/04/2014) : interview de Jean-Marie Benezech dit « La Cigogne »
[2] Notamment la capitainerie, programme 2022-2023
[3] Arrêt du Conseil d’État du 21 mars 2001 - « Comité de liaison pour la vie des étangs montpelliérains » N°197076
Bibliographie
- « Palavas, Port-Ariane, Port-Mariane. Rêves fluviaux à Montpellier-sur-le-Lez », Le Monde, 23 janvier 1990.
- Olivier Ducuing, « La ville de Palavas se dote d'un port en eau profonde », Les Echos, 21 févr. 1994.
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